Voilà six ans que les Eurockéennes s'exportent par l'intermédiaire de leur festival Generiq. Et encore une fois, cette bonne ville d'Epinal aura droit à son lot de soirées dans le cadre de la programmation officielle. Intéressons-nous à la soirée du 23 novembre et aux concerts de The Early Grave (groupe chroniqué dans nos bonnes pages) et The Bots (groupe chroniqué dans le monde entier).
Generiq 2012
C'est au quatuor local emmené par les frangins Massul d'ouvrir le bal. Alors que la salle est correctement remplie, The Early Grave délivre un set tout en puissance et en mélodies. Au programme : des titres de leurs excellentes premières prod (l'EP éponyme et le split avec Woodson), deux reprises et quelques inédits à paraître sur leur premier album actuellement en composition. J'ai l'occasion de voir assez régulièrement le groupe en live, et je sens à chaque fois une progression supplémentaire, un petit truc en plus qui, n'en doutons pas, fera de ce groupe un espoir dans son genre. Son punk rock aux accents power pop est intelligent, les refrains font mouche, et il manque peut-être ce petit grain de folie sur scène pour qu'on frôle la perfection. Soyez-en sûr, il va falloir compter sur eux. Le public a apprécié, et moi aussi !
Pendant que les backliners s'affairent à préparer le plateau de The Bots, le duo californien achève son marathon "je passe dix heures par jour sur Facebook" en loge. Que voulez-vous, la jeunesse est comme ça. Les deux frangins, âgés de 16 et 18 ans, ne décollent pas de leur Mac et ne se prennent pas la tête avant de monter sur scène. On aurait presque une impression de "je m'en foutiste". Mais non, il n'en est rien. Une fois "on stage", les gars font le boulot, et le font avec passion. Une batterie, une guitare, quelques nappes de claviers, ça tortille pas et ça envoie sévère. Punk rock minimaliste et bruitiste, quelques accents pop bien travaillés, et une énergie renversante. Je reste tout de même intimement persuadé qu'on entendra plus parler de ce groupe dans six mois, et que l'engouement suscité par ce groupe est quelque peu exagéré. Ok, les frangins remplissent le contrat avec notamment un batteur assez puissant pour son gabarit, mais j'ai plus l'impression d'entendre un bordel bruitiste savamment organisé plutôt que des punk songs percutantes. Par contre, il est indéniable que les mecs ne font pas semblant et exécutent le truc avec leurs tripes. Et qu'importe si l'intro d'un morceau est plantée, on s'arrête, on discute rapidos sur scène et on recommence ! On a l'impression que les gars sont dans leur local de répet, complètement à l'ancienne, rien à foutre de délivrer un show débridé, et ça, c'est génial !
Le batteur semble un peu nerveux (il s'est fait poké sur facebook ?), et sitôt le set terminé, il démonte et repart backstage avec ses pieds de cymbale et une partie de son kit. Nous on se marre, le régisseur rigole jaune, persuade le batteur de reprendre les baguettes pour le rappel, et finalement, ça se passe bien. Le public n'a pas du tout comprendre, mais j'ai assisté avec quelques Early a cette scène cocasse. Comme dirait Ginger, "it's the hard way".
Une excellente soirée en somme avec une valeur montante du rock du Grand Est et un duo US étonnant, détonnant et complexe. Un public ravi, du bon son, que demandez de plus ? Comme quoi, le (punk) rock n'est pas mort à Epinal (mais ça je le savais !)
Salutations à The Early Grave, The Bots et leur sympathique staff, 2B, Marie, Anthony, Steph', le festival Generiq et les ampoules.