De Staat - O Si les Néerlandais de De Staat marchent à pleine bourre avec leurs cinq disques depuis 2009, étrangement, le groupe peine à se faire (re)connaître en France. On imagine fort que la bande de Torre Florim, son fondateur, espère changer la donne avec O, son dernier album en date, sorti en février chez Caroline International (Iggy Pop, Band Of Horses, Tame Impala), le label fondé par Richard Bronson. Un titre symbolisant le cercle, la boucle mais également le fait de se répéter, on comprend donc mieux la direction volontairement plus répétitive, et donc plus simple et directe, des nouveaux morceaux de De Staat. Sûrement situé au rang des albums les plus faciles d'accès du groupe, O a clairement le mérite de faire jouer son efficacité dans la balance, sans un seul soupçon de duperie.

Dès l'introductif "Peptalk", dont le sens de la traduction du mot pousse à l'énergie, le ton est déjà donné. L'énergie, c'est une chose, mais le groupe apporte aussi une pointe de folie rock somme toute bien maîtrisée et une fraîcheur égayant l'esprit de ceux qui chercheront à s'évader en musique. Ainsi, O est logiquement jalonné de tubes en puissance : les ardents et chaloupés "Make the call, leave it all" et "Round", les extravagants "Get on screen" et "Blues is dead", la tuerie sonore qu'est "Help yourself", tel un Bloodhound Gang ayant chopé le son des Queens Of The Stone Age) ou l'hommage à l'EBM de "Baby". La présence de claviers aux sons excentriques donnent aussi un caractère festif aux morceaux, alors même que certains textes viennent verser dans l'ironie dans le même temps.

C'est aussi l'une des caractéristiques de cette formation qui joue beaucoup avec les contrastes, comme cette chanson un peu cafardeuse venant se glisser en plein milieu du disque ("Time will get us too") et calmer de suite l'impétuosité de l'œuvre jusque là dominante. Mais comme disent certains, "Bis repetita placent", O enfonce alors le clou avec une complainte folk ("She's with me") pour achever une œuvre qui a déjà convaincue. Enregistré dans le nouveau studio du groupe (dans le building accueillant la salle de spectacle Doornroosje à Nimègue), ce nouvel album représente ce qu'est De Staat : une entité musicale qui n'oublie pas que la musique, c'est avant tout de la passion mais aussi de l'éclat.