Deville - Come heavy sleep On prévient les âmes sensibles, les tympans délicats, les amateurs de rock indie popeux et les jeunes filles en fleur, Come heavy sleep c'est une tuerie. Point barre. La chronique pourrait s'arrêter là, ce serait tout comme mais vu qu'on est professionnels jusqu'au bout du manche, on va expliquer pourquoi. Intro, sobrement baptisé "Intro", subtilement cinégénique, bande-son idéale d'un affrontement à venir entre hordes de vikings déchaînées et légions romaines stratégiquement alignées. En quelques quarante et une petites secondes parfaitement ambiancées, Deville nous met en situation, pour faire court : ça va cogner. Les suédois nous lâchent alors un "Sunset capricorn" dans les tuyaux et là, on comprend que les bûcherons venus du Nord n'ont pas fait le déplacement pour rien. Du pur stoner aux riffs qui tronçonnent, à la section rythmique bulldozer et à la production "heavyssime" (copyright déposé) particulièrement couillue. Et comme d'un point de vue mélodique, ça n'a rien à envier aux figures incontournables du genre, Deville assomme la concurrence après ce seul premier titre. Mat en un coup. C'est rude, mais c'est comme ça. Et après ?
Après, ces hommes venus du froid n'ont rien trouvé de mieux qu'enfoncer le clou en administrant un "Come heavy sleep" éponyme absolument magistral. Vibration métallique, bourdonnement typiquement stoner, le groupe lâche du gros, du brut qui fait mâl(e) et qui défouraille à tout va. Irrémédiablement addictif. Rien à redire, pas un poil qui ne dépasse, Deville c'est du sacrément solide qui en met partout où il veut avec une précision quasi chirurgicale. Un vrai manuel du parfait album de stoner brut de décoffrage qui se respecte. Mélodies enlevées, véritable hymne au désert (rock), une indentité musicale qui puisse sa source d'inspiration dans le mouvement stoner/grunge des années 90 (Kyuss, Soundgarden en tête), la puissance de frappe post-moderne en plus. Effluves narcotiques et guitares rampantes, "Black dawn" impose sa griffe via une maestria rock hallucinante, quand "Desterter" puis "Stillborn" jouent la carte d'un stoner plus enlevé mais tout aussi (sur)puissant. Plus feutré, comme une petite douceur dans cet album de brutes, "Earthburn" dévoile sa mélancolie à fleur de peau délicatement déposée au coeur d'instrumentations chargées en effets avant une petite explosion de décibels qui réchauffe immédiatement l'atmosphère. Une main de fer dans un gant de velour... (ou l'inverse). Un petit interlude plus tard, "Open gates" placé là pour faire respirer un peu ce Come heavy sleep, et les suédois repartent la fleur au fusil avec un "Into the smoke" qui sonne très Foo Fighters. "Sweet blood" dopé aux guitares tranchantes puis "Far beyond" alternent avec plaisir passages heavy et ballades enfumées le long des canyons avant que "Rise above" ne se charge de finir le travail en précédant une "Outro" en forme d'épilogue élégant et raffiné. Mais à l'heure de refermer cet album, Deville s'essaie au stoner doom métallique à la lourdeur implacable et au groove typiquement hérité des chamans d'Electric Wizard. Impressionnant de puissance et de groove, le combo suédois conclut les (d)ébats comme il les a entamé, tout en force...