The Dead Weather - Sea of Cowards Après un album inaugural qui est sans doute ce qui est arrivé de mieux au rock depuis pas mal de temps, The Dead Weather, assumant définitivement son statut de all-stars band de luxe mais burné enchaîne directement avec une séquelle à Horehound. Son titre : Sea of cowards. Et là, même pas le temps de se poser la question quant à la légitimité d'un deuxième album qui pourrait être la copie carbone du premier essai, le groupe emmené par le duo Alison Mosshart/Jack White enflamme les enceintes et annonce la couleur. Dès "Blue blood blues", on comprend que ce nouvel opus sera plus blues, plus noir, plus sauvage que son prédécesseur. Le premier avait cyniquement le sale rôle de mettre la mécanique sur orbite, lui offrant une surexposition médiatique largement mise à profit pour cartonner et assurer la pérénité d'un projet au passage distribué par une major. La suite permettra donc à The Dead Weather d'exprimer toute la noirceur d'un rock dur à la fois volubile et racé, chargé en électricité mais drapé d'une tension latente ne demandant qu'à exploser ("Hustle and cuss"). Et ça pour exploser, ça va envoyer...
Un groove diabolique, des arrangements subtils ("I can't hear you"), des riffs posés sur des charbons ardents et derrière un écran de fumée, le timbre si caractéristique d'une Alison qui cannibalise l'attention ("The difference between us", "Gasoline"). Des guitares qui crachent le feu, rythmiques percutantes nappées d'essence et soli de cramés lestés de plomb, Sea of cowards est un sulfurique cocktail de rock lourd et de blues incandescent exécuté par quatre musiciens en roue libre, la fièvre au corps, habités par l'esprit d'un rock agressif et salvateur. Mélodies addictives empreinte d'une sensualité exacerbée ("Die by the drop", "Jawbreaker"), ambiances 70's un peu déviantes, un "No horse" tout en énergie brute et rugosité primale, le quartet délivre ici un rock "diesel" massif où le cool se dispute à la luxure, où la corrosion harmonique entre en collision charnelle avec le calibré pour faire mâl(e). Une fusion assez unique en son genre dans son approche résolument casse-gueule mais assumée, une prise de risque constante mais blindée par quelques tubes absolus histoire de mettre tout le monde d'accord ("Looking at the invisible man"). Parce que Sea of cowards est un disque incroyablement abrasif et puissant, prolongement sauvage, provocant, mais naturel d'un Horehound déjà chargé en testostérone. Et dire que The Dead Weather semble en avoir encore dans le réservoir ("Old Mary")... Implacable.