Malterie Malterie Quelle est ta formation ?
Après le bac (L), études en culture à la fac en parallèle d'activités associatives : j'ai monté un label, j'organisais des concerts, des tournées.... Je finis avec 2 maîtrises pour faire bien sur le CV, et surtout grâce à mes activités annexes plein de contacts, de petites compétences ici ou là, qui ne demandaient qu'à se développer.

Quelles sont tes activités dans le monde de la musique ?
Je dirige l'asso Dynamo qui mène des activités d'accompagnement de groupes, de montage de projets et de programmation autour de la scène régionale en musiques actuelles. Je m'occupe de la communication de la Malterie. Ça fait déjà beaucoup, alors j'ai un peu mis de coté mes autres activités. Je manage encore plus ou moins le groupe Tang mais on n'est plus aussi vivaces qu'avant, même si eux continuent à répéter et enregistrer, on a des emplois du temps qui permettent plus de tourner autant qu'avant.

Peux-tu nous parler de la Malterie, ses multiples missions et des difficultés que traînent le lieu depuis quelques années ?
La Malterie est une asso indépendante montée par des artistes il y a 20 ans, et toujours gérée par des artistes. C'est avant tout un lieu de travail pour des plasticiens et musiciens, qui y trouvent des espaces mais aussi des formes d'accompagnement et parfois des moyens pour développer leurs projets. C'est un lieu avec une énergie folle, qui fait énormément avec pas grand chose. Plein de gens, plein de beaux projets qui se croisent, ça donne quelque chose d'assez unique qu'il est plaisant de partager au quotidien. Tout ça se passe depuis le début dans un bâtiment, assez fou lui aussi, du quartier de Wazemmes à Lille.
Malheureusement, la culture a peu à peu glissé d'un milieu d'initiatives citoyennes comme nous le sommes, à quelque chose de très institutionnalisée, et il n'y a plus aujourd'hui l'engouement politique pour les initiatives citoyennes. Alors après un paquet d'années à se développer et à développer plein de services innovants à destination des jeunes artistes, la Malterie se retrouve freinée par un contexte économique qui fait que les choix politiques mettent l'argent de plus en plus ailleurs que sur la culture ou sur une culture qui rayonne en apparence, ce qui n'est pas le cas d'un lieu de travail. En tout cas les moyens ont baissé depuis 2008 au regard de l'ampleur du projet.
Aujourd'hui l'enjeu est double, car la location du bâtiment dans lequel nous somme depuis 20 ans arrive à terme, et il y a une volonté du propriétaire de vendre ou d'augmenter massivement le loyer, ce qu'il est en droit de faire. Donc ça plus le point évoqué au dessus : aie...
Il faut donc trouver soit un nouveau lieu, soit un moyen de rester dans celui-là, mais quoi qu'il arrive il faut faire évoluer le modèle économique qui ne sera plus tenable à court terme.

La malterie fête ses 20 ans bientôt...
Oui, c'était un peu difficile de l'envisager vu le contexte, et puis finalement, on est pas là pour tirer la tronche, c'est l'occasion de montrer tout ce qu'on sait faire, de stimuler les énergies, de les partager avec les publics, et célébrer une longévité qui en soit est déjà bien parlante. Du coup on a décidé de faire du non stop, pendant 17 jours il se passe des choses, avec parfois plusieurs choses par jour... Du gros avec des concerts regroupant un paquet de musiciens, de l'intimiste avec des performances en toute petite jauge dans des ateliers d'artistes, et du lourd avec un week-end d'événements dans et aux abords de la Malterie. Je ne sais pas dans quel état on va finir ce marathon, mais j'ai hâte d'y être.

Comment es-tu entré dans le monde du rock ?
Ma sœur était à fond dans la musique, et ça m'a poussé dans ce sens là. J'étais ado, je cherchais de quoi ne plus m'ennuyer dans ma petite ville pas folichonne... je ne suis pas Lillois, et j'ai mis le doigt dans un engrenage en découvrant assez rapidement la scène punk hardcore, et tout un réseau d'organisation et de prise en main ... j'aime pas utiliser le terme "do it yourself". Alors vite j'ai organisé des concerts, joué dans des groupes, fait des tournées, sorti des disques. C'était un moyen de créer ce dont j'avais envie et de le partager. On était quelques potes bien impliqués, on nous prenait un peu pour des fous, mais on a fait plein de trucs très jeunes, et ça nous a donné le virus. Après de fil en aiguille je suis arrivé à Lille en connaissant déjà quelques activistes, j'ai vite organisé des trucs et fait mon label, mais je ne vais pas non plus raconter ma vie, ça ne va pas passionner grand monde...

65daysofstatic live à Lille (2006) 65daysofstatic live à Lille (2006) Une anecdote sympa à nous raconter ?
Pfff y'en a plein, dont une grande partie ne peut filtrer publiquement sans compromettre des copains. Mon dernier souvenir marquant à la Malterie, c'est le concert de David Bazan qui m'a donné des frissons que je n'avais pas eu depuis un bail. Sinon des soirées folles avec des groupes comme Daughters, Knut... Des concerts de dingue comme 65daysofstatic un dimanche aprem pour leur première date en France car toutes les autres étaient annulées et que personne ne croyait dans ce groupe, ou alors Red Sparowes, pareil premier show en France... 31knots aussi. En fait tout ça c'est beaucoup de rencontres humaines, de temps partagé autour de vibrations...

Ton coup de coeur musical du moment ?
J'avoue qu'en ce moment j'ai beaucoup de mal à écouter du rock, dans le cadre du taf j'écoute beaucoup de choses, mais du coup à la maison je coupe le son, ou alors j'écoute du rap, du classique, des choses qui m'aèrent la tête. Bref, pas de coup de cœur coup de cœur, mais je suis de plus en plus fasciné par les trucs un peu variété ou grand public qui ne se contentent pas de faire du consensuel, qui se permettent des trucs qui bousculent l'auditeur lambda, ou qui se font accompagner de gens qui donnent une âme à leur musique. Par exemple le dernier Miley Cyrus avec en réal Wayne Coyne, c'est impensable, mais le résultat est là... Certains titres de Kanye West aussi sont dingues. Et puis j'aime bien des gens qui arrivent à me donner l'impression qu'ils figent l'époque sur disque comme si ils en faisaient une photo... Jay Z est très bon à ce jeu là...

Es-tu accro au web ?
Oui et non, comme l'a dit je ne sais plus qui « the internet is over », internet est devenu sous-jacent à tout dans nos vies, ce n'est plus une activité en soi, un truc sur lequel tu vas, c'est maintenant contenu dans chaque activité. C'est un bon outil, mais il faut aussi arriver à s'en couper et ça je confesse c'est plus difficile, mais j'y travaille.

A part le rock, tu as d'autres passions ?
Courir, jardiner, et plein d'autres trucs clichés...

Tu t'imagines dans 15 ans ?
Oui et non, moi oui mais pas les autres...