Quiconque s'intéresse un tant soit peu au punk/hardcore a entendu parler de Drug Church, et j'espère pris la peine d'écouter sa musique. Si ce n'est pas le cas, et comme c'est la première fois qu'il en est fait mention dans ces pages, voici quelques éléments de présentation.
Le groupe d'Albany, la ville, rien à voir avec le pays, dans l'état de New-York, rien à voir avec la ville (ça va tu suis ?) a très vite connu un succès d'estime avec ses premiers albums (Paul Walker en 2013 et Hit your head en 2015), sortis sur le label No Sleep Records (La Dispute, Touché Amoré, No Trigger...), suivis de Cheer (2018) et Hygiene (2022) chez Pure Noise Records (Knocked Loose, Four Year Strong, Samiam...). Si Drug Church s'est aussi facilement démarqué de la myriade des groupes du même genre, c'est grâce à des concerts énergiques, à la voix rocailleuse et puissante de Patrick Kindlon, à la rythmique chirurgicale de Chris Villeneuve (batterie) et Patrick Wynne (basse), et aux riffs incisifs de Cory Galusha et Nick Cogan (qu'on retrouve aussi dans le groupe Militarie Gun), parfois abrasifs à la Black Flag et à d'autres moments plus lourds, à la Helmet. Tout ceci nous donne des disques toujours très éclectiques, jamais redondants, avec une formation qui cherche sans cesse à se réinventer, innover, expérimenter mais sans jamais perdre son ossature punk-hardcore initiale. Cette recherche est encore plus flagrante depuis l'EP Tawny (2021), en incorporant notamment quelques réverb' post-punk très à la mode par endroits. Avec le succès fracassant et commercial qu'a connu Turnstile (groupe ricain au même background) avec Glow on en 2021, on aurait pu penser que le quintet creuserait davantage ce filon, pour récupérer sa part légitime du magot et de tournée des festivals mais il n'en est rien.
Prude s'ouvre sur un "Mad care" sans concession, au chant toujours très guttural et qui rapproche Patrick de son collègue Damian Abraham de Fucked Up, ce qu'avait laissé penser "Demolition Man", premier extrait qui détruisait tout doute possible quant à la teneur de cet album, et ce que confirme "The bitters" ou le plus posé (tout est relatif) "Chow", ou encore "Yankee trails", mon titre préféré, ou... je pourrais les citer tous !
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, on a affaire à l'un des disques de l'année donc ne faites pas vos prudes et jetez-vous dessus, c'est de la très bonne came !
Publié dans le Mag #63