Delia Meshlir-Bring back the light La chanteuse/compositrice/multi-instrumentiste suisse Dayla Mischler est une artiste plutôt complète et aguerrie. Jugez plutôt : elle écrit sa propre musique depuis ses 10 ans ; joue du piano, de la guitare et du saxophone ; chante dans le groupe Cheyenne puis entame depuis 2015 sa carrière solo sous le nom Delia Meshlir avec la sortie de son discret premier LP autoproduit, Story from vacuity ; joue dans d'autres formations telles que le collectif Berceuses (avec Émilie Zoé notamment) ou l'ensemble ambient jazz Shake Me ; elle gère également la partie visuelle de ses projets (artworks, photos, clips...), sans parler de la partie management/booking. En novembre 2023, la Lausannoise de 31 ans sort son nouvel album, Bring back the light, un peu moins de deux ans après Calling the unknown.

Bring back the light est un disque cathartique pour la Suissesse qui a vécu une période de deuil très intense, et avait donc cette volonté profonde d'apporter de la lumière dans la noirceur et la tristesse qui l'a et qui doit probablement encore l'envahir. À la quête de soi, de sa stabilité, de sa propre liberté, elle prouve avec l'ambiance de ce nouvel album très organique qu'elle est tout simplement pleine de vie. Composées au piano, son premier instrument, et façonnées avec ses cinq camarades de jeu, les huit pistes présentées ici exhibent la qualité d'écriture indéniable de la Suissesse. À la fois sensuelle ("I never told you"), fragile ("Moving on") et affirmée ("Love"), on retrouve dans son œuvre une esthétique pop folk présente chez Angel Olsen ou Karen Dalton, deux de ses influences assumées, mais on pense aussi à Cat Power.

Il y a du yin et du yang dans ce Bring back the light, un album dans lequel on peut par exemple se faire surprendre, dans une chanson mélancolique, par un prépondérant solo de guitare électrique de plus de deux minutes, par des déambulations presque jazzy qu'on n'aurait même pas prémédité deux titres avant, ou par un chant polyphonique en guise d'introduction. C'est tout l'audace de Delia Meshlir avec ses morceaux qu'on croit connaître en quelques écoutes, et puis qu'on redécouvre au fur et à mesure qu'on se repasse ce disque presque déstabilisant de par sa nature protéiforme. Il est d'ailleurs impossible de sortir un "hit" ou un "single" de ce Bring back the light. Pour un album "pop" lumineux, c'est un comble.