Pourquoi s'énerver ? Pourquoi essayer de courir après le temps ? Après le tonnerre, vient le silence, après le fracas, le calme revient. Elysian Fields est dans cette temporalité, ce lien avec la douceur, la langueur, la délicatesse des mots liée à une musique tranquille et tournée vers l'essentiel. Et voici le 13ème album pour le duo new-yorkais qui fêtera ses 30 ans d'existence en 2025, et qui s'inscrit dans la continuité de son œuvre avec What the thunder said. Toujours un univers oscillant entre une dream pop épurée et de l'indie rock légère, parfumée de jazz. Pour ce nouvel LP, le duo fondateur, Jennifer Charles et Oren Bloedow s'est entouré de deux Français, Matthieu Lopez et Olivier Perez pour proposer 12 titres.
Et on est embarqué par la voix de Jennifer, qui flirte entre nonchalance, sensualité et délicatesse. Les instrumentations l'accompagnent, semblent comme légèrement en retrait, même s'il ne faudrait pas croire qu'elles ne soient pas pertinentes tant elles colorent chaque track de petites touches savamment pesées. On écoute ces poésies comme chuchotées qui nous emmènent en ville ou face à l'océan, les sentiments s'entremêlent aux éléments. Ce sont des nuits new-yorkaises (où a été enregistré l'album), des balades sur des plages sauvages, et les relations amoureuses qui sont questionnées. Elysian Fields ralentit la cadence tout au long des 50 minutes, commençant par un "Half measures" dream pop, passant par un "Know not whorl" inquiétant, à contre temps de l'ambiance de l'album, et terminant par un "Strawberry moon" jazzy vaporeux.
Tranquillement, poétiquement, Elysian Fields continue sa promenade musicale, sans sortir du chemin qu'il a tracé durant toutes ces années, et ne peut que nous inviter à les suivre, espérons pour une nouvelle décennie.
Publié dans le Mag #61