Ed Wood Jr - Ruban de Möbius En topologie, le ruban de Möbius (également appelé "bande de Möbius" ou "anneau de Möbius") est une surface close dont le bord est homéomorphe à un cercle. Autrement dit, il ne possède qu'une seule face contrairement à un ruban classique qui en possède deux [...] dans l'espace : un modèle simple se réalise en faisant subir une torsion d'un demi-tour à une longue bande de papier, puis en collant les deux extrémités. Si l'on coupe le ruban en deux dans le sens de la longueur, on obtient un anneau unique, vrillé, mais qui possède deux faces distinctes et deux bords distincts. Si on le recoupe dans le sens de la longueur, on obtient... deux anneaux distincts, vrillés et entortillés l'un sur l'autre. (source : Wikipedia). Voilà pour la minute culture générale du W-Fenec.

Sinon musicalement, Ruban de Möbius, c'est le premier album des faussement bien nommés Ed Wood Jr (le vrai, qui fort heureusement ne faisait pas de musique, était selon la légende et l'héritage cinématographique qu'il a laissé, un bien piètre cinéaste), qui fait suite à un EP éponyme déjà hautement recommandable. Là, il s'agit du même code ADN, mais développé à l'échelle d'un album complet et publié sur le label de Josh et Royal McBee Corporation. Et comme du côté de chez Swarm Records, on aime la noise qui fait mal, le rock abrasif qui dépouille et le DIY (ou presque) brut de décoffrage, fatalement, ces gens-là, étaient fait pour s'entendre. Mais là, petite finesse, Ed Wood Jr, est un peu protéiforme. Math-rock très light sur "Горы" (ça veut dire "montagne" en russe selon Google Translator), ou noise-rock acide et sauvage sur "20 pounds", avec ce petit côté changeant dans les signatures rythmiques qui fait que le groupe accouche d'une pure tuerie (agrémentée de quelques samples issus de dialogues de films), rien à redire, on en prend plein les mirettes.

Leçon du jour : une fois lancé, les Ed Wood Jr osent tout. Ou presque, mais ça marche. Du numéro de voltige rythmique classe à la petite finesse jazzy qui fait bien en passant par le gros mur de décibels rock noisy et frondeur qui fait mâle, les hurlements rageurs en plus et le volume à fond, le duo muscle peu à peu son jeu et en met plein partout dans les enceintes ("Infini"). Surtension électrique, virtuosité formelle, nerfs à vif et grosse présence face aux amplis, "Marcel" (et pourquoi pas "Raymond" d'abord ?) puis "Tap" sont assez symptomatiques de ce dont est capable le groupe : envoyer du riff qui cravache par pack de 12, mélanger ce qui arrive en pleine face à toute blinde avec quelques entrelacs math-rock bien velus, secouer au shaker (pas à la cuillère hein...) avec quelques rythmiques bien complexes et servir tout ça avec une fluidité insolente... mais confondante. Quelque part entre Shellac et Don Caballero pour ne citer que les évidences références de base du chroniqueur fainéant, les Lillois balancent des titres ravageurs, brûlants comme une baraque à frites (l'excellent "Kung fu chien") en bons nordistes qu'ils sont. Energique, un brin sauvage par moments, inventif et faisant preuve d'une maîtrise rare, Ed Wood Jr est à l'image des Generic, Pneu, Royal McBee Corporation, Gâtechien et autres One Second Riot, une p***** de claque...