direct hit! direct hit! Pour info, j'ai choisi de vous interviewer parce que vous êtes en tête d'affiche de la soirée de samedi, donc c'est vous les stars, et aussi parce que je vous ai vus lors de votre première tournée française avec mes amis de Maladroit...
Nick (guitare/chant) : C'est génial ! Trop cool ! Merci !
Devon (guitare/chant) (rires) : Est-ce que Adi (NDLR : précédent bassiste de Maladroit) refuse toujours de manger des légumes ? Quand on a tourné avec eux, il ne mangeait rien de ce qui venait de la terre.
Nick : Wow ! Rien à voir mais ce café est excellent !

On est en France, ce n'est pas votre jus de chaussette, l'Americano. (rires)
C'est votre première tournée européenne depuis le Covid, première fois que vous reprenez l'avion pour venir jouer, comment vous sentez-vous ?

Nick : Oui, ça fait sept ans qu'on n'était pas revenus en Europe, c'est notre première véritable tournée depuis 2019, quand on était partis avec Masked Intruder mais c'était aux USA... J'en parlais justement à l'instant avec Kevin des Copyrights (NDLR : groupe ricain de punk rock dont ils sont proches et présent également sur le festival), les enjeux sont assez importants. Pour être honnête, j'étais encore un peu anxieux il y a quelques semaines à l'idée de monter dans un avion, tout ça... Ça ne m'était jamais arrivé avant ! Mais ça a diminué progressivement et là c'est surtout de l'excitation.

Et vous avez déjà repris les concerts aux USA ?
Nick : Oui, on a fait notre premier weekend il y a environ un an, après le confinement, à Chicago et autour. Puis quelques dates par ci, par là, quand on nous les proposait mais sans jamais trop chercher de notre côté, ce qu'on avait coutume de faire avant. On n'avait pas trop de nouvelles chansons à proposer non plus... Or là, j'en ai écrit une quinzaine pour un nouveau disque, je n'avais pas trop le goût de les maquetter donc on va en tester un peu sur la tournée.

J'allais justement vous demander comment vous aviez occupé ces deux années précédentes.
Nick : Au début, j'avais comme plan de répéter 3-4 fois par semaine, composer, enregistrer des démos et finalement, je me suis recentré sur ma famille, j'ai renoué certains liens et c'était très chouette. Bon, désolé, je sais que c'est pas une réponse très punk-rock (rires). Mais c'était vraiment une période bizarre, de vivre une espèce de vie normale, ne plus partir continuellement en tournée comme on le faisait, ne plus penser aux prochains concerts, au disque d'après... Ça a finalement été une période plus commode que je ne l'aurais pensé. Je suis même allé visiter tous les parcs nationaux autour de chez moi, dans le Wisconsin, alors que je ne suis pas vraiment une personne qui aime la nature et ces trucs de plein air (rires). Et vous les gars vous avez fait quoi ?
Devon : Euh... pas mal de jeux vidéo, j'ai aussi bossé sur de la musique perso, enregistré quelques démos chez moi et me suis globalement tenu éloigné de tout le monde. J'ai traîné un peu avec Joram mais je suis principalement resté à la maison.
Nick : J'aurais peut-être dû commencer par dire que j'ai aussi construit un studio d'enregistrement dans ma maison. Ça m'a permis d'apprendre pas mal de nouvelles choses en lien avec la musique, autre que juste écrire des chansons.
Joram (basse) : Moi aussi, je me suis reconnectée avec mes proches, ma famille... en me disant : "ah, c'est ça la vie sans le groupe". Mais ça ne me semblait pas tout à fait normal.
Logan (batterie) : Moi j'ai convaincu ma copine de déménager sur Milwaukee, on a acheté une maison et on s'est fiancés.
Tous : Yeah ! Félicitations !

Qu'est-ce qui vous a alors motivés à remonter dans le van et repartir pour cette vie de tournées dans des conditions parfois précaires ?
Nick : Oh, mais parce que j'adore tout cette "merde" ! J'espère que c'est évident que j'aime ma fille, ma femme, le reste de ma famille, mais la musique est toute ma vie. Je n'avais qu'une envie, c'est que tout ça reprenne ! En même temps, c'était un peu bizarre d'avoir ces sentiments confus à l'approche de cette tournée mais elle avait déjà été repoussée deux fois, il fallait que ça ait lieu. Déjà qu'elle était prévue au départ pour avril 2020 et qu'on avait sorti deux albums chez Fat Wreck Chords sans pouvoir jouer ces morceaux en Europe. Et puis j'adore découvrir des nouvelles cultures, rencontrer des gens dans leur environnement, savoir ce qu'ils font dans la vie, ce qu'ils mangent, ce qu'ils écoutent... ce sont des expériences hyper enrichissantes et ça me manquait vraiment. Bien plus que jouer des chansons et faire la fête. D'ailleurs, faire la fête est quelque chose qui me branche de moins en moins, j'ai 37 ans maintenant ! (rires)

Et c'est toujours possible de tourner en 2022 sans perdre de l'argent ?
Nick : Oui, bien sûr ! Tu fais référence à mon article dans Vice en 2014, c'est ça ? (NDLR : You don't have to loose money on tour. An idiot's guide to touring cheap.) Encore une fois, tout dépend de ton train de vie, mais c'est vrai qu'en ce moment, le prix démentiel de l'essence plombe de plus en plus le budget. Après s'il faut dormir à même le sol pour économiser une nuit d'hôtel, on le fait. On est loin d'être des divas, comme tu peux le constater (rires).

Malheureusement pour nous les Français, vous ne faites qu'une seule date dans notre beau pays. Pourquoi ?
Nick : Je ne sais pas, ce n'est pas moi qui ai calé la tournée. J'aurais bien aimé.
Devon : C'est surtout quand on était avec Maladroit qu'on a joué dans plusieurs villes en France. Lyon, Paris... ah mince, je ne me rappelle plus des autres. Mais c'était cool !

Nick, tu parlais de Fat Wreck Chords, votre prochain disque sortira à nouveau chez eux ?
Nick : Aucune idée ! On doit déjà être sûrs que nos morceaux sont bons avant de leur proposer parce que sinon ils n'en voudront pas. Ils ont encore bon goût. (rires)

direct hit! direct hit! À l'époque, dans les 90's, ça voulait dire quelque chose de sortir un disque avec le label Fat Wreck Chords, en termes d'exposition, promotion. C'est toujours le cas maintenant ?
Nick : C'est clair ! J'ai découvert le punk rock un peu tard, à 15-16 ans, dans une toute petite ville loin de Milwaukee et quand on tombait sur un concert, un disque d'un groupe Fat Wreck Chords, même si on ne le connaissait pas, on y allait sans réfléchir. C'était forcément punk. Je raconte parfois cette anecdote mais ma tante m'avait offert un mini-disc pour mon anniversaire et je suis allé dans un Best Buy (NDLR : équivalent américain de Cash Converters) pour l'échanger contre tous les disques Fat Wreck Chords que je pouvais en CDs et j'ai passé 3-4h sur le parking à les déballer, les écouter. Je m'en rappelle comme si c'était hier, je me rappelle de ce logo... Il y avait entre autres Leche con carne de No Use For A Name. Et ils sortent toujours des très bons groupes : Dillinger Four, The Lawrence Arms, Pears,... nous ! (rires)

Et sinon, c'est quoi votre truc avec les lettres majuscules (NDRL : beaucoup de leur communication sur les réseaux se fait ainsi) ?
Nick : GET PUMPED ! Ahaha ! Je ne me rappelle plus exactement quand j'ai commencé à faire ça mais c'est parti d'un gars, dont le pseudo était Zodiac chéplukoi, qui n'arrêtait pas poster des trucs désobligeants en lettres majuscules sur Alternative Press. Et quand tu faisais défiler les commentaires, tu étais certain de ne pas le rater. Je me suis dit, tiens et si je faisais pareil, comme ça quand les gens scrollent, ils savent direct qu'il y a des infos concernant Direct Hit !.
Devon : Oui et puis la blague est devenue une blague, on fait des blagues dessus... c'est sans fin et ça fonctionne. Les gens l'adorent. Regarde, tu nous en parles. (rires)

Question un peu classique mais toujours intéressante, je trouve : vous écoutez quoi en ce moment ? Des nouveautés à conseiller ?
Nick : Là, je suis dans une période Tom Petty et Turnstile en boucle, quotidiennement. Après, je ne sais pas trop ce qui sort en ce moment.
Devon : Teenage Halloween, j'adore ce groupe ! Turnstile aussi, pas mal de Decent Criminal, Planet Smashers...
Nick : J'ai une fille de 6 ans, tout ce qu'on écoute à la maison sont des chansons de dessins animés et Olivia Rodrigo. Ah si, j'ai mis Cannibal Corpse l'autre jour et elle a aimé. (rires) D'ailleurs ils jouent en novembre dans un petit club de Milkauwee, The Rave, et j'ai prévu d'y aller. J'en profite parfois quand ma femme et ma fille ne sont pas là pour écouter du metal.

Perso, j'ai découvert Cannibal Corpse dans le film Ace Ventura...
Nick : Pareil ! Au début, je croyais que c'était un faux groupe, des figurants mais pas du tout !

Première date de votre tournée à l'Xtreme Fest, c'est quoi la suite ?
Nick : Et bien demain on joue à Leipzig. Donc on fait notre concert, on va prendre une douche à l'hôtel, puis on a un avion pour Berlin à 6h50. De là, on prend un train avec notre merch pour Leipzig. On fait notre concert, on y dort puis on retourne à Berlin pour y jouer. Le lendemain, on prend un avion pour Londres, on roule de l'aéroport jusqu'à Stafford.
Logan : On pourra enfin dormir à Leipzig ? Cool.

Mince, vous n'allez pas pouvoir profiter du lac de Cap Découverte.
Nick : Quoi, il y a un lac ? Mais non ! Pourquoi tu nous as dit ça ?
Devon : On rate aussi l'after à base de sexe et coke, c'est ça ? (rires)
Nick : C'est cool de savoir qu'il y a autre chose que des couloirs et des portes, c'est tout ce qu'on a vus pour l'instant.

Merci à vous pour votre temps, je vous laisse vous préparer pour votre concert tout à l'heure.
Nick : Merci à toi de t'intéresser à nous, on apprécie vraiment et c'était très sympa.