Duquette Johnston, anciennement connu en tant que Daniel Johnston, à l'époque où il officiait comme bassiste au sein de Verbena dans les années 1990, a connu depuis une carrière solo juste après avoir participé à la reformation de Blake Babies aux côtés notamment de Juliana Hatfield (Minor Alps, Some Girls, The Lemonheads). Celui qui a également monté par la suite The Gum Creek Killers, un groupe de Birmingham en Alabama (là où il habite), a publié quatre albums en solo dont le dernier en date : The social animals.
Paru neuf ans après son prédécesseur Rabbit runs a destiny, ce nouvel album est le résultat de plusieurs envies. La première était de retravailler avec John Agnello, producteur avec qui Duquette avait collaboré vingt ans auparavant sur les pré-prod de Into the pink de Verbena (finalement passé entre les mains de Dave Grohl des Foo Fighters et que Duquette n'enregistra pas, ayant quitté le groupe avant les sessions). C'est d'ailleurs John Agnello lui-même qui s'est chargé de proposer à Duquette d'inclure Steve Shelley de Sonic Youth à la batterie et Emil Amos à la basse (OM, Grails, Holy Sons) pour les sessions de The social animals. John et Duquette, convaincus de l'équipe entourant le projet, se sont alors mis à le préparer au Sonic Youth Studio. La deuxième raison était d'attendre le bon moment et de prendre le temps de faire ce disque, étant donné que le protagoniste et sa femme Morgan, artiste et créatrice, doivent gérer en parallèle le Club Duquette, un lieu qu'ils ont fondé où se mêlent magasin de fringues, galerie d'art et salle de spectacle chez eux à Brimingham. La troisième raison, et peut-être la plus importante, est l'épreuve difficile qu'a vécu Duquette avec la maladie de sa femme après la naissance de leur premier enfant. Ces onze nouveaux titres sont l'incarnation de ce que l'ex-Verbena a vécu et un véritable partage sur les expériences humaines.
Dès "Year to run", on sent déjà la patte Agnello, ce titre entrainant nous ramène à cette scène 90s, un peu située entre Dinosaur Jr (groupe qu'Agnello a produit d'ailleurs), The Lemonheads et Weezer. Toutefois, il ne faut jamais se fier aux premiers titres et l'on se rend compte assez vite que Duquette Johnston aime ses racines et dévoile progressivement un pan musical de son pays. Ce qu'on appelle l'"americana" prend une place prépondérante dans cet album via une multitude de chansons pleines de mélancolie comme les soyeuses ballades de "Holy child", "Motorcycles" ou encore "Fortunate ride". On pense forcément à Neil Young, parmi tant d'autres, au cours de ce voyage contemplatif qui varie donc entre chansons alt-country, pop et un rock à cheval entre les 70s et 90s, et où les ambiances peuvent être à la fois salvatrices et mélancoliques. Duquette Johnston ne révolutionne pas la musique, il rend hommage à ses pairs avec sincérité, élégance et efficacité. Même si vous n'êtes pas forcément amateur de ce genre musical, nul doute que vous reconnaitrez, après écoute, avoir gardé en tête un petit moment l'un des morceaux de ce très concluant The social animals.
Publié dans le Mag #53