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Biographie > Le Dâv est de retour

À l'endroit ou à l'envers, je me balance souvent une discographie. Quand je kiffe bien, je fouine dans tous les coins les dernières traces du groupe. Alors, je vais visiter tous azimuts la rubrique nécro' en passant par la cabane au fond du jardin. Cette fois, j'ai fini celle de la formation Les Amis d'ta Femme pour la Xème fois. Là, j'ai poussé à gratter les pavés jusqu'à trouver la plage. J'espérais y trouver le Dâv (chanteur/guitariste/fondateur de la dite formation).

Pas de plage mais un vrai univers dans lequel la mutation continue. Premier truc de ouf : 361 heures de radio que s'apellorio Emission Censurée. Douze ans d'enregistrements d'une émission musicale, politique, alternative et ploumploumtralaliste. Quand tu découvres une mine pareil, ça fiche légèrement le vertige. Mais putain, j'étais où là ? Heureusement, l'intégrale est toujours en ligne.

Deuxième truc de ouf : le Dâv est musicalement toujours debout, toujours vivant. Méga entouré de zicos, son nouveau projet c'est David Vincent et ses Mutants. Après quelques démos, un premier album paraît : Le Cauchemar a d'jà commencé (2011). Le doigt dans la lune (2016) et plus fraîchement Juste un avant goût (2022) reprennent comme le premier le format cinq titres. Le tout est auto-produit par le label Mort aux Cons Productions. Deuxième heureusement, il n'est jamais trop tard pour découvrir ou redécouvrir.

David Vincent et ses Mutants / Chronique EP > Juste un avant goût...

David Vincent sans ses mutants : juste un avant gout... Ici, c'est David Vincent Sans ses Mutants. C'est à l'issue du premier confinement au printemps 2020 que le Dâv a ressenti le besoin urgent et rageur de sortir quelques nouveaux titres. Combien ? Cinq bien sûr. Cette fois, il est la voix et les instruments.

Et ça commence par une nouvelle version de "Mai six huit". Il s'appelle d'ailleurs le Macronnard Mix. Les refrains sont les mêmes. Les couplets apportent de nouvelles paroles qui s'alignent sur l'actualité. Le propos global est identique à la première version : tant qu'il y a du noir, y'a de l'espoir ! (et du ploumploumtralaliste). Le retour en territoire engagé se fait direct. On se délecte alors de ce petit hymne à l'anarchie. "Qu'ils crèvent" fait une suite parfaite d'un point vue de l'engagement. Une petite chanson sautillante contre le pouvoir qui provoque les crises, qui vit sur le dos de la société et qui sacrifie la planète. Alors ça sautille peut être mais les paroles sont rageuses sous les kazoos. "Le capitalism' doit y passer sinon c'est l' fascisme assuré".

"Le cul entre deux chaises" rompt un peu le contact avec cette première partie. Un titre chanson qui navigue entre les paradoxes à la recherche d'un peu d'espoir. "Le restant d'la colère de dieu" en met pour son grade aux dogmes de tout poil. Dieu est mort, pas le rock n' roll ! Pour le dernier morceau, le Dâv revient sur un morceau déjà sortie "Tout va très bien, Môssieur le baron". Un titre adapté de "Tout va très bien Madame la Marquise" de Ray Ventura et ses Collègiens (1935). Un titre qui illustre des échanges téléphoniques entre des personnages de la bourgeoisie et leurs servants. Ces derniers leur annoncent que tout va très bien mais qu'on déplore un tout petit rien. De fil en aiguille, l'Élysée et la Macronie s'envole en fumée.

L'aventure se termine ici pour l'instant. Les airs rentrent bien dans la tête. Sous couvert de mélodies bien calibrées, le Dâv, ben il a toujours sa plume acerbe pour tailler les bourgeois et la religion. Les arrangements musicaux sont très bien travaillés et donnent lieu à voir plusieurs influences. Le côté underground s'efface avec le temps et laisse place à une qualité supérieure qui mérite à être connue. Vive le drapeau noir ! Vive l'anarchie ! Et surtout, à la prochaine avec plaisir...

Publié dans le Mag #55

David Vincent et ses Mutants / Chronique EP > Le cauchemar a d'jà commencé...

David Vincent et ses Mutants - le cauchemar a dja commencé "Mai six huit" amorce le skeud sur la phrase "et c'est reparti pour un tour". C'est juste puisque l'aventure continue. Ici, cela commence avec une bonne valse de musette. Un truc pour se prendre par les coudes en dansant au premier bal venu. Côté paroles, le Dâv n'a pas perdu ses idées dans son délire. La chanson affiche clairement l'anti-capitalisme en fustigeant pêle-mêle les banquiers, les rentiers et les milliardaires. Exprès ou pas, "L'hexagone" de Renaud (1975 - Rue de Paname) se paye un beau reflet sur la phrase "Les vieux principes du seizièm' siècle, Et tout's leurs vieill's traditions débiles". Quoiqu'il en soit, le chanteur en profite pour mettre un coup de 12 à Nicolas Sarkozy avec son slogan "travailler plus pour gagner plus". Le refrain boosté monte haut l'étendard noir de l'anarchisme. Une fin plus rock emballe le tout le temps d'un court pogo et on chante fort "tant qu'il y a du noir, il y a de l'espoir". Avec l'actualité à nos trousses, ça fait du bien.

Plus douce, "Aujourd'hui, il pleut" est davantage basée sur le chant accompagné d'un chœur sur les refrains. Les musiciens proposent un standard du jazz sous forme de big band à l'idée principale de mettre une lueur d'espoir dans un monde plus sombre. Les temps sont durs pour les rêveurs quand l'avenir appartient aux fachos et quand la pauvreté devient une marchandise. Mais ce petit jazz est parfait pour faire chaud au cœur. "Putain d'page blanche" continue dans la même branche musicale avec un air plus manouche. La pompe pose le rythme et c'est parti, la dynamique repart.

Et on se rassure de voir que la base n'est pas loin. "Si le rock'n'roll est mort, alors..." propose de se trémousser sur un rock n' roll endiablé. La guitare électrique prend classiquement ses responsabilités pour le solo de rigueur. Et c'est reparti pour pogoter à fond la caisse avec une bière à la main qui se renverse tant qu'elle peut. On voit déjà les crêtes qui se gueulent le mot de passe : mort aux condés ! Le rock n' roll ne peut pas mourir. Cinq titres, il fallait cinq styles différents. Le Dâv finit avec une bluegrass sur "Tu les as vus". Nous devinons déjà la présence des p'tits hommes verts en soucoupes volantes. Un peu de place pour les rêveurs (de fin de soirée).

En un EP, David Vincent et ses Mutants convainc plus que plus. Les paroles sont toujours aussi bonnes à entendre. Musicalement, les horizons sont diversifiés et ça se goupille très bien. Une vingtaine de zicos pour réaliser un travail comme ça, c'est le rock libre.

Publié dans le Mag #55

David Vincent et ses Mutants / Chronique EP > Le doigt dans la lune

David Vincent et ses Mutants - le doigt dans la lune Pour avoir plus que le doigt dans la lune, il fallait bien voir arriver un premier titre comme "Bout d'gras". Petite apologie au chichon qui passe velours sous les cuivres et les percussions des mutants. Un arrangement jazzy qui rappelle quelques influences de Le Cauchemar a d'jà commencé. Comme sur le premier EP, David Vincent poursuit l'exercice en variant dans les styles. "Mon corps à la science" s'inscrit dans le registre blues rock. Les mutants poussent en chœur le branle-bas de combat. Un harmonica s'invite pour ouvrir les portes à un rock plein d'énergie. Celui-ci retombera une fois sur ses pattes avant de se déchaîner à nouveau sur la fin du morceau.

"Mon p'tit bout d'E.T" est posé sur une ballade enfantine. C'est le quotidien d'un papa avec son fils nouvellement arrivé qui se décrit ici. Kazoo et tintement de cloches sont presque toute l'armée musicale. Un morceau gentillet qui fera tout de même une référence à AC/DC. "Au grand air" apporte quelques effluves sud américain en douceur. Quand tu passes la semaine en écoutant du punk à tout va, ça apporte un peu de légèreté.

Reprenant un proverbe chinois, (Quand le sage montre la lune), "L'Imbécile regarde le doigt" termine la galette. Et justement, en parlant de punk, le voilà qui pointe le bout de son nez. Il s'agit du seul morceau résolument rock. Je suis pas contre quelques nouveaux horizons mais que ça fait du bien de rentrer chez soi. Le truc file pied au plancher entre des guitares électriques et une batterie en démonstration. Le chant principal comme les chœurs sont ajustés au style.

Le fossé entre les morceaux est immense. Toujours le doigt dans la lune (et ici moins en politique), David Vincent et ses Mutants propose un univers riche musicalement. Ils sont capables de tout !

Publié dans le Mag #55