Un an après une première expo, Mathieu Ezan nous a recontacté pour donner de ses nouvelles, l'occasion de faire non seulement une mise au point mais aussi un gros plan sur son travail...
The Dillinger Escape Plan
Il y a un peu plus d'an, tu exposais sur le W-Fenec, tu en es où aujourd'hui ?
Et bien les choses ont bien avancé puisque je suis devenu photographe freelance à plein temps et que j'exporte de plus en plus mon travail. J'ai actuellement des projets à l'étranger notamment à New York où quelqu'un s'occupe de faire ma promo là-bas, j'ai espoir d'y concrétiser plus de projets et y lancer quelques expos prochainement si tout se passe bien ! Également quelques groupes qui commencent à porter intérêt au travail que j'ai fait durant leurs différentes venues en France.
Qu'est-ce qui fait ta réussite ? Quelle part ont le talent, l'obstination, la chance dans tout ça ?
C'est surtout une grande part d'obstination car c'est loin d'être un milieu propice à la réussite professionnelle, on reçoit plus souvent des bâtons dans les roues que des ponts d'or ! Mais je fais avant tout cela comme un passionné d'image et de musique. Je ne sais pas si la chance a beaucoup à voir là dedans, quand j'ai commencé la photo il y a de cela deux ans je ne connaissais personne dans le milieu, je n'avais jamais touché un reflex et personne ne m'a jamais appris à m'en servir, ça a donc été de longs mois d'expérimentations et de persévérance à écumer les petites salles pour arriver à un résultat dont j'étais dans un premier temps moi-même satisfait. Le défi était ensuite de le diffuser et qu'il soit apprécier afin de le faire à une plus grande échelle.
A choisir, tu shootes plutôt des groupes de métal, outre l'intérêt musical, qu'est-ce qui te branche dans ces concerts ?
Ça vient surtout de ce que dégagent les personnes, il y a souvent une énergie et des expressions que l'on trouve plus rarement dans d'autres styles. J'aime la sincérité qui se dégage avec le coté énervé de cette musique et c'est ce que j'aime capter dans ce genre de concerts. Même si je suis un fan de musique au sens le plus large du terme, il est beaucoup plus difficile de faire ressortir quelque chose dans un concert plus calme où l'ont va plus jouer sur l'émotion perçue, ce qui au fond est loin d'être inintéressant !
Tu préfères shooter un concert de Dillinger avec des zicos qui sautent dans tous les sens ou un Lofofora où les mecs restent un peu plus à leurs places ?
À vrai dire tout dépend des conditions ! Si les lumières s'y prêtent bien je préfère un groupe très mouvementé où les clichés seront plus variés et cela permet d'avoir des images un peu plus insolites et originales. En revanche quand les conditions de lumières ne sont pas au rendez-vous, comme c'est souvent le cas avec Dillinger : peu de couleurs et éclairage au stroboscope fréquent, cela devient un vrai défi d'obtenir quelque chose. Un groupe comme Meshuggah en revanche est un vrai bonheur à photographier, ils ne courent pas d'un bout à l'autre de la scène mais ont des poses vraiment intéressantes à capter.
Tu fais désormais aussi pas mal de photos "posées", c'est facile d'obéir aux désirs des groupes ? Tu arrives à imposer tes idées ?
Ce n'est pas toujours évident, peu de gens sont vraiment à l'aise pour poser mais une fois qu'ils ont compris qu'il suffit de rester soi-même cela se fait naturellement sachant que je ne suis pas du genre à prendre des heures pour une seule image, même dans ce genre de prises de vue je privilégie le spontané. Une fois le lieu trouvé, l'idée sur la composition de la photo vient assez rapidement et j'essaye de faire en sorte de mêler mes idées à celles du groupe que j'incite à me faire part de ses propositions.
Tu t'éclates autant à faire des travaux sur la danse ou dans d'autres domaines ?
À vrai dire oui, je suis toujours heureux un appareil à la main. On me propose parfois des choses qui ne sont pas dans mes habitudes mais je refuse rarement, cela permet en plus de sensibiliser des personnes à mon travail qui n'avaient jamais entendu parler de moi par le biais de ce que je peux faire dans le domaine musical et je ne peux pas vraiment me permettre de faire le difficile.
Meshuggah
Tu joues beaucoup avec les lumières, tu sembles être partisan du travail sur l'ordinateur pour les contrastes, tu passes beaucoup de temps à "corriger" ces photos ?
J'aime l'idée d'apporter une touche personnelle et assez récurrente dans mes photos. Je suis moi-même rarement attiré par les clichés trop bruts et communs, j'aime que ceux-ci ai un vrai parti pris et une personnalité. Disons que la forme peut sublimer le fond et vice versa. Mais je ne passe pas des heures sur mes traitements, j'essaye juste d'y apporter ce qui y manque à mes yeux et ce que moi j'ai envie d'y voir aussi bien pour les couleurs que les noirs et blancs. Je fais ça avec un certain automatisme, ce qui fait que cela ne me prend pas énormément de temps au final et je préfère voir deux ou trois photos fortes d'un seul concert qu'une trentaine où l'attention se perd un peu et où on tourne vite en rond.
Quel matériel utilises-tu ?
Exclusivement des objectifs "grand angle" comme le Nikon 14-24 f2.8 qui me sert 80% du temps et exceptionnellement un fish eye 16mm. J'aime la proximité et le dynamisme que cela créée. Certains bouderont la déformation que cela engendre, moi au contraire j'aime en tirer profit !
A contrario je n'aime pas du tout les téléobjectifs que je trouve trop imposants, qui créent une distance avec le sujet et ont tendance à cadrer trop serré, je leur préfère les focales fixes qui jouissent en plus de leur coté très compact d'une plus grande ouverture, un sacré avantage question lumière et profondeur de champ. Je suis donc assez fan du 50mm f1.4 que j'utilise quand le grand angle atteint ses limites mais qui permet tout de même de jouer avec les éclairages et le décor.
Et donc tout cela vient s'emboiter sur un Nikon D700, qui bénéficie de très bonnes performances en basses lumières et dont j'apprécie énormément le rendu image qui se prête parfaitement à ma façon de traiter mes photos.
Quelles relations entretiens-tu avec tes collègues photographes ? C'est plus un climat d'émulation ou de concurrence ?
En dehors des événements qui nous réunissent, j'ai très peu de contact avec d'autres photographes n'étant pas vraiment familiarisé avec le milieu en tant que nouveau venu mais lorsque l'occasion se présente c'est souvent une bonne ambiance qui nous attend et je suis souvent curieux de voir ce qu'ils produisent.
Je fréquente plus facilement les musiciens avec qui je partage beaucoup de choses en en étant moi même un à la base.
Enfin, tu es assez présent sur internet (site officiel, Facebook, MySpace, Flickr...), c'est indispensable pour se faire connaître ? Ce n'est pas trop chronophage ?
Pas vraiment, je vois chacun de ces éléments comme complémentaires et d'une utilité différente. Flickr à l'avantage de proposer une qualité d'image bien supérieure, d'être principalement fréquenté par d'autres photographes et d'avoir une gestion assez simple et complète, Facebook est un très bon moyen de diffuser largement, de contacter et être contacté par d'autres gens alors que mon site est plus une galerie qui résume avec une présentation plus personnelle l'ensemble de mon travail. Je fais en sorte que les trois soit reliés et aient leur utilité sans que l'un ne prenne le pas sur l'autre.
Quant à Myspace cela était encore utile il y a un an pour qui n'avait pas la possibilité d'avoir un site perso mais aujourd'hui il est peu à peu déserté aussi bien par les visiteurs que par ceux y possèdent un compte, je n'y vais moi même que rarement depuis quelque temps...
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Merci à Mathieu pour sa disponibilité et le temps qu'il nous a accordé ! Bonne visite sur ses sites...