Minor Place Records Ouvrir un magasin de disques aujourd'hui, ça a tout du suicide économique. Enfin, il paraît, c'est ce qu'un certain Pascal N. et les boss des majors affirment, le disque est mourru, soit. Toujours-est il que des irréductibles (Souffle Continu, Ground Zero et d'autres) s'acharnent et démontrent que la boutique de disques à l'ancienne, à la High-fidelity d'Hulbert Selby Jr j'entends, a encore de foutus belles raisons d'exister.
Ambroise, boss de Minor Place Records depuis un an, est l'incontestable pilier d'une déjà belle réussite. Avec une ligne éditoriale ouverte d'esprit allant de la pop indé à la noise des années 90, mais aussi la musique pakistanaise, le jazz pointu, le hip-hop indé, le reggae ethiopien et donc la world music, le magasin brasse large et on y trouve de tout, tant que c'est bon. Des afficionados, le magasin en compte déjà un nombre conséquent, - visiblement il y avait une demande (ce qui laisse à réfléchir quant à l'avenir des magasins du même genre) -, venant profiter des perles indés qui squattent les rayons mais aussi des conseils du patron. Bref, la sauce a pris à Lille et aller à Minor Place Records, c'est l'assurance d'avoir un peu d'argent en moins quand on sort mais aussi beaucoup de bonheur(s) auditif(s) à venir dans les écoutilles.
L'autre réussite de Minor Place Records, ce sont ces showcases égrainés tout le long de l'année et qui témoignent de la volonté d'Ambroise de faire de sa "création" bien plus qu'un disquaire, un lieu de rencontre pour les passionné(e)s. La liste des invités reçus parle d'elle-même : Joe Lally (Fugazi, oui oui), David Thomas Broughton, Matt Elliott (Third Eye Foundation), Bonnie Prince Billy et même un Eugene Robinson volubile venu tailler le bout de gras avec quelques clients friands de la verve du chanteur d'Oxbow... Tous ont foulé le sol du magasin, bien souvent en livrant des showcases ineffablement meilleurs que les concerts, l'endroit transcende apparemment les intentions des artistes. Bref (bis), c'est la classe. Dans cette logique, rien de plus normal d'organiser une soirée célébrant les un an de la boutique. Quand en plus, l'affiche proposée est alléchante et variée... on était doublement motivé à être présent.
Le parisien de :Take: commence son set alors que la péniche est à moitié pleine, délivrant un moment assez envoutant d'une musique ambiante distillant son venin assez rapidement. La salle est complète lorsqu'Overlow, avec son electro-jazz empreint de Tortoise, entame son set : les premiers locaux délivrent un live classieux, parfois un peu trop démonstratif guitaristiquement, mais la musique hybride du groupe fait son office assez facilement. Après une tournée avec Alan Vega (Suicide), les Cercueil sont définitivement rodés à l'exercice live et vont le prouver encore une fois, déployant les titres d'Erostrate dans des versions légèrement modifiés. Il en revient à Ed Wood Jr de clore les débats avec son math-rock noise electro parfois cinglant, parfois plus sinueux. Au menu : pas mal de titres du petit nouveau, Silence, mais aussi de Ruban de Mobius, histoire de nous rappeler qu'un titre comme "Zemzan" faisait parti des nombreuses raisons de "kiffer à mort" cet album à l'époque de sa sortie. Ce sera tout. Merci Ambroise, merci Minor Place Records.