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Biographie > Nouvelle vague

Les chantres de la nouvelle vague post-punk anglo-saxonne sont au nombre de deux : il y a d'un côté les leaders américains (Interpol) et de l'autre, les outsiders anglais de luxe (Editors). Au W-Fenec, pour le moment on laisse de côté ceux qui font les unes des magazines et on s'attaque au cas des outsiders avec ce quartet natif de Birmingham. Début des années 2000, Tom Smith (chant/guitare), Chris Urbanowicz (guitare), Russ Leetch (basse) et Ed Lay (batterie) forment un groupe qui s'appèlera successivement (The Pride), Snowfiled puis enfin Editors. Inspiré par les glorieux Joy Division et les non-moins talentueux Echo and the Bunymen, les quatre jeunes anglais sortent alors un premier single chez Kitchenware Records au mois de janvier 2005. L'objet est voué à une existence discrète, limité à 500 exemplaires seulement mais le bouche-à-oreille aidant, le buzz est quasi immédiat. Le single ("Bullets") tourne rapidement sur les grandes radios sur Royaume (notamment XFM) car oui, on écoute aussi de la bonne musique sur les stations anglaises contrairement à d'autres pays... et lorsque sort The back room, premier album du groupe, à l'été 2005 : Editors fait un joli hold-up dans les charts. Les critiques ne s'en remettent pas et le groupe est propoulsé comme nouvel espoir britannique et commencent à tourner un peu partout en Europe, notamment aux côtés des méga hype Bloc Party. En 2006, Editors fait la tournée des festival d'été avant de s'enfermer en studio pour enregistrer son deuxième effort : An end has a start qui voit le jour courant 2007, toujours via Kitchenware / PIAS.

Editors / Chronique LP > In dream

editors - in dream Il faut toujours se méfier d'un dossier presse de trois pages qui vous explique à quel point une sortie est exceptionnelle. Dans le cas du sixième album des anglais d'Editors ça n'a pas raté. Car inutile de tergiverser, il n'y a quasi rien d'original, de touchant, de surprenant ou d'intéressant sur ce In dream, un disque qui ferait presque passer les précédentes productions du groupe pour des chefs-d'oeuvres intemporels. La musique, parfois tolérable, souvent insignifiante, se veut ici un écrin pour la voix. Une voix terne, peu inspirée et sous-mixée (!) : "Ocean of night-club", "Salvation", "The law", "At all cost" restent des titres très durs à ne pas skipper ; quant à l'introduction de "Life is a fear", elle fait juste penser à une (mauvaise) blague. On est vite tenté de diagnostiquer, à tort espérons-le, un groupe en fin de course, ou peut-être plus simplement des musiciens un poil surestimés. Reste qu'il est de plus en plus difficile, dix ans après leurs débuts, de ne pas voir en Editors un épiphénomène des années 2000, au coeur d'une inexorable chute amorcée il y a déjà plusieurs années.

Editors / Chronique LP > In this light and on this evening

Editors - In this light and on this evening Sans déconner, qu'est-ce qu'ils ont tous en ce moment avec la grandiloquence crasse en mode 80's poussiéreuses ? Après l'hécatombe artistique de la bouillie sonore que nous ont servie les Muse il y a même pas deux mois, voici que c'est cette fois Editors qui s'y colle. Et là, autant dire que contrairement à Matthew B & co, on ne s'y attendait pas vraiment. Faut dire aussi que jusque là, les dignes héritiers d'Interpol avait plutôt tiré leur épingle du jeu. Sans en faire trop, mais juste assez pour exister par eux-mêmes et sortir des albums plus qu'honorables, leur garantissant un succès critique et public plutôt mérités. Conclusion : R.I.P. Parce qu'en écoutant In this light and on this evening, on se dit quand même que ça ne doit pas être rigolo tous les jours d'être directeur artistique chez certains labels vue la conjoncture actuelle dans le milieu du disque. Difficile de faire du développement de nouveaux groupes, [désolé on n'a pas un radis], on se rabat donc sur les valeurs sûres [histoire de payer le loyer] quand bien même on ne peut pas vraiment leur dire que le truc qu'ils viennent de nous soumettre à l'écoute est vraiment dégueulasse [avec une bonne compagne marketing, on essaiera quand même de faire passer]. Parce que bon, revival retro-futuriste 80's d'accord, les références, Joy Division, Depeche Mode, machin tout ça, ok, mais là quand même. faudrait aussi que ça ressemble à quelque chose de vaguement audible le bordel non ?

En tous cas, c'est à grand renfort de claviers pompiers et de voix sépulcrale passée au filtre digital (pauvre Ian Curtis qui a du s'en retourner sous sa stèle.) que les Editors entament ce troisième album qui marque un véritable bouleversement dans leur discographie. Exit les guitares et le piano, welcome aux machines et synthés old-school (l'éponyme "In this light and on this evening"), pour un résultat surprenant au premier abord, mais finalement pas si mal que ça sur la durée, grâce notamment à des arrangements plus inspirés qu'il n'y paraissait au premier abord. Ouf sauvé. Sauf que les choses se gâtent, un peu dès la deuxième piste avec le très poussif "Bricks and mortar", et beaucoup sur l'infâme "Papillon" (paraît même que c'est ce truc qui sert de single pour venir pourrir les ondes radio outre-Manche.). Tom Smith en fait des tonnes et se révèle ridicule, les arrangements semblent avoir été réalisé par et pour des enfants de 8 ans désireux de composer eux-mêmes le générique de leur dessin animé préféré, et la mélodie est insipide comme du. euh Muse (rires forcés). Alors, forcément, on ne pourra évidemment pas reprocher aux Anglais d'avoir voulu se mettre en danger en remettant en question ce qui avait fait le succès de leur musique. Problème, ils se plantent en beauté. Oui, pour le coup, ils n'ont pas fait semblant et y ont mis du cœur à l'ouvrage. Surtout lorsqu'ils veulent jouer les âmes torturées sur "You don't know love" ou qu'ils uniformisent leurs rythmiques à l'extrême ("The boxer"). Du point de vue de l'intensité émotionnelle, on flirte avec le zéro absolu, malgré une production (signée Flood) par contre impeccable. Oui quand même. Alors certes le très honorable "The big exit" et dans une moindre mesure "Like treasure" permettent aux groupe d'éviter le carnage et surnager encore un peu jusqu'au prochain disque, sinon pour le reste, on hésite en permanence entre le mauvais et le désespérément affligeant. Mais franchement, pourquoi "Papillon" ou "Walk the fleet road" ? Sérieux pourquoi ?

Editors / Chronique EP > An end has a start EP

editors_an_end_has_a_start_ep.jpg Alors qu'au Royaume-Uni, la culture du single est encore bien vivante, dans notre pays, elle ne rencontre qu'un écho lointain et reste surtout l'affaire de collectionneurs invétérés. Une poignée d'euros pour un morceau-titre et une face-B (ou un remixe foireux), en même temps, ça n'attire que l'irréductible compulsif. Editors et leur label Kitchenware Records ont su trouver la parade avec ce An end has a start EP. Pour à peine plus qu'un single "classique", le groupe propose un morceau-titre éponyme, une version acoustique dudit titre ainsi que quatre B-sides inédites... le coup marketing est donc plutôt finement pensé. Pour son contenu, on passe sur le single éponyme qui figure déjà sur l'album (c'est bon tout le monde a suivi ?) et on passe directement à la poignée de faces B que nous compile le groupe sur ce maxi.
Soit quatre titres pop qui ondoient délicatement entre cold-wave dépressive et rock ténébreux. "An eye for an eye", sa rythmique mid-tempo et sa mélodie torturée, son chant littéralement habité et ses instrumentations toutes en retenue puis "The picture" et ses choeurs enchanteurs nous confortent dans l'idée que le groupe n'est pas aussi "boring" que certains voudraient l'entendre (sic). Le timbre si particulier de Tom Smith est particulièrement mis en valeur, les mélodies semblent évoluer avec la grâce d'une époque révolue et si le groupe se ménage sur ces deux premiers titres, il semble capable d'accoucher à tout instant d'un tube radiophonique parfait pour atomiser les charts et mettre dans sa poche un public déjà conquis. Et là, justement, Editors nous a entendu et nous offre un "Some kind of spark" qui semblerait tout droit sorti du A rush of blood to the head de Coldplay si Chris Martin était venu remplacer Tom Smith derrière le micro. Une guitare qui tourne en boucle pour nous envoûter, une mélodie gracile et feutrée, les quatre de Birmingham livrent un titre qui aurait largement eu sa place sur An end has a start (l'album...). Mais ce "Some kind of spark" à peine digéré, Editors enchaîne directement avec un "Open up" qui évoque lointainement les The Cinematics et leurs mélodies ultra-accrocheuses accompagnées de guitares entêtantes. Efficace. Une version acoustique du single "An end has a start" plus loin (qui n'apporte rien à l'ensemble) et Editors referme ce maxi à l'intérêt certes relatif, mais qui ravira les mordus de la pop-post punk de ces quatre anglais visiblement pas prêts à s'arrêter en si bon chemin.

Editors / Chronique LP > An end has a start

editors_an_end_has_a_start.jpg Elle est bien difficile la mission dont doit s'acquitter Editors à l'heure de ce deuxième effort studio : faire au moins aussi bien que The back room une fois l'effet de surprise largement estompé, faire oublier l'héritage parfois encombrant des glorieux prédécesseurs pour ne pas verser dans la redite, et produire deux ou trois singles de la trempe de "Munich" et "All sparkle"... Difficile donc, très difficile, un peu trop peut-être... Car à trop vouloir en faire, on a souvent tendance à se perdre un peu. Editors n'y échappe pas, la preuve en est le très poussif "Smoker outside a hospital doors" chargé de mettre l'album sur les rails... Pour la mise en orbite, c'est raté et l'intensité sombre des débuts fait maintenant place à une mélancolie facile et un peu marshmallow. Passé l'effet de mauvaise surprise, Editors rattrape le coup et nous envoie dans les conduits auditifs un titre éponyme qui parvient à soutenir la comparaison avec les meilleurs tubes de The back room. Dans le même ordre d'idées, "Escape the nest", "Bones" et "The racing rats" méritent largement le détour. On a échappé au pire...
Entre arrangements inspirés et mise sous tension éléctrique domptée par une guitare acérée comme une lame de rasoir, An end has a start est un disque qui, une fois lancé, plonge son auditeur dans le quotidien aliéné d'un enfer urbain parcouru d'éclairs de lucidité. Il nous donne à poser notre regard sur un futur qui s'assombri inexorablement de jour en jour pour finalement dériver entre spleen existentiel et frénésie lumineuse... Un numéro de voltige musicale savamment maîtrisé. Car ce deuxième disque signé Editors jongle avec les paradoxes, entre son rock post-punk ténébreux et sa pop calibrée pour mettre les charts à genou (un "Push your head towards the Air" qui sonne très Coldplay), il verse moins dans la mélancolie douloureuse mais demeure toutefois bercé par des ombres cold-wave toujours omniprésentes, même si celles-ci un peu plus en retrait que sur The back room. Carton commercial de l'autre-côté de la Manche, Editors se pose donc comme l'un de ses rares groupes à savoir concilier avec intelligence et finesse succès public et musique à la personnalité affirmée. Aprèc un The back room particulièrement efficace, le quartet confirme tout le bien pensait de lui en livrant avec An end has a start, un album anxiolitique, au lyrisme appuyé et à l'écriture inspirée.

Editors / Chronique LP > The back room

editors_the_back_room.jpg Alors qu'Interpol mène la danse du revival pop/post-punk 80's de l'autre côté de l'Atlantique, c'est Editors qui avec ce The back room à l'artwork austère, sombre et tout en dégradés de gris, se pose comme LA référence du genre sur le vieux continent. Mais à sa décharge, le groupe ne l'a pas volée cette flatteuse réputation. Car Editors a un don évident pour composer des morceaux aux mélodies pop écorchées vives, raffinées et carrément tubesques. On pense évidement à l'icône Joy Division dont les quatre de Birmingham semblent être les fils spirituels, mais force est de constater à l'écoute de singles évidents comme "Munich" ou "All sparkles" que ces Editors ont vraiment quelque chose qui les fait sortir du lot. Ce petit "truc" en plus que n'ont pas la plupart des groupes en activité et qui fait que certains remplissent les stades et pas d'autres... Tantôt rythmées et éléctrisantes, tantôt plus posées et mélancoliques, les compositions que nous livre le groupe cherche l'efficacité à tout prix et à ce petit jeu, les anglais s'en sortent particulièrement bien, voire trop, tant leur musique peut parfois apparaître comme emphatique et boursouflée. L'éternel problème du succès des groupes anglais resurgit alors dans ce que leur musique à de plus grandiloquente, jusqu'à l'excès... (cf : Muse, Oasis...). On fait avec.
Mais, sans pour autant crier au génie, il faut bien reconnaître que les mélodies incandescentes de "Lights" ou "Munich" donnent un souffle épique à cet album, très bien produit, aux guitares stratosphériques et incisives, à la basse ronde bien comme il faut, aux claviers lancinants et aux rythmiques syncopées à l'ancienne. Editors fait donc pour ainsi dire du neuf avec du vieux. L'héritage de Ian Curtis est plus que jamais d'actualité mais gageons qu'avec ces quatres anglais, il est entre deu bonnes mains. Car leur rock aux accents post-punk et à la tension dramatique de tous les instants nous fait voyager dans le temps sans pour autant nous faire perdre l'équilibre. Parce qu'il décline l'essence même du mouvement post-punk sans en perdre ce qui faisait sa force, il l'accommode à sa guise pour mettre en relief ses plus beaux atouts. Usurpateurs Editors ? Sans doute pas. Emules plutôt doués ? Assurément.