Rock Rock > Dawnshape

Biographie > Une main de fer dans un gant de velour

Evoluant déjà depuis pas mal de temps ensemble, les trois musiciens composant Dawnshape se définissent comme un trio alternative/post-rock/noise totalement hors contexte socio-culturel. Un groupe à l'univers musical évoquant autant Deftones et Team Sleep que Chokebore ou Yourcodenameis:milo qui, après plusieurs mois de tâtonnements artistiques, enregistre chez Greg Hoeppffner (Radius System, Time to Burn), un premier EP recelant quelques 7 titres compilant "diverses tentatives depuis la création du groupe jusqu'à son actualité récente", le tout sans réelle démarche commerciale mais plutôt l'envie de faire partager une musique élégante et personnelle.

Dawnshape / Chronique EP > Sparse prism

Dawnshape - Sparse prism Il y a un peu moins de trois ans maintenant, Dawnshape se faisait remarquer dans les hautes sphères de la scène indé hexagonale en livrant un premier effort qui s'ébrouait alors gaiement dans un registre rock/metal polymorphe aux inspirations à aller chercher du côté de Dona Confuse ou Team Sleep pour les parties légèrement électroniques. Cet automne, le groupe revient avec un deuxième EP au prix d'une belle réorientation musicale avec ce Sparse prism, présenté dans un élégant digisleeve limité et numéroté à la main. Nappe ambient pour se caler confortablement dans le fauteuil puis rapidement, ce riff alerte qui vient percuter nos tympans, accompagné d'un chant en forme de harangue math-noise-rock à l'urgence palpable, "Several inputs" pose les bases de ce qu'est ce Dawnshape 2.0.
Mathématiques et bouillonnantes, à la fois limpides et complexes, les compositions proposées par le trio francilien masquent d'évidentes subtilités derrière une aisance technique apparente et une vélocité foudroyante ("Bearded dude simulacre"). Deux premiers titres en forme de torpilles indie-math-noise et voici que le groupe prend le temps de se poser le temps d'un "No alchemist" plus tortueux et onirique, emmené par une trame mélodique incertaine et des ambiances électriques légèrement embrumées. C'est aussi ça le nouveau Dawnshape, une musique qui refuse de se laisser avoir par la facilité, désireuse de défricher des territoires sonores sans se soucier des tendances ni de la pensée unique... pour mieux livrer une petite bombe du calibre d'"Is it boiling ?". Constructions rythmiques particulièrement élaborées, joyeux boxon noise tout en rupture, faux rythme apparent ("Border"), le groupe ménage ses effets et conclue de manière déroutante cet EP avec "It all looks still", entre bruissements électriques et minimalisme barré. Inventif.

Dawnshape / Chronique EP > We couldn't seize a bit of truth

dawnshape_we_couldn_t_seize_the_truth.jpg Dawnshape fait assurément partie de ces groupes qui ont su bénéficier de l'essor musical de la bulle internet. Maintenant, grâce à des plateformes comme l'incontournable MySpace, n'importe qui ou presque peut diffuser librement sa musique. Dans le lot, il y a du bon, du moins bon et quelques rares mais excellentes surprises. Produit par le prolifique Gregory Hoeppffner (Radius System, Notion Aura, Time to Burn et une participation au projet .RQTN), qui l'a enregistré chez Feels Like Home Recordings (en fait son home studio via lequel il était également aux manettes du premier essai de Second Class Citizen), We could'nt seize a bit of truth, est un EP qui marque les esprits autant par ses influences que son raffinement. Sept titres pour autant de perles empruntant aux Deftones comme à Failure ou Chokebore, en passant par l'une de leurs références les plus évidentes : Team Sleep. Là où ces derniers oeuvrent dans un électro-trip-rock classieux et élégant, Dawnshape en fait de même mais en injectant une bonne dose d'émo-metal à leur cocktail musical déjà particulièrement détonnant. Une intro ambiant-électro-rock qui s'étire encore et encore, le groupe prend le temps de poser ses atmosphères, éthérées, feutrées et finalement assez nébuleuses.
Après cette mise en route toute en douceur, les hostilités débutent réellement avec le puissant "Prunus". Guitares acérées, section rythmiques incisive et un chant frappant de ressemblance avec celui de Chino Moreno, Dawnshape joue aux Deftones et le fait particulièrement bien. Effectivement, les âmes chagrines objecteront que c'est parfois un peu "too much", les autres admettront que le résultat est assez bluffant... Des riffs tranchant qui s'entremêlent sur des mélodies métalliques à l'intensité élégante et à l'onirisme dévorant, le groupe se veut plus rugueux sur "Depitected intimacy". De la saturation électrique et des discrets samples électro perlent une rage qui tantôt reste en sourdine, tantôt éclate au grand jour. Une sensibilité à fleur de peau, un feeling néo/émo metal alternatif tendu, quelques fulgurances grunge qui parsèment le tout, une poignée de sonorités digitales et Dawnshape balance son gros son qui tamponne... avant d'atténuer, par la suite, son propos. Des pépites finement ciselées avec l'idée directrice de dévoiler la polymorphie artistique du groupe.
En enchaînant directement avec "The thief" ou "Dandelions", le groupe divise son EP en deux et délaisse un temps le rock/metal alternatif aux textures électro, pour s'orienter vers des horizons musicaux explorés avant lui par des groupes comme Dona Confuse et Team Sleep, voire dans une moindre mesure Nodata. Soit un son électro-rock tout en saturation électrique et mâtiné de mélodies pop suaves douloureusement mélancoliques. Dawshape emprunte des chemins certes balisés, mais évite de s'égarer sur une voie de garage en livrant une musique à la maîtrise formelle irréprochable. Comme un voyage sensoriel mis en scène par des musiciens qui semblent savoir parfaitement où ils vont. Un "Shone thru' à la sensualité assumée plus tard, le groupe referme ce We couldn't seize a bit of truth avec l'énigmatique et vaporeux "Artifact poetry". Une élégante et envoûtante conclusion pour un premier essai qui ne l'est pas moins. Classe.

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