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Biographie > le moteur est mort

Un rock émotionnel mélodique hérité des groupes phares des années 90 (Radiohead et Fugazi en tête), le style d'Engine Down s'inscrit dans un mouvement perpétuel entièrement tourné vers l'intensité de la mélodie et les émotions qu'elle dessine en filigrane. Le groupe s'est à la base formé en 1996 après le split d'une formation américaine baptisée Sleepytime Trio, où l'actuel guitariste (Jonathan) officiait en temps que batteur pendant que le bassiste (Jason) n'y était "que" roadie. Quant au chanteur (Keeley), il était alors le bassiste de Bughummer avant de devenir guitariste puis chanteur d'Engine Down. Ajoutez à cela un certain Cornbread derrière les fûts et vous obtenez le line-up du groupe.
Une fois réunis, les quatre membres du groupe s'attèlent à l'écriture d'un premier effort, une démo éponyme sortie en 1997 chez Lovitt Records, puis d'un split CD avec le groupe Twelve Hour Turn débarqué dans les bacs l'année suivante chez Brave Records. Toujours en 1998, Engine Down sort un premier EP 8 titres intitulé Under the pretense of present rense de nouveau chez Lovitt Records (label qui sortira tous les albums suivants du groupe).
Premier LP du quartet, To bury within the sound sort en 2000, il est suivi d'un EP (A sign of breath, 2001) puis de deux albums, le premier intitulé Demure (2001), le second éponyme.

Engine Down / Chronique LP > Engine Down

engine down Lorsque Engine Down quitte son label "historique" Lovitt Records (ils avaient sortis toutes leurs disques chez eux), on se disait que ça ne pourrait pas être forcément un mal pour le groupe de repartir de zéro en vue d'un nouvel album. Non pas que Demure, leur précédent opus ait été décevant, bien au contraire, mais si le groupe voulait se remettre en question et explorer de nouveaux horizons, il fallait peut-être en passer par là.
Signant chez Lookout en 2003, un label plutôt orienté punk-rock qu'émo-pop (voilà pour les étiquettes...), Engine Down s'attèle alors à l'écriture d'un album éponyme qui sort en 2004, précédé d'un single ("Cover") ultra calibré et fort décevant. D'autant plus inquiétant que ce nouvel album avait déjà la tâche, assez délicate il faut le reconnaître, de succéder à l'excellent Demure. Nouvelle merveille émo-pop rock ou déception à la hauteur des espérances qu'avait suscité le groupe avec ses premiers efforts ?
Avec "Rogue" et And done", les deux premiers titres de cet album éponyme, Engine Down joue habilement avec les riffs de gratte, les rythmiques qui balancent et les mélodies simples mais efficaces. Pas du grand Engine Down, mais une entrée en matière sympathique et toujours agréable à écouter. A confirmer. Sauf que la suite, est loin d'être à la hauteur de ce que l'on aurait pu attendre du groupe. "Control group" est somme toutes très quelconque, on a l'impression d'avoir entendu "Cover" chez des dizaines de combo surfant sur la vague du rock émotionnel à tendance pop ; et "In turn" est d'une mélancolie qui frise un peu trop la mièvrerie. Poussif et (trop) rapidement ennuyeux...
Non pas que ce soit vraiment raté, mais là où Demure nous avait impressionné par son inventivité et son intensité mélodique, Engine Down nous offre quelques morceaux sans âme et sacrifiés sur l'autel du « facile d'accès, facile à vendre ». On en est à la moitié de l'album est on craint alors que le groupe soit complètement passé à côté de son sujet.
Sauf que des morceaux tels que "Long time" puis "101" et "The walk in" rattrapent les errements des titres précités. Mélodies plus travaillées, riffs un peu plus inspirés, le tout pour un rendu moins lisse qu'un "Standby" par exemple, Engine Down parvient à corriger le tir et rend un album qui nous laisse un peu sur notre faim. On se dit que le groupe devra faire mieux avec son prochain opus. Mais un an après la sortie de cet album éponyme, Engine Down annonce sa séparation. Dommage...

Engine Down / Chronique LP > Demure

engine down : demure Après plusieurs efforts (EP, Split CD et LP) convaincants, Engine Down revient sur le devant de la scène en 2002 avec Demure. Un disque s'annonçant un peu comme celui de la maturité pour un groupe qui fait alors figure de fer de lance de la scène émo-rock américaine. Lorsque les premières notes de "Songbird" se font entendre, ce sont deux années d'absence discographique qui s'effacent pour Engine Down, mais le résultat est sans équivoque : la musique du groupe est plus aboutie, plus raffinée et à fleur de peau qu'auparavant.
"Pantomine" et sa rythmique à contre-temps, puis le sublime "Far from now" qui peut par moments faire penser à la musique de Dredg, le confirment, Engine Down recherche encore et encore l'intensité émotionnelle... et force est de constater que le groupe la trouve magnifiquement bien. Entre mélancolie pop et envolées rock, "Detour", "Taken in", puis le titre éponyme de l'album trouvent parfaitement leur place dans ce puzzle mélodique au sein duquel, les dix morceaux que recèle ce disque, s'enchevêtrent à la perfection.
Déchirant, d'une intensité mélodique émotionnelle rare tant elle en devient presque palpable, "Overrated" est sans doute le chef d'œuvre de Demure, voire du groupe. Que ce soit avec "Second of february" ou "Relief sketch", dernier titre de cet album, Engine Down parvient à se renouveler sans cesse, ne manquant jamais de nous bercer d'une mélancolie douce et nébuleuse. Encore une fois, l'ombre de Dredg et, par moments, l'influence d'un Radiohead planent sur l'œuvre d'Engine Down, mais le quartet parvient pourtant à trouver une identité propre à travers un genre pourtant largement balisé.
Entre-temps, l'auditeur aura sans doute été touché par la grâce de la voix de Maura Davis, la chanteuse de Denali venue en guest le temps d'un duo avec Keeley sur "Closed call". Un morceau plus feutré, tout en retenu où l'instrumental, épuré, met en valeur les talents exceptionnels de vocalistes des deux chanteurs réunis sur ce titre.
Le temps des dix morceaux de ce Demure, Engine Down nous offre une vague de titres inspirés et ciselés avec beaucoup de matûrité, le tout pour un peu plus de 43 minutes d'un singulier mélange pop/ rock mélodique et mélancolique. Classe.