Elysian Fields #2 Elysian Fields #2 En ce frais samedi d'automne, votre serviteur et sa moitié se rendent à Rognes, petit village situé entre Aix-en-Provence et la Roque d'Anthéron (connue mondialement pour son festival international de piano) à quelques kilomètres donc de la lisière du Luberon. La raison ? Le duo Elysian Fields est en concert ce soir dans cette commune de seulement 4500 âmes (dont la moitié dans la salle... rires). Dit comme ça, cela peut surprendre et pourtant, il y a ici une petite salle de concert, l'Espace Doun, plutôt sympathique et accueillant au demeurant et connu des amateurs de musique indie "de qualité" (Nosfell, Narrow Terrence, Mansfield.Tya et Shannon Wright ont notamment posé leurs instruments et voix en ces lieux).
En guise de première partie, c'est la découverte du jour, Boy & the Echo Choir qui est chargé d'ouvrir la soirée. Le trio est entouré d'instruments (piano, guitare, accordéon, percussions, metallophone...) et va s'en servir au gréé de ses compositions, inspirées et serties de petites finesses, faite de mélodies scintillantes, d'élégance pop-folk intimiste et de bricolages sonores inventifs. Mais surtout, au-delà de la simple alchimie artistique des musiciens sur scène (malgré un manque de présence par moments), l'ensemble est porté par la voix de sa chanteuse/pianiste (également guitariste sur un titre), feutrée et envoûtante, sublimant une musique subtile et noctambule à "classer" quelque part entre Emily Haines, Low et Yann Tiersen, avec un point d'orgue un magnifique "Take me home". Jolie découverte.

Laetitia Sheriff arrive alors sur scène et là comment dire ? Pas vu, pas pris. Plus sérieusement, quatre titres écoutés attentivement puis... Rien. On ne va pas épiloguer sur le cas de la demoiselle, qui a certainement du talent mais dont il faut aimer le rock à textes sombre et brut de décoffrage, certes racé mais également minimaliste d'un point de vue strictement musical. Et quand on n'aime pas... Place donc à l'affiche avec un grand A. Elysian Fields donc... ou plus exactement Oren Bloedow et elle... avec un "E" majuscule (c'est la soirée...) : Jennifer Charles. Toute à la fois icône, lady, princesse et diva de la scène folk/pop indépendante (au sens le plus pur du terme s'entend), elle est sur scène exactement l'image de ce que l'on pouvait faire de son personnage : attachante, précieuse, inaccessible... Sur scène, on ne saura pas si la distance qu'elle instaure avec délicatesse n'est que le fruit de sa timidité, ou d'une volonté de se mettre à part pour mieux sublimer son art, mais sa présence, son jeu de scène, ont quelque chose de troublant. Et puis il y a évidemment cette voix, suave, fragile et sensuelle qui transforme chaque composition en petite pépite folk-pop au charme surannée, presque intemporel. Des inflexions sublimes, une seule fausse note pour plus d'une heure de concert, voilà qui pose un talent. A ses côtés, Oren fait rebondir ses arpèges de guitares aux quatre coins de la salle, joue avec le public et compose un duo complice et hors-norme aux côtés de Miss Charles. Classe...