Dredg - Chuckles & Mr Squeezy The Pariah, the Parrot, the Delusion ayant été une vraie déception pour tous les inconditionnels d'El Cielo et Catch without arms (et on les comprend), il était évident qu'on allait attendre le retour discographique de Dredg au tournant à l'heure de découvrir ce Chuckles & Mr Squeezy au titre aussi énigmatique que son artwork. Produit par un Dan the Automator que l'on ne présente plus désormais (Gorillaz, Head Automatica, Kasabian, Lovage, Men Without Pants...), ce nouveau cru promettait quelque chose de neuf, sous-entendait un virage artistique pour les natifs de Los Gatos, dans l'espoir d'une séance de rattrapage après un disque qui semblait annoncer la fin de l'état de grâce après avoir livré sans doute l'un des plus beaux disques des quinze dernières années.

On ne va pas se mentir, il suffit d'écouter "Another tribe", pour se dire qu'a priori ce ne sera pas pour tout de suite. Pop aux tentations hip-hop non assumées, arrangements trop faciles pour être crédibles et mélodie boursouflée, Dredg tente d'entrée de jeu de coupler son écriture rock/pop à haute teneur émotionnelle aux sons bien clinquant et inventifs de Dan the Automator. Et se plante royalement du début à la fin, l'association des deux donnant naissance à un objet musical hybride anachronique et sans âme. Faux-départ ou sortie de route définitive ? "Upon returning" tente d'apporter un début de réponse, le groupe revenant au rock plus électrique, chargés en effets, un peu surproduit certes mais déjà plus supportable que le morceau inaugural de l'album. Mais bon, ce n'est pas encore ça. Et ça ne le sera guère plus après, même si "The tent" et ses textures dub et progressives tentent de créer quelque chose, parce que juste derrière "Somebody is laughing" joue la carte de la purge pop indé bien putassière et nous fait lâcher prise.

On s'accroche mais on a clairement l'envie d'oublier ce que vient de commettre le groupe pour se replonger dans les débuts de sa discographie. Se laissant tenter par l'électronique à tout va ("Down without a fight"), les californiens relèvent un peu la tête, renouant (péniblement) le temps d'un "The ornament" habité avec les lointains fantômes de sa gloire déjà passée. Evidemment, il y a toujours ce chant, haut perché qui peut faire à peu près tout ce qu'il veut sans jamais décevoir, mais le songwriting ne suit pas. Rien ne fonctionne à tel point que cela en devient rageant, le groupe plongeant dans des abîmes de créativité sur "The thought of losing you" et de toucher le fond avec "Sun goes down". Racoleur et sans inspiration, Dredg perd son âme dans des titres frisant le néant créatif ("Where I'll end up"), à se demander ce que Dan the Automator est venu faire dans cette galère qui prend peu à peu des allures de purge absolue. Et comme il semblait devoir être écrit que rien ne nous serait épargné avec ce Chuckles & Mr Squeezy, le groupe se plante une ultime et dernière fois avec "Before it began". Quasiment rien à sauver sinon un bout de "The ornament" et l'acoustique "Kalathat", on en vient à prier pour que le groupe splitte pour ne plus avoir à subir ça.