Waterborne... Dredg aurait-il sorti un nouvel album dans le plus grand secret ? Une compilation de B-sides inédites débarquée ultra-confidentiellement sur le territoire nord-américain ? Non, on rassure, ce Waterborne n'est rien de cela. Enfin presque. Car il s'agit du score d'un (obscur) petit film indépendant américain tourné par un illustre inconnu et centré sur une énième attaque terroriste sur le sol américain. Le syndrome post-9/11 dans toute sa splendeur en sommes. Et pour signer la bande-originale, la production a eu la fine idée d'embaucher l'un des auteurs du magnifique El cielo, en l'occurence Dino Campanella, pour composer la musique et du même coup faire monter le buzz autour de Waterborne. Et musicalement, ça ressemble trait pour trait à du Dredg pur, sans la voix de Gavin Hayes. Une intro feutrée, toute en douceur ("Suddenly awake... awake"), des nuages mélodiques qui s'éclaircissent sur "What have you done" puis son jumeau "What have I done", on comprend alors que les pages musicales de cette bande-originale se tournent les unes après les autres pour ne plus former qu'un seul recueil, un magnifique écrin sonore pour un film à la distribution en salles pourtant confidentielle. Mais là n'est pas l'important, car l'émo-pop-rock distillé par le batteur (et co-compositeur de Dredg) est envoûtant : une pluie de notes cristallines qui s'écoule le long du piano, des guitares qui suggèrent des ambiances stratosphériques et veloutées ("Stepping stones", l'intimiste "Skeleton keys"). Des instrumentations dépouillées, "I am what I fucking am", arrangements lumineux, post-pop céleste à la Sigur Ros, harmonies doucereuses, panoramas oniriques et envoûtants, des mélodies irrésistibles, délicatement (dé)posées dans un écrin aux atmosphères cotonneuses ("I understand It now", "I wish I was like them")... Morceaux courts, discrètement essaimés ("The old has returned"), fulgurances électro-acoustiques expérimentales aussi suraigües que sibyllines, "No thanks, I'll pass" puis "The sounds of your heart" rompent complètement avec l'extrême douceur mélancolique des plages précédentes. Contrastés, énigmatiques, ils présentent l'autre visage de la musique de ce film complètement méconnu : tantôt langoureuse, tantôt plus foudroyante. Classe...
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