Le géranium évoque l'amour et la passion, le bouquet de titres offert par Équipe De Foot serait donc une déclaration d'amour ? Ou une invitation à quitter un monde grisâtre qui part en lambeaux pour se réfugier dans un ailleurs plus coloré ? Que l'on suive le titre de l'album ou son artwork, on a deux interprétations possibles et les deux peuvent coexister.
Le duo footraque réussit à faire cohabiter les sonorités les plus translucides avec les distorsions les plus sauvages comme sur "SLVOTE" où le mélange clarté-grain est particulièrement savoureux, ou sur "Cosy nothing, moving coffin" dans lequel après avoir applaudi un morceau à la flute, on assiste à une explosion super Sonic Youthienne. Le combo amalgame pop ("15 octobre", "Drunk at best") et rock ("Think, blink, breathe, blink, speak, blink, breathe"), ajoute d'autres éléments comme ces quelques touches psychédéliques sur "Melancholy eyes", un titre qui aurait pu naître à la fin des sixties (et qui pourrait presque figurer au tracklisting de The piper at the gates of dawn de Pink Floyd). Que ce soit avec les sons les plus purs (la guitare sèche de "Love, beers, and a queen size bed") ou les plus saturés ("A silly seal, asleep, rolling down a hill"), Équipe De Foot sait jouer avec tout son éventail technique sans oublier le principal : l'accroche. Et quelles que soient la puissance ou la douceur déployées, ça nous chope toujours droit au cœur et nous hérisse les poils. Ajoute à tout cela une forme de nonchalance ou un air de "rien à foutre" à la Oasis ("Quatre-vingt-quatorze", "Geranium") et tu as ta dizaine de morceaux, disparates, noisy, garage, électriques, surprenants mais toujours réussis.
Ce Geranium est d'autant plus beau qu'ils ne sont que deux à l'avoir fait pousser, se faire passer pour un groupe alors qu'on n'est qu'un duo guitare/batterie, c'est un bel exploit, bon nombre de bandes qui se mettent à quatre ou cinq pour ne pas arriver à ce niveau devraient en prendre de la graine...
Publié dans le Mag #52