L'histoire de Division Day débute à l'été 2001, lorsque quatre étudiants (Ryan Wilson, Rohner Segnitz, Seb Bailey, et Kevin Lenhart) décident de faire de la musique ensemble et composent un premier EP autoproduit. Quelques shows plus tard et c'est déjà la fin de l'été, le groupe doit mettre ses activités en stand-by, poursuite d'études oblige. Pendant les deux années qui vont suivre, le groupe se retrouvera chaque été pour continuer à jouer ensemble, assurer quelques concerts et bosser leurs nouvelles compos. Entre les divers occupations de ses membres (exams, fiesta, exams et re-fiestas...), Division Day poursuit lentement mais tranquillement son petit bonhomme de chemin sans que l'on sache alors ce qu'il adviendra réellement du quartet. En 2004, le groupe relance la machine en sortant un nouvel EP, un peu plus officiel celui-ci et intitulé The mean way in. Composé de six-titres, ce mini-album vaut au groupe de signer un deal avec Eenie Meenie Records (Oranger, Great Northern...) l'année suivante et de débuter l'enregistrement de son premier album. Un disque qui leur prendra un certain temps et pendant lequel le groupe se rôdera encore en live avant de connaître quelques péripéties comme seule l'Amérique sait nous en offrir (l'un des membres du groupe passera une nuit en cellule pour avoir assurer pendant quelques heures un concert au Canada alors que son visa avait expiré quelques jours auparavant). Pas toujours facile le quotidien d'un groupe mais Division Day poursuit sa route bon gré mal gré et finalise son album début 2007, enregistre un EP de reprise durant l'été et sort son Beartrap Island à l'automne.
Division Day
Biographie > 24 hour party people
Division Day / Chronique LP > Beartrap island
Une intro ultra-saturée, des nappes synthétiques hésitantes, une voix légère, célèste qui s'élève encore et encore pour ne plus jamais sembler redescendre, le premier contact avec Division Day, est pour le moins surprenant. Le groupe possède un univers musical qui lui est clairement propre et s'il évolue dans un registre indie-rock évident, il n'en possède pas moins un sens aigu du détournement des caractéristiques du genre. A partir de là, la plongé dans le monde parallèle de Beartrap island est une expérience à tenter au moins une fois par tous les amateurs de musique indé qui se respecte. Une rythmique infernale, une pop survoltée à la Bloc Party des débuts, des guitares qui foncent à la vitesse du son, une mélodie facile mais ultra-efficace, une fois passée l'intro éponyme, Division Day lance la machine à plein régime d'entrée de jeu avec l'épileptique "Ricky". 2'13'' montre en main, le morceau est court, la production, assez sèche et limite rugueuse, mais le résultat est là : limpide, détonant, salvateur.
Après ce coup de Trafalgar, "Catch your death" puis "Hurricane" redescendent sur la terre ferme et prennent le temps de développer des orchestrations finement ciselées autours de mélodies fragiles, pop-rock, feutrées, classieuses mais finalement irrésistibles. La démarche n'est pas si éloignée de celle des Hollywood Porn Stars, ces spécialistes du tube immédiat qui fédère les foules, met le public à ses pieds et le laisse repartir le sourire aux lèvres, l'esprit léger. Ici, l'orientation est certes, plus pop, mais on retrouve quand même cette faculté à livrer des morceaux passe-partout façon Novastar, mais délicieusement inspirés et qui n'oublient pas pour autant d'être discrètement inventifs ("Lights out", le fragile et merveilleux "Hand to the sound"). Une pop stratosphérique aux délicate textures éléctroniques, une aisance mélodique rare, Division Day pourrait en rester là, mais ne peux s'empêcher de reprendre les guitares pour faire parler la poudre avec des pop-songs qui n'ont rien définitivement rien d'acidulées, des compos aux effluves indie-rock ("To the woods") avec un soupçon de disto qui fait son apparition là où on ne l'attend pas... pour finir dans un délire noisy impromptu mais jouissif.
Telle est la marque de fabrique des auteurs de Beartrap island : se poser comme des élèves doués, adeptes d'une pop indé et d'un rock inventif mais bien élevé, avant de saborder le tout pour jouer avec des riffs abrasifs et surtout terriblement corrosifs. Un peu comme s'ils prenaient un malin plaisir à détourner les codes de la tradition émo-pop-rock indé nord-américaine ("Tigers", "Dayenu"), les Division Day jouent les funambules. Imprévisibles, toujours là où on ne les attend pas. Capable de tout mais surtout du meilleurs, ils se permettent des tours de passe-passe musicaux, osés, complexes mais maîtrisés. Devant la démonstration quasi anachronique, les puristes auront les oreilles qui sifflent mais dans le même temps, les amateurs de prises de risque inconsidérées apprécieront. Car au milieu des compositions raffinées, soignées et sagement structurées, le groupe se plaît à insuffler quelques touches expérimentales sortant de l'ordinaire ("Reversible") et donnant des couleurs étranges à un Beartrap island pour le coup dans le ton de son artwork, soit étrange et insaisissable... tout ça pour finalement rentrer dans le rang sur les quatres derniers titres de cet album ("Colorguard" en tête...). Inventif et brillant, maîtrisé et imprévisible.