Despondents : Y2K Entrée au didjeridoo, léger placage d'accords sur une électro-acoustique, flute, percussions, violoncelle, c'est l'ambiance feutrée des soirées calmes autour d'un feu de cheminée. Changement d'ambiance, d'intensité avec "Reste l'histoire", intense chanson aux textes en français, un petit gribouillis guitare-chant, puis c'est l'envol, le chant prenant la guitare comme appui, la basse comme pulsation interne, légèrement Brixia (pour les connaisseurs...) dans l'approche, assez pop, -Opter pour le pire sans jamais être puni, penser pour les autres sans répit-. Le reste est du même accabi, les paroles sont mystérieuses, intenses, abstraites, se mèlent dans un tourbillon sonore de pensées en 2 minutes 40. "Intention", texte en anglais, back vocals masculins. Despondents mélange aussi bien textes en anglais qu'en français, ne se laissant pas brider dans son imagination par des considérations linguistiques. Petit riff progressif qui laisse sur la touche, et sa fin en point d'orgue qui n'arrive pas, la comparaison à L7 s'arrête à cette chanson. "Five" arrive aussi vite que 'Intention" a disparu. Voix dupliquée, petite voix venue de l'intérieur -It's not a shame-, petit plainte à tue-tête, son passage décoffré. Reprise efficace du refrain. Pas le temps de se reposer,"Y a des jours comme ça", comptine enfantine pour adulte morose, -ou l'on ecoute le silence-, mais -ou le temps nous échappe-. La voix de Sandrine est seule face au vide, tombe dans l'abime -et c'est bien mieux parfois- sous un larsen de violoncelle. Brouillage sonore, attaque de la basse, triturage rythmique, puis vient doucement, comme un souffle au vent, la mise en place, lente, lancinante, mouvante, puis soudain s'arrête. "Sometimes", -Sometimes I dream to feel your face-, méditation intérieure, aux épices folk, mélodie dépressive, malicieuse au violoncelle. On repart dans la disto et le gros son, passage terrifiant, mélodie maladive à la basse, mortifiante de puissance, d'émotion, son chant lointain -laissez moi quelques heures, un instant qui se meurt-, presque chuchoté; refrain pop, aux accords chantants, contrastant presque avec le début, s'accélerant, s'énervant. Texte d'une grande profondeur, sur les petits maux qui font toute la vie, sur la mort, et sur tout ce qui reste propre à sa compositrice. Loin de cet univers noir de "Quelques heures", plus pop que jamais, dans une veine minimaliste, mais efficace "Anemia"; son petit passage mélodique qui ferait pleurer les Pixies. Riff consonant, basse malsaine, violon pizzicato, violoncelle berçant, coulant un poison, un venin sombre, la voix versant une mélodie pas beaucoup plus rassurante, "Leave Me Alone" -I come to nothing with him.-. La flute enchaîne dans le même registre, naviguant dans la tempête, comme un radeau délabré, c'est de la cold wave dépressive, une perle noire, la nuit avant la tempête. "Afraid of pain", encore ce début à la basse, ronde, cristaline, le son est travaillé, la batterie parcimonieuse, le chant étouffé, -If I need I coul get away-. refrain bruitiste, voix prisonnière. La basse se raproche de celle de Virago, -I'll be terrified without any force- cri plaintif, qui se perd dans des murs trop épais, atmosphère tendu. "X", des allures d'enregistrement 8 pistes, de bande pirate, du Marilyn Manson oppressé, du Noir Désir épuré. Cris terrifiés, plainte sanglotante, apeurée. Arrêtons les comparaisons, du Despondents brut concentré, intimiste, iconaclaste, une chanson qui vient des tripes, grosse caise martelante (mais c'est une double pédale !), c'est plus de la noisy, c'est carrément métal, punk, de l'alternatif underground, en fait c'est indescriptible, c'est le pulp fiction musical de Y2K.