Sur disque, Dum Spiro multiplie les couches d'instruments et de chants pour parer les idées brutes que sont les textes et les mélodies. La tonalité générale me fait penser aux titres les plus épurés d'Agora Fidelio ("Tout semble calme" pourrait se faire une place sur Altitude zéro) grâce à la capacité d'accrocher facilement les oreilles par une tonne de petites choses qui arrangent l'ensemble et qui nous laisse incapable de dire si l'album est rock, hip hop ou électro. Hors chant est homonyme d'hors-champ, ce qui n'est pas visible, pas enregistré, ici il y a autre chose que du chant alors qu'il semble si important. Qu'il joue sur le côté poétique ("Elle rêve"), qu'il jongle entre le français et l'anglais ("Between the lines"), qu'il s'amuse avec les mots (le très rock "S'envoler") ou avec les sons (les allitérations de la partie spoken word de "Les mâts chancellent", titre qui gagne en rythme pour devenir ensorcelant) ou qu'il invite des amis d'Outre-Atlantique pour apporter davantage de punch (le rappeur Swordplay sur "Run for your life" qui paraît très ricain dans le flow avant de s'entrechoquer avec le français et l'électro puis d'envoyer un refrain en anglais assez pop ou "Combien de vies" où on retrouve le MC/DJ Chief and TheDoomsdayDevice mais aussi Brzowski). Le micro se partage mais le chant n'occulte pas le travail sur la musique, "Mazra" plus instrumental nous le rappelle, et partout on trouve des notes qui apportent de la profondeur et ornent les mots. Des mots qui évoquent aussi bien le sort de la planète que la situation géopolitique ou "des animaux bizarres qui lui tombent des poches".
"Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir", voilà comment se traduit Dum Spiro qui apporte une rafale du souffle vital et donc un magnifique espoir. Hors chant est un beau manifeste d'amalgame de cultures cohabitant où la somme des talents agglomérés est plus importante que la somme des talents individuels, une synergie qui devrait être un modèle partout et pour tous.
Hors chant
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