Quand le premier album de Do Not Machine a commencé à tourner sur nos platines en 2020, ce fut une bénédiction. Rien de moins. La réunion des quatre mousquetaires - Alex (Zenzile), Ben (Last Time Voodoo) et les frères Belin (Camille et Etienne, Daria, Lane) - autour de ce projet presque sorti de nulle part, a donné naissance à Heart beat nation, un premier jet de toute beauté admirablement exécuté dans un registre indie power pop à haut degré de fuzz cher aux glorieuses années 90. En un disque et sans qu'on y soit préparé, Do Not Machine a plié le game, faisant de ce side-project un groupe irrésistible. Et ce qui aurait pu n'être qu'une formation éphémère le temps d'une production unique est devenue une aventure pérenne concrétisée par un deuxième effort qui vient de paraître.
On peut légitimement s'interroger sur une éventuelle pression qu'aurait pu supporter le quatuor angevin au moment de coucher sur bande le successeur de Heart beat nation. Mais en y réfléchissant à deux fois, je suis convaincu qu'il n'en a rien été. C'est l'amour de la musique, tant dans sa création que dans son exécution, qui a été le leitmotiv de Celebrations of the end et qui rend ce disque touchant et renversant. Enregistré, mixé et masterisé par la même équipe ayant œuvré pour le précédent opus, cette nouvelle production caresse le sublime. Et dès sa lancinante et impeccable entame ("Feather"), tout y est : guitares surpuissantes, refrain impeccable, mélodies vocales entêtantes, mélodies intrigantes. Cinq minutes pour se mettre dans l'ambiance et amorcer "The second take", la bombe du disque qui mettra d'accord les amateurs des sonorités "seattliennes". Et quand le groupe joue en mode plus aéré dans un registre post rock mélancolique et atmosphérique ("Constellation", "A new love ends"), on ne peut qu'être impressionné par la facilité avec laquelle il accroche l'auditeur. Un véritable travail d'orfèvre. Ou tout simplement, comme suggéré ci-avant, un boulot de passionnés. En bon rockeur que je suis, je suis bien plus accroché par les morceaux coup de poing ("Glass kingdom", l'hypnotisant "A shelter on demand" ou le génial "Waterfalls" s'étalant sur 8 minutes sans qu'on puisse s'en lasser) mais Celebrations of the end est à considérer dans son ensemble. Et j'ai beaucoup de considération pour ce disque !
Do Not Machine avait déjà mis la barre très haut avec son premier skeud. Sans changer sa formule magique, le groupe explore des terrains non balisés mais loin d'être impraticables au vu de son talent. Encore un disque qui va squatter la platine un bon moment, c'est sûr.
Publié dans le Mag #59