Mercredi, Lille, 17h30, il fait beau, les rayons de la Fnac sont envahis de métalleux venus pour voir System Of A Down, à quelques mètres de là au "forum", eNola va jouer en live son premier album. PopRock, le combo va encore plus adoucir les angles en proposant un set acoustique sans Olivier (l'autre guitariste). La petite salle (80 personnes ?) est remplie, le son est très clair, très bon, chaque note trouve sa place pour le bonheur de tous, même celui des eNola dont les titres sont plutôt tristes, ce qui contraste avec la sympathie et la joie du groupe qui plaisante entre les titres et établit un bon contact avec le public. Même assis, les parisiens jouent les titres "Plaire" et "Dunes" de manière très rock, le son percuttant de la batterie n'y est pas pour rien. Une petite reprise de Talk Talk ("Such a shame") et l'heure est déjà passée, beaucoup trop vite à mon goût...
Virer par la fnac qui ferme, eNola se trouve une nouvelle place de parking (merci Leen !) et on entâme là l'interview de Jan et Renaud...
enola live
Il y a eu l'expérience Prorata Temporis, il y a eu le maxi 4 titres, maintenant il y a l'album, ça fait quoi d'y être ?
Jan : Ca fait pas mal de temps qu'on joue dans des groupes mais eNola ça existe depuis deux ans et avant, on n'était pas à courir après une signature, dans les différentes formations où on était on a toujours plus ou moins fait ça pour le fun sans que ça devienne un métier. Quand on a formé eNola, deux ans aprés l'album est sorti, on peut dire que ça a été relativement vite.
Renaud : Il ne faut pas se méprendre, eNola n'est pas une extension de Prorata, Prorata s'est arrêté et il n'y a que deux personnes qui sont dans eNola qui étaient dans Prorata dont Jan. Ca n'a rien à voir au niveau artistique, ce n'est pas une extension.
J : C'était formateur au niveau de la scène et du studio, quand tu rentres en studio ensuite tu ne fais pas les mêmes bétises, il n'y a vait que Olivier et moi qui étions dans Prorata, les autres venaient d'autres groupes. On a créé un nouveau répertoire donc il y avait aussi un côté "on repart à zéro", c'est un peu dur mais en même temps c'est excitant. On arrête et on repart avec des nouveaux objectifs, on a sorti Figure 1, après on a signé avec Jaff, on a enregistré et on a sorti l'album, en deux ans tout était fait. Ca a été vite et on est les premiers surpris.
Maintenant, place à la tournée...
R : Là, il y a une première salve avec surtout des show-case Fnac pour commencer à faire parler de nous en province parce qu'on a surtout joué en région parisienne et ça a porté ses fruits puisqu'il y a énormément de média, de producteurs et compagnie qui sont là-bas, c'est pas un secret. Mais pour se faire connâitre auprés du public, l'Ile-de-France c'est bien joli mais ce n'est pas la France et on va aller jouer partout, là il y a une quinzaine de show-cases et quelques dates qui se sont greffées là-dessus et il y aura une vraie tournée en octobre.
Figure.1 puis Figurines avec le même design, les mêmes couleurs mais les deux titres en anglais ont disparu alors que c'était 50% de Figure.1, c'est un choix ou une évolution ?
R : C'est un choix, il ne faut pas penser que c'est la maison de disques qui nous a imposé ça. Jan va répondre mais c'est une évolution, c'est plus facile pour les textes de s'exprimer dans sa langue maternelle.
J : C'était une orientation qui était faite avant la signature avec quelque label que ce soit. On était influencé par des groupes anglo-saxons en majorité et on avait tendance à faire des choses qui peuvent ressembler à ce qu'on écoute, ensuite, il y a un processus d'affinement pour chercher son identité. Nous, c'est passé par le chant en français pour à la fois se démarquer du chant anglo-saxon et aussi pour faire une musique qui sonne pop anglaise ou rock indé avec des textes en français en gardant un côté mélodique anglo-saxon, c'était la gageure du truc.
Donc c'était naturel et en même temps voulu
J : Ouais, il y a les deux en fait...
Les sources d'inspiration viennent d'où ? Cet album est assez triste, assez mélancolique
R : Parce qu'on a un peu déprimé (rires)
Mais vous n'avez pas l'air triste !
J : C'est la musique qu'on aime, c'est assez calme, assez posé, assez atmosphérique, dans les harmonies, c'est pareil il y a des choses assez binaires... Il y a tout un climat qui s'instaure et on aime jouer avec ces couleurs-là. Mais c'est pas pour autant qu'on veut déprimer les gens ou qu'on l'est. Nous on cherche plus une certaine beauté qu'une certaine mélancolie dans les morceaux, après les gens nous disent "c'est un peu triste", nous on trouve ça surtout beau ... sans prétention, c'est juste une image !
Thomas de Mister Jack est invité sur un titre, c'est un peu surprenant...
R : On a joué avec eux et c'est des gens avec qui le contact est super bien passé, ils sont vraiment très très sympathiques. Sur l'album on avait l'idée de faire un duo, on voulait faire quelque chose de différent, de se faire plaisir tout simplement et on a demandé à Thomas d'essayer sur ce morceau là, on a trouvé que ça collait parfaitement et on l'a gardé. On en est très content. Et on va le faire le 8 juin en live, on joue avec Mister Jack prés du Havre, on va rigoler.
Il y a beaucoup d'orchestration et en live, vous ne pouvez pas jouer avec un orchestre à corde, il y a beaucoup de réarrangements ?
J : Non, on joue nos parties sans les changer. Sur l'album ou en live, c'est pareil.
Et pour les concerts életro-acoustiques, vous les avez retravailler en plus calme...
J : Voilà, c'est plus adapté aux petits auditorium voire à pas d'auditorium du tout, des fois on joue dans les rayons ! On joue de façon beaucoup plus intimiste, ça offre une nouvelle facette du morceau. Et le rendu est bien, même les tites les plus rock, on pensait que ça n'allait pas forcément rendre avec les guitares sèches mais en fait, ça passe bien, notamment "Le flaire", et puis c'est un autre contact avec le public, on se fait plaisir.
Et jouer devant des gens assis ?
J : Ca ne me dérange pas du tout, on s'asseoit aussi !
R : Ce qui est le plus perturbant pour moi, ce sont les lumières, il y a beaucoup de lumière et c'est un peu génant.
J : Le répertoire actuel en acoustique ne se prête pas non plus à ce que les gens sautent partout, qu'ils soient assis, c'est pas plus mal.
enola live
Est-ce qu'il y a des liens entre les groupes pop-rock en France, j'ai l'impression que ça tourne un peu en circuit fermé...
J : C'est ce qu'on disait tout à l'heure dans une autre interview, en France, il n'y a pas de vrai scène pop.
Si, il y a plein de groupes comme Scapin, Noisy Fate...
J : Oui, mais il n'y a pas de collectif comme dans le néo-métal. Je ne sais pas si ce genre de musique se prête à ça...
Sans aller jusq'au collectif, il pourrait y avoir des affinités avec d'autres groupes puisqu'il y a du monde sur la scène
R : C'est des questions de business, de tourneur... On a joué il n'y a pas longtemps avec Dolly, ça s'est super bien passé mais c'est plus de l'ordre du hasard, ce n'est pas voulu de jouer avec Dolly. Et les maisons de disques imposent souvent des premières parties, pareil pour les programmateurs, tu ne peux pas trop choisir, tu peux difficilement choisir avec qui tu vas jouer à moins de t'appeller Radiohead... et auquel cas tu ne fais plus parti de la scène pop française ! (rires)
J : Il y a un souci aussi de ne pas perdre son identité en intégrant un réseau qui soit étouffant, il y a des liens qui se tissent, on se connaît, on s'apprécie mais ce n'est pas pour autant qu'on joue tout le temps ensemble. Il y a quand même des projets qui se montent, notamment pour les élections, on a vu Yann Tiersen monter un truc avec Dominique A, Noir Désir, Thomas Fersen... Il y a des choses qui se font mais peut-être pas autant que dans le néo-métal.
R : C'est aussi une question de notoriété, c'est plus facile de souder les gens quand tu t'appelles Noir Désir que quand tu t'appelles eNola...
Faire des forums Fnac, c'est pas vraiment rentable...
R : Nan
J : Mais on n'a pas fait de la musique pour que ce soit rentable ! Et au niveau des rencontres, c'est rentable, oui. C'est vraiment très bien, on se fait plaisir en jouant, on rencontre des gens à chaque fois. On n'est pas là pour le côté business, pour vendre des disques, il n'y a pas de deal avec la fnac, rien du tout. Eux acceptent qu'on vienne jouer, ça leur fait une animation, ça fait vivre leur magasin parce que ça ne reste qu'un magasin qui vend soit disant de la culture qui n'est pas qu'un objet de consommation, c'est aussi quelque chose de vivant. Ils sont forcés pour garder une pseudo étiquette culturelle de faire ça, nous on y va pour faire des rencontres, on joue pour des gens et ça se passe très bien.
Pour les projets, à court terme c'est la fin de cette tournée, à moyen terme c'est la tournée de novembre et à plus long terme ?
J : C'est un deuxième album.
Il est déjà dans les têtes ?
J : Oui, oui. On a plein d'idées dans nos tiroirs, on va commencer à agencer ça cet été, après il y a la tournée donc on va interrompre le truc, on reprendra après. Mais on y pense déjà, ça a tellement été un plaisir de travailler en studio. On avait un peu d'appréhension pour l'album, beaucoup de pression pas beaucoup de temps, souvent les musiciens entrent en studio et c'est un peu la panique et nous, ça c'est tellement bien passé qu'on a qu'une envie, c'est de remettre ça. Et comem on aime aussi jouer en live, on fait un peu de compos, un peu de studio, un peu de live, un peu de compos...
Voilà, ce sera tout pour le moment, les eNola avaient encore une interwiew (pour Mad-Day) ensuite et moi je devais me rendre au concert de SoaD...
merci eNola, merci Ben, merci JAFF, merci la Fnac
Photos©Oli (Fnac, Lille, 22.04.02)