Eluvium - Similes Appel des songes, immersion éveillée dans le royaume de Morphée, invitation aux rêveries contemplatives bercées par les larmes du crépuscule, le cinquième album de Matthew Cooper publié sous le pseudo d'Eluvium est certainement le disque idéal pour appréhender l'oeuvre de cet américain, passé maître dans l'art délicat de la mise à nu mélancolique, drapé dans des nappes d'un ambient à la fois pudique et feutré. Ethérée, la musique de Similes l'est assurément, enjôleuse et veloutée, elle l'est encore plus, surtout depuis que son auteur a décidé d'y inclure du chant.
De "Leaves eclipse the light" à "Cease to know" en passant "Weird creatures" ou "Making up minds", Eluvium passe son temps à sculpter des pièces renvoyant l'image des panoramas idylliques fantasmés par leur auteur. Et l'onirisme qu'il met dans sa musique s'instille tout naturellement en nous, sans effort. Les nappes ambient nous enveloppent de leurs textures cotonneuses, le clavier semble nous indiquer la direction à suivre et le chant, souvent placé assez bas, finit par nous plonger dans cette douce léthargie introspective que l'on retrouve chez les maîtres de la mouvance post-rock.
Le parallèle avec la musique d'un Explosions in the Sky, d'un Mogwai ou d'un Sigur Ros ne s'arrête pas là. Car si l'oeuvre de Matthew Cooper ne se nourrit jamais d'explosions de guitares et de crescendo éruptifs, elle possède ce côté introspectif et ascensionnel que l'on retrouve régulièrement dans les passages les plus lents et apaisés signés des groupes cités plus haut. Perché tout en haut de cimes invisibles, Eluvium semble regarder le monde à travers un prisme angélique, bercé par quelques battements de coeur fragiles et des arrangements finement ciselés... La grande classe.

Ces quelques mots sont dédiés à P., un "grand" monsieur parti trop vite. Qu'il repose en paix.