Electric Electric en live au Clacson Début de soirée avec Sheik Anorak, homme orchestre intelligent, qui nous reçoit devant la scène, dans sa presque chambre avec une simple lumière brute au dessus de lui, dévoilant le visage d'un public de plus en plus nombreux. En cercle avec lui, dans cette piaule dont on aurait défait les murs pour exposer un laboratoire le temps d'un set d'une demie heure. Inutile de vous cacher que j'ai été effrayé, au moment de m'avancer dans la salle et de voir quelque chose comme l'équivalent d'une dizaine de pédales au pied de la batterie. Ne connaissant ni d'Adam ni d'Ève Sheik Anorak, je me suis fait la réflexion suivante : « Bordel, un démonstrateur de chez Boss, on va se taper un salon ringard de la musique ». Hé bien non. Il m'a vite rassuré. Des titres inspirés et interprétés ! Avec un système de séquences qui devraient s'intensifier pour permettre de multiplier les points d'entrée parce que Sheik Anorak n'évite malheureusement pas l'écueil de l'homme qui fait tout tout seul : avec quasiment toujours le même type de schéma avec de longues introductions, le temps de tout mettre en place. Ceci dit, même dans l'arrangement de manière générale Sheik Anorak prend le temps et c'est appréciable, ça rééquilibre la balance. Un set lumineux automnal sans soupe faussement contemplative et avec un dernier morceau malin, une longue montée et une tuerie de frustration.

Pour la suite, Pas UNE claque à proprement parler. Je préfèrerais plutôt l'image d'une bonne paire de gifles... De ces belles gifles qui laissent des marques : gauche pour Doomsday Student (ex-Arab on Radar) et la droite pour Electric Electric.

Doomsday Student n'est pas un groupe sans manières, j'en suis sur, mais il n'y a juste aucune envie d'en faire. Un concert quasi historique pour moi. J'ai bien souvent été à la recherche d'une hargne pareille. La où folie n'est pas à jouer, où on tombe les masques et la coquetterie... Sur l'affiche, sous le nom du groupe était marqué « Rock frénétique ». La frénésie, la folie, la complexité d'un tel discours. C'est presque la première que j'ai pu lire autant de justesse dans une description de groupe, loin des noms à rallonge qui tentent de vous vendre un faux contenu. Un set court et directif. Le bulldozer bruitiste était emmené par un chanteur fou, équivalent à Ian Curtis en pleine crise d'épilepsie, littéralement possédé, décomplexé et grimaçant. Le concert était véritablement l'occasion d'un pogo réussi : j'en voyais aller chercher leurs potes restés dans le fond de la salle avec une malice à peine dissimulée. C'était gras, furieux et sans concession. Scène dans son plus simple appareil avec une seule lumière pour habiller le plateau, comme si il n'y avait pas besoin d'autres artifices que leur musique et cette présence. Les quadragénaires ont offert une de ces belles et crapuleuses leçons. Majestueux.

Fin de soirée avec Electric Electric. Pas évident de parler de cette prestation à cause d'une obligation de quitter la salle au bout de 40 minutes pour des raisons de transports liés à la localisation du Clacson. Un live bien dans ses baskets, où les trois garçons ont naturellement et simplement occupé la scène, formant une et même ligne, délaissant le schéma type de la batterie en arrière-plan. Une solidarité et une proximité, un set foutrement bien exécuté, aiguisé. Electric Electric a plongé sans chichi la salle dans son discours, ses longues plages rythmiques, sonnantes et dansantes. Là où les rythmes s'entrecroisent aux synthés crades et guitares matheuses. Le moment était beau, et se succédaient des véritables pop song, charcutées, intelligentes et animales. Le contenu est bien ficelé, unis, donnant l'illusion d'une masse organique.