Dominic Sonic Qu'avons nous fait ? Ex-membre du groupe Kalashnikov, Dominique Garreau aura commencé sa carrière musicale sous l'étendard du mouvement punk. Connu sous le nom de Dominic Sonic, il se lance rapidement dans une carrière solo s'inscrivant davantage dans le courant du rock français. Il enregistre six albums studio et reste actif jusqu'à sa mort qui survient en 2020. Le musicien est alors âgé de 55 ans. Avant qu'il ne décède, il avait enregistré quelques maquettes sur des bandes. Tout cela sort sur un ultime album en mars 2024 : Qu'avons nous fait ?.

Un album à titre posthume donc. On peut toujours se demander pour l'éthique : l'artiste l'aurait-il voulu ? Dans ce cas précis, la réponse est sans équivoque : oui. En juin 2020, alors qu'il se savait mourant, Dominic Sonic veut sortir encore quelques titres, dans l'urgence. L'envie de création était là. Bien sûr, le moral n'est pas au beau fixe.

Condamné, il réalise des compositions essentiellement calmes et funestes. Le chanteur d'origine bretonne chante sur un ton nonchalant larguer les amarres. Avec "Qu'avons nous fait, qu'avons nous dit ?", il dresse le bilan. Accompagné de Miossec, il semble rassembler quelques souvenirs éparpillés avec une forme de légèreté. Malgré tout, le titre se finit par et toi ton train, il part quand évoquant l'immédiateté de son décès.

"Puisqu'il n'y a rien à enfer" illustre la tristesse de quitter un amour sans le vouloir. Les textes de ce morceau sont assez émouvants. C'est dans ce contexte que Dominic Sonic réveille un son plus rock, plus noir. Cette thématique revient sur "Celui qui part" où il fait la promesse dans mon sommeil éternel, je rêverai de toi. Après quelques notes de synthé, ce texte se pose sur un chant fait d'échos. D'autres voix s'ajoutent et rendent l'émotion vibrante. Le chant principal semble distant. C'est une ballade en guise d'adieu.

Quelques passages créent la surprise. "A ma décharge" fait intervenir une multitude de cuivres. Le style est free rock et l'ambiance est au chaos. Pendant ce temps, Dominic Sonic utilise un chant parlé dans lequel il multiplie les calembours. "La çoise" fait intervenir l'accordéon et prend des airs de chanson française. Un univers qui rappelle un peu Les Hurlements d'Léo sur leur premier album (1998 - Le café des jours heureux). Enfin, l'album a le droit a sa composition instrumentale avec "Requiem". Après un joli tour de piano, on croit entendre ce dernier se fermer comme dans un clap (de fin). L'histoire est consumée, mais depuis l'au delà, Dominic Sonic ne laisse pas de marbre.