Domadora n'a pas changé grand chose depuis son excellent Tibetan monk (un changement de batteur en cours de route tout de même), le titre de ce nouvel album est d'ailleurs dans la lignée du précédent avec ce qu'il faut de mystique et de peuplade éloignée. Le trio, amateur d'art sous toutes ses formes, s'est offert le luxe d'enregistrer une partie des titres à l'Auditorium du Louvre, un lieu idéal pour dynamiter l'inspiration et encourager les expérimentations.
Qui est donc ce The violent mystical Sukuma ? Difficile à dire tant les pistes explorent différents domaines et montrent de multiples visages. Celui d'"Hypnosis" et "Jack tripping" qui naviguent dans les mêmes tonalités même si le dernier apporte un peu de psychédélisme dans un album qui l'est beaucoup moins que le précédent ? Celui des titres plus concis (et du coup avec un peu chant) comme "Indian depression" ou "Rocking crash hero" (titre clin d'oeil au "Working class hero" de John Lennon) mais tout autant efficaces que le tentaculaire "Solarium", un titre coupé en deux dont la première partie est très rock et la seconde bien plus hard avec de beaux riffs option "stoner qui trace la route". Ou encore celui de "Girl with a pearl earring" et ses superbes distorsions ? L'essentiel étant ici de dessiner des structures, de les embellir avec des notes éclairées et de se laisser embarquer dans la folie créatrice.
Avec quatre pièces au-delà des 8 minutes (dont une qui dépasse le quart d'heure), il faut toujours s'accrocher et éviter de se disperser pour profiter de leur univers, ne compte pas "faire autre chose" en écoutant Domadora, le groupe accapare toute l'attention et ne permet pas à l'esprit de divaguer ou alors tu risques de perdre tout le sel des morceaux ou de te perdre tout court.
Publié dans le Mag #26