Rock Rock > Domino And The Ghosts

Biographie > Domino et les fantômes

En 2005 apparaît Domino & The Ghosts. Projet solo emmené par un Messin qui possède autant d'influences que la fnac possède de bacs (Mozart, Michael Jackson, Deftones, Nirvana, QOTSA et d'autres) et qui a, de toute évidence, un jour eu l'envie d'en faire quelque chose. Après des années passées à expérimenter, Domino, épaulé d'un batteur, se décide à formaliser son paquet d'idées en enregistrant 4 titres au Bedrum Studio avec l'étroite collaboration du maître des lieux (Baptiste Bouchard). Sorti en mai de cette année ce premier opus (With decay... and no compassion) est d'ores et déjà défendu sur scène, où Domino est rejoint par 3 nouveaux comparses.

Domino And The Ghosts / Chronique LP > I know something you don't

Domino And The Ghosts I know something you don't 5 ans passés comme un fantôme, c'était assez pour Domino qui a remis la gratte en bandoulière pour écrire son premier album (après moultes EP en une bonne dizaine d'années), avec de nouveaux amis (Arnaud à la batterie et Pierre au clavier), il est allé enregistré chez Étienne Sarthou (AqME, Karras...) qui s'est permis d'ajouter quelques lignes instrumentales pour donner davantage de corps à I know something you don't.

C'est une guitare aux cordes soyeuses qui nous accueille en douceur, on glisse jusque "Solution", première "chanson", et si le lancement s'était fait dans la délicatesse, la distorsion fait une apparition fracassante, le chant est enlevé, on est pris dans une dynamique folle, on a clairement affaire à un tube ! Excellent morceau, particulièrement rock et simple d'accès, il se distingue d'autres pièces bien plus complexes à appréhender. Comme ce "Nowhere" un peu plus chancelant par sa structure et sa rythmique qui nous fait perdre l'équilibre. Tout aussi exigeant, "Last day" joue dans un autre registre avec des chants qui se répondent au milieu de quelques notes tout à fait tranquilles. Domino And The Ghosts multiplie les approches comme s'il voulait se rendre invisible, on passe d'une ambiance à une autre, traversant des murs de sonorités aux couleurs variées. "Dance with me" est marqué par des influences anglo-saxonnes très post-punk et contient une énergie que le groupe cherche à canaliser alors que le titre suivant, "Go", traîne son spleen jusqu'à un "First day" saturé, plutôt déstructuré, cassant et loin des harmonies du sublime "Ritsuko's love song". Rock endiablé en japonais, le titre apporte de la joie et un exotisme qui lui donne un charme fou. Rien à voir avec "You're my silence" dont certaines parties lourdes et sombres viennent contraster avec un chant très pur et aérien.

C'est débranché que I know something you don't nous ramène à nos vies, les cordes sont de nouveau caressées sur "Somewhere", histoire de refermer l'album comme on l'a ouvert, histoire d'avoir un peu de logique et de continuité dans un opus au spectre très large et qui joue surtout dans les contre-pieds.

Publié dans le Mag #62

Domino And The Ghosts / Chronique EP > Tsuriai

Domino and the ghosts - Tsuriai C'est toujours compliqué de prendre en route quelque chose que l'on n'a pas suivi...With decay...and no compassion sorti en 2012 et chroniqué ici même ne m'avait pas croisé, alors afin d'aborder comme il se doit ce nouvel EP de Domino And The Ghosts qui annonce une nouvelle trilogie 5 ans après la première, j'ai procédé à une petite séance de rattrapage avant d'écouter celui-ci. Le précédent EP était facile d'accès et l'attrait immédiat avec des compositions quelque part entre Medication et Gone Is Gone qui m'ont séduit avec ce côté un peu gras et lourd enveloppé dans des mélodies stoner-rock. Sur Tsuriai la qualité du travail transpire et la prod est léchée mais le propos s'est considérablement ralenti, plus introspectif et ambiant le trio messin a opté pour davantage de finesse et d'aérien, seul « The best part » à l'étroit semble vouloir sortir du rang, le problème c'est que ça ne décolle pas, Tsuriai handicapé par son format (autoproduction oblige) reste au sol, autant «Down» aurait pu ouvrir les hostilités et «Thinking of you» les clôturer sur un long format avec des titres plus pêchus autant là ils plombent ce premier volet censé donner envie d'écouter la suite, c'est ballot !

Domino And The Ghosts / Chronique EP > With decay... and no compassion

Domino And The Ghosts - With decay ... and no compassion Je ne vous cache pas avoir vécu l'écoute de cet Ep avec plus de scepticisme que de passion. Ma première discorde ? La charte graphique du projet. Vous savez ce qu'on dit, la première impression conditionne toujours le jugement... À ce niveau je ne dénigre pas le contenu, mais le fond/la forme allant de pair, autant bosser la chronologie..
Donc, je n'ai déjà pas pu (ou pas su) me retrouver dans cet artwork à tendance nocturne et urbaine, le Reflex en pose longue, terriblement GettyImage, déjà mille fois utilisée, tombée dans le bien commun et qui m'a directement fait penser au A weekend in the city des Bloc Party. Alors là où la référence n'est pas un problème, l'association avec ce blase, un peu "téléphoné" du frontman accompagné de ses fantômes, me remue légèrement : je n'ai pas pu faire taire l'impression un peu fade d'une identité peut être pas assez aboutie. Je dis bien peut-être.

Pourtant, le projet date de 2005. Si l'Ep n'a pas connu 7 années de gestations, le projet lui oui. On pourrait d'abord penser que 7 ans c'est bien, c'est le temps nécessaire pour réfléchir, peaufiner. Mais 7 ans c'est en réalité très compliqué. 7 ans c'est aussi le moyen de se priver d'une certaine urgence et d'une certaine fraîcheur. À l'écoute, il faut le reconnaître, le contenu est très bien engagé. Assurément, les personnes aux commandes savent où elles veulent aller : La composition est calculée, rien n'est laissé au hasard et les arrangements sont efficaces. Mais il flotte comme un air d'académisme au pays du riff bien mineur, de la sauce stoner monocorde chromatique. La machinerie est enraillée et c'est fatal : ça ne mord pas vraiment et l'énergie me fait l'impression d'avoir été orchestrée et construite de toute pièce. Ici tout est imposé à l'auditeur. Pitié, suggérons un peu. C'est tellement plus efficace que de dicter une atmosphère avec une addition de ton sur ton, entre la basse sombre, lente et distordue, la voix sombre, murmurée, parlée tantôt poussée, la batterie sombre lourde et fournie et des guitares dans de sombres gimmicks caverneux. Le tout sur 4 titres. Cette équation à priori valable ne fait malheureusement pas le style. Il manque ce facteur indéfinissable, tant convoité, qui fait la différence, faisant basculer le tout et par le même temps, chavirer les cœurs.

La production, assurée en partenariat avec Baptiste Bouchard (My Own Private Alaska, Agora Fidelio), est léchée, belle et sublime bien, d'une certaine manière les arrangements. Mais le résultat trop agréable, propre et calculé vient faire mentir "le brutal", "l'immédiat et violemment sincère", "Sans concessions, sans limites" pourtant annoncé : je n'ai rien d'écorché entre les oreilles. Il aurait peut être fallu imaginer une production plus à l'arrachée, plus urgente, amatrice peut être, qui aurait pu témoigner d'une vitesse et d'une brutalité véritablement spontanée, à l'image des Jesus Lizard pour le chapitre Noise/Rock, ou même plus récemment avec Femme Fatale le projet de Jessy F. Keller (Ex-Death From Above 1979). Juste pour l'approche, car il est clair qu'on ne touche pas à la même esthétique.

Malgré tout, cet opus mérite largement qu'on se penche dessus, déjà pour le travail engagé et pour sa qualité de première parution. Avec le temps Domino & The Ghosts va encore affiner son propos et sa direction pour offrir des compositions et un style qui sera, j'imagine, de plus en plus personnel avec et grâce à des lives qui ne pourront qu'oeuvrer dans ce sens.