L'Envoûtante Espoir féroce C'est un collectif de poésie expérimentale qui permet à Bruno Viougeas et Sébastien Tillous de se rencontrer. Tout en aiguisant le verbe, ils se découvrent une passion commune pour le hip hop. Après une formation prototype, leur duo donne vie à L'Envoûtante en 2014. Rapidement, ce nouveau projet prend du concret avec la sortie de deux EP. La machine est lancée et elle est brûlante. Ce travail leur permet d'enchaîner avec plusieurs belles premières parties. Ils se retrouvent alors dans le giron de l'électro pop de Deluxe. Dans un monde plus noir, ils introduisent Condor Live. Un poème écrit par Caryl Ferey et mis en musique par Bertrand Cantat (ex-Noir Désir), Marc Sens (ex-Zone Libre) et Manusound. En 2019, L'Envoûtante sort un LP éponyme. Les critiques rapprochent déjà l'œuvre de l'époque où Casey et Hamé avaient intégré Zone Libre. Deux plus tard, le duo revient avec un second opus : Espoir féroce.

Dans cet album, l'univers musical s'impose dès les premiers instants d'écoute. Les sons hypnotiques tournent en boucle, les grincements surgissent comme des cris. La batterie de Sébastien tient la baraque dans le chaos. Chaque coup semble être le fil rouge dans le noir. Pour autant, cela conserve une agressivité sans équivoque. Les textes révèlent une grande sensibilité au monde qui nous entoure. Ils sont particulièrement travaillés tant dans le forme que dans le fond. Ainsi, les mots accrochent et critiquent avec habileté la société de consommation ("Désirs bourgeois"), les valeurs liées à l'Humanité ("Espoir féroce"), l'engament du citoyen ("Dans ton festif"), le libéralisme ("Périphérie fait pas rire"). Le duo rend aussi hommage aux aînés qui ont influencé leur musique. Sans que cela soit une liste exhaustive : Bob Marley, Beastie Boys, Public Enemy, Renaud, Casey, Hamé, La Canaille, Zack de la Rocha (Rage Against The Machine).

Dans Espoir féroce, L'Envoûtante est à fleur de peau. La bête sauvage qui se tapit dans tous les coins de cette musique se calme à l'approche "Périphérie fait pas rire" ou encore de "Recréer le lien". A contrario, le souffle de "Demain, j'arrête" monte aussi fort qu'il s'arrête. Quoi qu'il en soit, la densité comme l'intensité est toujours au rendez-vous. Il y a ici quelque chose de rare qui mérite largement de passer de l'ombre à la lumière.