Avec la pochette de Without love we perish, on savait que Dead Horse One appréciait la peinture, avec celle de The west is the best, on avait compris qu'ils aimaient les gens de dos, celle de When love runs dry mixe donc leurs deux grandes passions... Comme pour l'Art, on peut interpréter à loisir ce choix de mettre en lumière une personne qui admire l'œuvre de Pieter Claesz ("Vanité au tireur d'épine") comme une forme de prise de recul. S'il est toujours très touchant, le groupe a pris un peu de hauteur et semble vouloir s'écarter un peu de ses précédentes productions, c'est un peu plus rugueux, plus abrasif, l'adjectif "post grunge" que j'avais un peu de mal à cerner sonne bien plus évident ("Nevermore" !!!). S'ils avaient directement choisi de représenter la peinture, on aurait disserté sur la Renaissance, le questionnement sur la mort, les influences du passé, la religion, l'art, l'anatomie ou la guerre, en se focalisant sur cette spectatrice, en augmentant le grain (comme sa distorsion), en saturant un peu l'image vers le rouge (couleur sanguine s'il en est), Dead Horse One se dévoile un peu avant même de passer à l'écoute de son "Core".
C'est le premier des 4 nouveaux titres de cet EP "de transition", un peu comme un échantillon, un test pour voir comment la sauce peut prendre, si le nom "Core" m'évoque immédiatement le chef d'œuvre de Stone Temple Pilots, ici, je ne suis pas sûr qu'il faille faire une correspondance, les Américains semblant plus "sages" que les Français sur ce coup, gros riffs, rythme saccadé, mélodies venimeuses, on est loin de l'esprit shoegaze et parfois en territoire métallique ! Le tempo se calme un peu pour "Static king" qui semble survoler une tranquille ligne de basse avant d'appuyer sur les pédales et emplir l'atmosphère de noise. L'excellent "Nevermore" a déjà été évoqué, il enfonce le clou avec brio. Les amateurs de sons plus clairs attendront la fin de l'EP et la ballade épurée "Mentally homeless". La dernière piste est une version "piano" de "Static king", histoire de prouver (le fallait-il vraiment ?) que le morceau était particulièrement riche et harmonieux, la guitare "unplugged" qui vient appuyer le clavier est tout aussi belle que rebelle (c'est toujours mieux que moche et remoche), le chant se fait plus timide et fragile, difficile de ne pas fondre à l'écoute de cette version totalement différente de l'originale mais tout autant indispensable.
Alors, soit When love runs dry est une incartade en terres grunge/métal/noise totalement assumée et sans lendemain, soit, c'est un grand panneau de signalisation qui indique la nouvelle voie suivie par le combo. Peu importe, je suis client !
Publié dans le Mag #50