David Lund - Ever David Lund (David Christophe de son vrai nom) est un auteur-compositeur multi-intrumentiste originaire de Belgique (Bruxelles plus exactement), qu'on a pu apercevoir dans diverses formations aux univers très différents depuis le début des années 2000 (NOX et Audiograd notamment). C'est au hasard de performances solo que lui vient l'idée d'un disque plus personnel et épuré ; c'est ici que Ever débarque.

Seul au chant et à la plupart des instruments, le musicien s'est tout de même entouré de quelques unes de ses vieilles connaissances pour enregistrer ce disque (Elie Rabinovitch à la batterie, Catherine Graindorge aux violons), mais clairement, priorité est laissée à la voix et aux guitares. De fait, la production, bien que très bonne, sait s'effacer discrètement derrière le songwriting. On sent vite le gros travail effectué sur les harmonies (« Fiction »), les ambiances entre deux eaux (« You are ») et les montées en tension. L'étonnante reprise très réussie de Sade (« Is it a crime ») ne détonne d'ailleurs pas au milieu de tous ses titres denses et réfléchis.

Une démarche si réussie qu'on ne pense que rarement à d'autres artistes, bien que certains passages plus lyriques peuvent évoquer de manière très brève Thom Yorke par exemple. Sauf que, contrairement aux albums solo de l'anglais, la force de Ever est sa relative intemporalité : batterie, basse, guitares, cordes et cuivres ; on trouve assez peu d'éléments trop datés, de synthés ou de boîte à rythmes. Vue la longueur des chansons, forcément, et c'est humain, on décroche un peu vers « Head on the pillow » ou « Fruit », des titres pourtant plus nerveux mais un poil durs à digérer.

Même si globalement l'album reste sur ses rails durant ces 10 pistes, il se fait cependant plus crépusculaire vers la fin (on pense même beaucoup à l'album Pygmalion de Slowdive sur le titre final). Ever est long (60 minutes tout de même) mais on ne s'y perd jamais vraiment, signe que malgré une apparente homogénéité des titres, les compositions sont là, et bien là. Si on devait émettre un petit bémol, il concernerait la pochette, pas forcément au niveau de son contenu...

Sans effets de style, tricherie ou surenchère, ce premier album solo de David Lund est un disque en tout point admirable, personnel et passionné. Un niveau de maîtrise qui n'augure que du bon pour la suite.