l_dopa_pachyderme_garage.jpg Pachyderme Garage, plus qu'un nom d'album : tout un programme, un peu comme l'était le Rodeo ghettoblaster des Loading Data, mais a priori en plus heavy si l'on prend en compte le titre. Pourtant non, on est à côté du sujet. Déjà, il y a cet artwork décalé, chargé à souhait en symboles en tous genres. Ensuite il y a la musique... et là on ne rigole plus. Certains les ont déjà comparés aux Queens of the Stone Age, d'autres aux Melvins, l'introductif "Pachyderme radio" nous apprend que l'on est en présence de quelque chose de totalement différent de ce à quoi on s'attendait. Une sorte de free-rock inimitable et décomplexé qui peut à tout moment partir dans n'importe quelle direction sinon en vrille... Le première titre détonne d'entrée pour mieux se diriger vers les QOTSA justement avec l'excellent "27" où les L-Dopa nous font mentir avec un titre purement rock débridé dans la même veine que certains titre de la bande à Josh Homme, ou plus certainement de quelques extraits des Desert sessions. Feeling inimitable, mélodie endiablée mais jamais agressive, faux rythme presque bluesy, la machine est en marche et n'est pas prête de s'arrêter. "Ultra pop", titre qui n'a rien de vraiment pop avec ses balances funky qui partent dans tous les sens en est le meilleur exemple. On est alors bien éloigné de la mouvance stoner mais L-Dopa assure comme personne. Des guitares, inventives, des rythmiques au poil de c..., un peu de violon pour parsemer le tout et le groupe trouve ce truc inimitable qui fait la marque de ceux qui sortent sans peine de l'ordinaire sans céder à l'intellectualisme prétentieux. Impressionnant, d'autant que la maîtrise formelle dégagée par le groupe, nourrit par sa capacité à produire une musique sortant des sentiers battus sans être dérangeante, produit un effet monstrueux. Plus à chercher du côté des Primus, le groupe a quelques éclairs de génie qui font du bien par où ça passe. Mélodies vénéneuses, guitares sulfureuses, ("Skip ling", "We're gonna get through this"), L-Dopa aligne ses compos et fait feu de tout bois en même temps qu'il fait fusionner ses nombreuses influences comme personne. Une pincée de folie douce sur l'intro déjantée de "The Box", qui renvoie par son approche un peu décalée aux Eagles of Death Metal et le groupe change encore son fusil d'épaule pour casser les codes du rock indé et en livrer une exégèse psyché rock 70's post-moderne aux fulgurances ravageuses. D'où les franciliens sortent-ils tout ça ? On se le demande encore même plusieurs heures après la découverte de ce Pachyderme garage qui sort définitivement de l'ordinaire des groupes de rock hexagonaux. Débordant d'inventivité, L-Dopa en fait des tonnes, mais jamais trop. Une petite ballade classieuse et élégante ("Sunday mornings (are gone)"), un titre furieusement jouissif jouant avec les sonorités de la musique klezmer ("Dipsomania"), un autre plus funky ("My Tamagoshi !"), il n'y a pas à dire, ce Pachyderme garage au titre définitivement incongru, mais donne beaucoup de plaisir à nos tympans. Il n'y aurait guère que sur le relativement insignifiant et old-school "Dirty little pretty scarty thing" que l'on pourrait trouver à redire (hormis son titre assez léger), d'autant qu'avec "Still a mess" puis "Dune", L-Dopa conclue avec classe un album riche en couleurs et influences autant stoner rock que tzigane ou prog habilement assemblées dans un collage musical inventif et original. Du rock au sens large tout simplement, brillant, inventif et groovissime.