The Eternal Youth
7 mars 2020
Dernier vrai concert, le Rack'Am Brétigny sur Orge pour aller voir Darcy. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, une petite présentation s'impose. Alors qu'avec leurs premiers EP et LP, les désormais punks bretons naviguaient dans un rock qui est peu représenté dans les pages de W-Fenec comme dans les pages de mes webzines. Mais ils ont mis les doigts dans la prise pour leur dernier EP Fangio en décidant de reprendre leurs titres en les compactant tel César pour n'en garder que l'essentiel. Ainsi, les chansons perdent leurs fioritures pour diminuer quasiment de moitié dans leur durée, le tout dans un punk engagé. L'affiche est complétée par ceux qu'il n'est plus besoin de présenter L'Opium du Peuple.

Avant la fin du monde, il y avait donc des gens qui assistaient à des concerts et qui plus est, debout. Avant l'apocalypse, les gens transpiraient et faisaient même ce que les archéologues appellent des pogos. Les gens comme moi au premier rang avec leurs appareils photos devaient donc se frayer un chemin pour faire des "live reports" (à ne pas confondre avec les reports de dates actuels) convenables photos à l'appui. Avant d'être déclassés dans la catégorie "non essentiel", nous n'échappions jamais à la fan qui nous disait toujours avec un état d'ébriété plus ou moins avancé "Non ! c'est ma place je ne bouge pas je m'en fous de tes photos", là où celui qui s'avèrera être le plus gros pogotteur de la soirée, nous dira en tenant sa bière tel un Simon Jérémi dans la cité de la peur, "si c'est pour les photos, passe devant je te couvre" en joignant une révérence à la parole.

Bref ce soir, je suis en famille avec Darcy et nous arrivons avec l'ami Uncle Z, photographe lui aussi, et Lionel plus tôt (plus qu'un "name dropping" à la Vincent Delerm, n'oublions pas que les concerts étaient avant tout le moyen de retrouver des amis et de partager du bon temps pour s'évader du quotidien), l'occasion de rentrer avant l'ouverture des portes, de faire la bise (hérésie en cette fin d'année 2020 et qui plus est en 2021 même avec un passeport vaccinal en poche) au groupe et de rencontrer enfin Laurent Franzi, grand photographe qui suit Darcy et No One Is Innocent dans leurs tournées et grande influence en termes de photographie de concerts.

Le concert commence avec une salle qui se remplit pendant que le groupe local déroule sa setlist. Rendons-lui ici hommage en le nommant Stupid qui a fait le taf en chauffant la salle. Darcy doit ce soir nous livrer les nouveaux titres fraichement composés et destinés à son second LP. Les Darcy ne déçoivent pas avec des "chez nous, en Bretagne, il est déjà Pogo et quart" quand la salle met un peu de trop de temps à se chauffer à leur goût. Ce dernier vrai concert "convivial" fait également la part belle aux featurings Vanessa de The Mercenaries et Slobodan de L'Opium du Peuple viendront, qui chanter une reprise de "La bière" des Garçons Bouchers, qui pousser la chansonnette sur "La marine" qui comme son nom l'indique n'incite pas aux câlins envers la responsable du RN (il y a des distanciations sociales qui existaient même avant la Covid... que celles-là perdurent pour préserver le vivre ensemble).

L'Opium du Peuple arrive sur scène et fait sauter tous les verrous que j'avais à leur égard. Ils sont bons dans leurs reprises, bons techniquement et surtout leur nouveau guitariste me rappelle étrangement l'ex-chanteur des Uncommonmenfrommars et désormais Not Scientists. Ed est de la partie et tout le groupe, avec les Opiumettes, déroule un show grandiose, haranguant le public, à moitié à poil, le public est torse nu et cela suinte et cela vit.

Le dernier morceau que j'aurai entendu live avec du public n'est autre que la "Rock collection" emprunté à Voulzy mais avec du Ramones, Parabellum ou Motörhead dedans. Bref "un truc qui me colle au coeur encore et encore". Cette rock collection devient un vrai bordel quand les Darcy se joignent à la troupe avec Dedo des Princesses Leya.

Repartir dans la nuit après avoir papoté avec le groupe, l'équipe de la salle et se dire à la prochaine, avec la fameuse question au groupe : "vous rejouez quand dans le coin ?" et aux amis "c'est quoi le prochain ? je paie ma tournée". La vie d'avant. la vie tout court, alors que rien n'est encore sûr pour la vie d'après... et actualisation 2021 le délégué général du parti au pouvoir nous dit que le confinement est là "pour contrer l'effet apéro". Je pense que le gouvernement nous prend pour des mômes de trois ans.

Opium du Peuple Opium du Peuple 13 juin 2020
S'en est suivi 3 mois de disette. et un premier confinement qui m'a permis d'interviewer Tomoï et JyBe des Burning Heads ainsi que l'intégralité des chanteurs de leur superbe album de reprises Under their influences (je suis peut être là pour faire aussi de l'auto promo mais je renvoie aussi les lecteurs au superbe article de dix pages de W-Fenec dans le numéro précédent - car oui, il n'y a pas de concurrence dans les zines rock, il y a surtout la volonté de prendre du plaisir, d'échanger et de se retrouver en concert).

Les échanges ayant été fructueux avec Fra désormais leader des têtes brulées, il était temps de rattraper mon retard dans la discographie de son précédent groupe Ravi mais surtout de prendre un peu d'avance en l'interviewant pour le deuxième et superbe album de The Eternal Youth. C'est donc à Caen au BBC Big Band Café que je retrouve The Eternal Youth pour ce qui devait être une release party avec de vrais gens et qui se retrouve être une captation sans public, avec quasiment plus de personnes sur scène et en backline que dans la salle. Je découvre une superbe salle, un accueil parfait et c'est parti pour cette release party. Et les protagonistes des concerts habituels cités plus haut - tant la fan que le pogotteur me manquent à ce moment-là où plutôt au moment où les dernières notes du premier morceau s'arrêtent. Dois-je être le seul à applaudir ? Dans le doute je m'abstiens et les notes de "Back to 1985" partent dans une salle vide qui ne renvoie que l'écho au groupe. Le malaise est le même sur scène car la musique live est avant tout du partage et de l'échange. Pas de retour sur la qualité de la prestation, le pogoteur et le fan indéboulonnable de l'enceinte de retour au pied du chanteur leur manque aussi. Ce show est excellent car ce groupe a produit un LP de qualité et fait de même sur scène. Je crois néanmoins que le groupe aurait presque préféré des sifflets et une pinte envoyée par un pogotteur ivre car "le silence qui règne est plus assourdissant" .

S'en est suivie la nouvelle photo de profil de Fra sur les réseaux sociaux, issu du jeu pris par mes soins lors de ce show. Dès le lendemain, j'étais "fier comme un bar-tabac" mais plus j'échange avec Fra, plus je me dis que si les concerts avaient repris, sa photo aurait changé et lorsque je la vois je suis emprunt d'un sentiment mitigé et je me dis "vivement que Fra change sa photo de profil" car cela sera synonyme de reprise des concerts.

Set-list Darcy :
Cuidado cuidado / Notre hymne / Rediaboliser / Machine de guerre / Viens chercher pogo / L'étincelle au brasier / La bière feat. Vanessa (The Mercenaries) / Ici c'est Paris / Armageddon / Solution / Bile jaune (arc en ciel) / La marine feat. Slobodan (L'Opium du Peuple) / Fangio

Set-list L'Opium du Peuple :
Que je t'aime / Capitaine abandonné / Laisse tomber les filles / Le lion (macron) est mort ce soir / Osez Joséphine / L'eau à la bouche / Fais-moi mal, Johnny / Voyage voyage / L'international / Comme une vierge (like a Virgin) / Car J'suis défoncé (Cause I got high) / Mexico / L'Aigle noir / Eye of the tiger / Marche à l'ombre / Les corons /
Evil punk rock collection : Metallica / Beruriers Noirs / Motorhead /Les Sheriff / Ac/Dc / Parabellum / Slayer

Set-list The Eternal Youth :
Bury you all / Back to 1985 / Botox party / A new beginning / Watch your back / I can't escape myself / Voices from the underground / Sing along / Turning the light off / The worst road to take / Hornets attack