Originaire de Trondheim (surtout connu pour les exploits de son club de foot, Rosenborg), les quatre furieux composant Dominic évoluent ensemble depuis 2002. Et depuis lors, ils s'astreignent à faire régulièrement fumer les guitares en sortant des disques à intervalles plus ou moins réguliers. Une démo pour commencer comme tout le monde lors de leur première année d'existance. Un EP éponyme en 2003, suivi d'un autre EP l'année suivante (Running with scissors), avant l'étape du premier album, éponyme, franchie avec brio par les Norvégiens en 2006. Le quartet joui alors d'une bonne côte en Europe, tourne avec pas mal de monde et sort un split avec les frenchies de The Third Memory (Impure Muzik, 2008). Un an plus tard, paraît chez Denovali Records, le deuxième album long-format du groupe : Nord.
Dominic
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Dominic / Chronique LP > Persona
Premier titre : claque intégrale. Intensité, groove, fureur. Des mélodies éraillées, du riff qui tranche dans le lard, un climax enflammé et une tension émotionnelle qui emmène l'auditeur à son Nirvana : "To live for" est une bombe. Vivre ou mourir, Dominic a choisi (comme d'autres...). A tel point qu'il justifie à lui seul l'acquisition immédiate de Persona, le quatrième album des Norvégiens... lesquels poursuivent quand même leurs efforts sur un "Right for me" qui joue la carte d'un indie-emo-rock versatile à la rythmique soutenue. Là encore ça fait mouche même si après le coup de Trafalgar du titre inaugural, fatalement, ça prend un peu moins bien quand même... alors les nordiques remettent les gaz avec un "Skin deep" incandescent.
La tension inexorablement paroxystique, les amplis qui passent dans le rouge et voici que Dominic s'amuse avec les codes de l'indie-rock pour les mettre en pièces détachées à coup de d'émo-rock puissant (un "Expiration date" à l'urgence palpable, "Dreamless sleep" et sa hargne contaminatrice doublée d'un final dantesque). Une écriture extrêmement racée, de l'efficacité imparable et une bonne dose de prise de risques, calculés certes, mais bienvenus, Persona a tout de l'album quasi "parfait" pour un groupe qui marche autant à l'expérience qu'à la remise en question permanente. En témoignent notamment des titres du calibre de "The only thing that's for certain" ou de "Last breath" et sa frappe de batterie extrêmement sèche. Une certaine aridité rythmique qui traduit une volonté percussive paradoxalement très forte de part l'impact qu'elle procure sur des compositions aux motifs indie-(pop)-rock sans cesse sur la corde raide.
Parce que plus que toute autre chose, Dominic recherche la rupture. La cassure stylistique et en même temps l'éruption émotionnelle dans la frénésie screamo-rock aux effluves presque punk ("A new dawn"). Une contagion sonore qui se propage sur l'ensemble des titres de l'album, lui donnant ainsi toute son amplitude, son caractère imprévisible et continuellement passionnant. Toujours aussi imprévisible qu'à l'accoutumée, ravageur et clairement addictif, les nordiques continuent après une douzaine d'années de carrière, de se bonifier. Jusqu'où ? Réponse au prochain album.
Dominic / Chronique LP > Nord
Quand on ne sait pas comment baptiser son album, autant faire simple. Avec Nord, les Nor(d)végiens de Dominic se contentent d'évoquer vaguement leur origine géographique et laissent la surprise quant au contenu dudit disque, du moins pour ceux qui ne les connaissent pas encore. Et pour ceux-là, la surprise est plutôt réjouissante, car les scandinaves pratiquent ici un rock ultra-nerveux, noisy et soumis à un très puissant bombardement de screamo éruptif. Alors fatalement, ça racle le sol, ça fait fumer les amplis et surtout, ça se laisse envahir par une énergie brute sauvagement communicatrice. Les Lack et autres Kaospilot peuvent aller se rhabiller... L'inaugural "End of man" ne laisse aucun doute, ça va envoyer du gros son façon. Et effectivement, ça envoie plutôt pas mal. La batterie est en retrait, les guitares font le métier pendant que l'aboyeur en chef met tout ce qu'il a dans les chaussettes pour faire vibrer des compos plutôt efficaces ("Farewell welfare"). Un son âpre qui sied parfaitement au registre musical dans lequel évolue le gang norvégiens, des titres qui oscillent entre rock tendu et noise agressive, le tout baignant dans les effluves hardcore d'un screamo épidermique et sauvage ("Idiocracy", "Incorporated desert fields"). Breaks flirtant avec les contrées du post-rock (si si...), basse rampante, des torrents de riffs qui grimpent le long de notre colonne vertébrale, un vocaliste qui s'époumone jusqu'à plus soif, le son made in Dominic se veut à la fois rampant et compact, intense et fulgurant ("Deep, deep and forever"). Et c'est dans cet esprit que Nord impose sa marque sans jouer sur les clichés éculés du genre, sans pour autant révolutionner le genre non plus (paradoxe quand tu nous tiens), le groupe parvient à se faufiler entre les figures imposées du style, les poncifs déjà vus et revus pour distiller un cocktail musical à la fois acide, primal et élégant ("Get rich and die trying", "Railroad of attraction"). On aurait pu croire que les Dominic seraient tentés de se placer dans l'ombre de la référence JR Ewing, mais finalement, les Norvégiens parviennent à se défaire de l'héritage un brin encombrant de leurs illustres aînés pour parfaire leur son et imposer leur griffe musicale. Mission accomplie.