Il s'en est fallu de peu pour ne pas vous relater la venue récente (NDR : le 25 juin) de Death Cab For Cutie au Bataclan. Autant avant, tout était carré avec les labels, tu savais à peu près au grand max une semaine avant si tu étais accrédité ou pas, autant maintenant, ça se joue à l'heure, voire sur place. Depuis le mois de mai, pas de nouvelle du label jusqu'à cet e-mail la veille du concert m'informant que "faute de place", je ne serai pas accrédité. Je précise que le show n'était pas complet du tout, en partie la faute a un prix pas donné du tout, voire délirant de nos jours (tiens, un exemple, pour celui qui veut voir les Melvins au Bataclan en septembre, ca lui coûtera pas loin de 50 balles en balcon et 40 en fosse). Bref, heureusement, le tourneur a fait le boulot, finalement j'en suis et je le remercie.
Je précise que je suis, d'une manière générale, fan du groupe depuis de très nombreuses années (en gros depuis The photo album) sans l'être forcément avec tous les titres qu'il a sortis d'ailleurs. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, c'est la première fois que je vois la bande de Ben Gibbard à l'œuvre sur une scène, la faute à des occasions précédentes ratées. Je me dis que bien que leur dernier album Kintsugi ne soit pas LA sortie de l'année (sa découverte fut pour ma part un peu décevante) et que le départ de Chris Walla m'ait carrément fait chier, ça doit valoir quand même le coup de ressentir la puissance des morceaux phares de Death Cab For Cutie sur scène. Surtout que ce soir-là est spécial pour moi car je suis exceptionnellement accompagné de mon frère, lui-même fan inconditionnel du groupe depuis longtemps. L'occasion était donc parfaite.
Les Écossais de We Were Promised Jetpacks ouvrent la soirée par une combinaison indie-power-pop-post-rock ma foi très sympathique, assez énergique pour se déhancher et bouger la tête, assez aérien pour se laisser emporter par moment sur certains titres qui s'étirent. Pas pour très longtemps car le groupe clôt sa prestation assez vite, assez aussi pour donner l'envie d'y jeter une oreille sur disque malgré un chant qui peine à arriver correctement au premier rang où nous sommes. Un comble ! Et c'est sensiblement la même chose lorsque le trio Death Cab For Cutie débarque sur scène accompagné d'un nouveau guitariste et d'un claviériste (destiné uniquement au live ?) pour livrer le premier titre de son nouvel album "No room in frame".
Comme ils le font souvent en général, les Américains parviennent à élaborer des setlists équilibrant assez bien leur discographie, sans mettre forcément l'accent sur leur dernier né, tout en puisant dans ce qu'ils ont fait de mieux sur chaque album. Kintsugi est représente un tiers du show, passant pour le coup bien mieux en live qu'en studio, même si "Little wanderer" reste néanmoins tout aussi mauvaise dans un cas comme dans l'autre. Le groupe sait contenter son public avec ses hits ("Cath.", "Crooked teeth", "You are a tourist", "Soul meets body", "The new year"), sait le surprendre en trouvant un moment pour placer "President of what ?", l'un de ses premiers morceaux sorti en 1998 sur Something about airplanes, et puis il sait surtout embellir ses morceaux, leur faire prendre une autre dimension sur les planches. C'est le cas de "Doors unlocked and open" par exemple, qui se révèle puissante par sa rythmique et atmosphérique par ses envolées de guitares quand tout se met en branle. Dans un registre plus intimiste, "I will follow you into the dark", fut l'un des moments les plus touchants du show, les comparses de Ben le laissant jouer seul face au public en mode acoustique. On pourrait dire tout autant la même chose pour ce somptueux final que nous offre les Américains avec "Transatlanticism". La classe.
Malgré le départ de Walla et ces quelques soucis sonores, Death Cab For Cutie reste sur scène une énorme machine indie-pop à la mécanique très bien huilée. Une heure et demi de show qui auraient mérité une salle blindée de gens, qui ont surement préféré se retrouver sur le festival gratos de Oui FM à quelques pas du Bataclan, sur la place de la République, pour écouter Bikini Machine, Mina Tindle, Les Innocents et Cali. Chacun ses goûts, après tout.
Merci à Laure d'Alias
SETLIST :
No room in frame
Crooked teeth
Photobooth
Black sun
Doors unlocked and open
The ghosts of Beverly Drive
Little wanderer
President of what?
You've haunted me all my life
What Sarah said
I will follow you into the dark
I will possess your heart
You are a tourist
Cath.
Soul meets body
Rappel :
El dorado
The new year
Transatlanticism