dEUS - Following sea "L'idée d'attendre des mois avant de publier de la musique est tellement dépassée.". Soit. Il y un mois, les belges de dEUS décident à la surprise générale de sortir un nouvel album, neuf mois après le décevant Keep you close. Une envie urgente de dépoussiérer les fonds de tiroir ? La peur de voir ces morceaux prendre un coup de vieux sur le prochain disque ? Un vrai faux cadeau offert aux personnes qui continuent allègrement de suivre les aventures des Anversois ? Non, Tom Barman assume avoir eu "honte d'avoir livré neuf titres en deux ans". Ces dix nouvelles offrandes compilées sur Following sea sont l'occasion pour nous de vous livrer nos tops et nos flops. C'est parti !


Nos tops :

"Quatre mains" : La belle surprise de découvrir une chanson en langue française, une vraie première pour les Belges (si l'on omet d'ajouter l'expérience live piano-voix de Tom Barman avec Guy Van Nueten en 2004). Comment ne pas penser au Gainsbourg des années 80 lorsqu'on écoute le phrasé talk-over de Barman ? Cinq minutes d'une dynamique dont la noirceur envoute inlassablement.

"Hidden wounds" : Voilà le genre de couplet parlé et jouissif qu'on ne trouve plus beaucoup chez dEUS, telle une confession lancinante qui franchit progressivement les limites d'une pop enchanteresse.

"Girls keep drinking" : Guitare funky, basse ronde, flow assuré, le groove ensorcelle sans artifice. L'effet est direct, certes déjà-vu mais quand c'est bon, c'est Bonduel !, inutile de se voiler la face.

"Nothing" : Ballade fragile aux guitares über cristallines, telle une caresse dans les cheveux. Une cousine éloignée de "Little arithmetic" (In a bar, under the sea) qui est malheureusement trop courte à notre goût.

"Fire up the google beast algorithm" : Sans conteste, le meilleur titre de l'album ! Tout y est : l'énergie, la créativité, des putains de vocalises entrecroisées. Un véritable coup de semonce qui vient balayer, sur un trop court instant (à peine deux minutes), certains regrets qu'on peut avoir sur cet album.

"One thing about waves" : Plus de six minutes pour un morceau qui s'annonce comme épique ou qui en a tout l'air. Aérien dans le fond, répétitif dans la forme, il monte en régime progressivement met en perspective les enchevêtrement des instruments sous la coupe d'un Tom Barman dont la forme vocale est rassurante. Mais qui pouvait en douter ?


Nos flops :

"Siren" : Ou comment replonger dans les affres de ces pop-songs à la mélodie facile. Avalée puis recrachée. Le même effet qu'un "Ghost" sur Keep you close, pour situer.

"The soft ball" : Poussif et lissé, ce titre n'aura que l'avantage d'apporter un peu de couleur à l'ensemble de ce disque. Son aigreur domine largement les débats.

"Crazy about you" : Autre exemple de morceau manquant terriblement d'intérêt. Pas loin de la pop-song type d'un mauvais groupe américain de la fin des années 80, début des années 90. On se consolera en se disant que même les plus grands l'ont fait.

"The give up gene" : A la première écoute de ce morceau, le rythme fait étrangement penser à "Kiss" de Prince. L'idée est initialement bonne mais le problème réside dans le fait qu'on côtoie le vide avec en guise de décoration sonore des tests de sons de claviers tout naze. Véridique !


Disque inégal touchant à la fois les cieux comme le fond, Following sea est un peu à l'image du groupe qui, ces dernières années, nous a habitué à ce genre de disque où chaque bonne surprise se traduit presque comme un exploit. C'en est devenu irritant à la longue.