Qui n'a jamais pris son pied sur du Death In Vegas ? Ce grand nom du trip hop du changement de millénaire a fourni deux excellents albums (The contino sessions en 1999, Scorpio rising en 2002) et écrit un titre souvent utilisé par le cinéma (tu connais forcément "Dirge", mais aussi d'autres morceaux comme "Girls"), le gratin du rock amène sa voix aux compositions (Iggy Pop, Bobby Gillespie, Jim Reid, Liam Gallagher), le collectif monte son label mais après la sortie de son cinquième album en 2011, Richard Fearless décide de travailler seul, il sort Transmission en 2016 puis... deux albums sous son nom (en 2019 et 2021). Ce printemps signe donc le retour de Death in Vegas, mais pas trop de réjouissance, la mort est encore très présente puisque l'opus s'intitule Death mask (masque mortuaire).
Plus beaucoup de rock, plus du tout de "hop" (l'album est quasi instrumental, on trouve, par exemple, quelques mots sur "Your love" mais pas de réel guest), reste un trip sans acides au pays des machines, un voyage dans un ambiant electro où il semble difficile de trouver du repos. Certaines pistes sont assez inquiétantes comme ce "Lovers" et ses grosses basses qui nous donnent l'impression de vivre une soirée festive où on aurait un peu abusé d'une quelconque substance altérant notre perception ou "While my machines gently weep" (coucou les Beatles) qui pourrait servir de bande son à un film où la tension se fait palpable. Quelques autres nous laissent un peu dans le brouillard, que l'ouverture "Chingola" se charge d'amener une atmosphère, pourquoi pas, par contre, difficile de savoir où "Róisín dub(h)" nous amène (mais comme il ouvre le deuxième vinyle, on lui pardonne). Quand les beats prennent le lead, Richard livre des titres plus dansants (mais qui ne seront pas les tubes de l'été) comme "Hazel" et "Robin's ghosts", quand il ajoute des loops lumineux et des aérations, on obtient "Roseville", mix bien équilibré de sonorités mécaniques et de pulsations organiques.
Est-ce que Richard Fearless voulait que son travail soit plus audible ? En tout cas, s'il signe ce nouvel album Death in Vegas, il sait qu'il aura plus de chances d'être écouté, la preuve avec cet article puisqu'on était passé à côté de ses prods solos et que le nom de son groupe ravive immédiatement d'excellents souvenirs. Pour autant, ceux qui n'ont pas suivi toutes les aventures du collectif pourraient se faire surprendre, mais peut-être apprécier également...
Publié dans le Mag #66



