A Dead Forest Index - Antique Originaires de Melbourne (Australie), Adam & Sam Sherry composent avec A Dead Forest Index un intrigant duo indie, oeuvrant quelque part dans des sphères vaguement voisines de Chelsea Walker, Einstürzende Neubauten et Béla Bartók - c'est dire la largeur du spectre musical ici identifié. Une fratrie propulsé jusqu'à nous par les bonnes grâce du tout jeune et prometteur label australo-néo-zélandais OSCL Records (Cocks Arquette, Heirs, The Night Terrors...), spécialiste en indé/hard pointu de qualité, mais également de l'incontournable (notamment sur le vieux continent) Denovali Records, que l'on ne présente plus en ces pages.

Le programme est court : cinq titres pour quelques dix-huit minutes de musique et pourtant, assez curieusement, déjà bien fourni. Car ADFI n'a guère besoin de plus pour imposer sa griffe musicale atypique, faite d'indie-rock aux élans sauvages, d'atmosphères désenchantées et d'ambiances fantomatiques dont les lignes mélodiques viennent traverser la brume électrique de "Distance". Le songwriting est particulièrement racé, la rythmique toute aussi marquée, donnant au très percussif "Anchoring the hands" un côté abrupt (de décoffrage) aussi frappant que l'écriture se révèle habitée par les Dieux du rock indé. Comme l'est du reste "Black mud" et son folk crépusculaire, brûlant la bande magnétique jusqu'à "perdre" volontairement l'auditeur au coeur du bush australien, afin le laisser errer le temps d'un "A new layer" au magnétisme et à l'étrangeté glaçante.

Minimaliste ou au contraire plus prononcé dans son langage indie-rock ascétique, A Dead Forest Index n'aime rien moins que jouer avec les silences et surtout l'attente qu'ils instillent. Ce pour finalement libérer une partition aux harmonies intemporelles ("Turning"), transformant leurs compositions en quelque chose d'assez unique, aux confins de la musique sacrée avec une touche bien particulière les rapprochant par moments des travaux d'un certain quintet d'Oxford (Radiohead pour ceux qui n'auraient pas suivi) s'amusant lui aussi à briser les barrières stylistiques, les codes pour repousser les frontières de sa propre créativité. Dans le cas présent, Antique a beau être un premier disque, c'est déjà une belle réussite.