Kicking Cu! Quelle est ta formation ?
L'école de la rue.

Quel est ton métier ?
Créatif multimédia de e-formations.

Quelles sont tes activités dans le monde de la musique ?
Je m'occupe du label Kicking Records, label que j'ai bâti seul et à mains nues en 2006. Une activité débordante, des choix artistiques risqués, une gestion financière basée sur la théorie des couilles sur la table en ont fait un acteur incontournable de la scène punk-rock nationale (c'est pas dur) voire internationale. Une trentaine d'artistes (des Français mais aussi des Suisses, Hollandais, Espagnols, caincains du nord, Aussies...) et le double de références balaient un spectre de la pop acoustique à la noise en passant par l'action rock et bien sûr le punk-rock. Le label a enfanté une maison d'édition indépendante, Kicking Books, qui compte à son actif une demi-douzaine de titres ancrés dans la culture rock, du polar au traité de sociologie en passant par l'autobiographie. Puis est arrivée la marque de skate Kicking Skateboards, bien sûr, proposant une dizaine de séries ultra limitées de planches designées aux couleurs de groupes punk-rock. La petite dernière de la famille, qui souffle sa première bougie ce mois-ci, est la Kicking Radio, regroupant ce qui se fait de mieux en podcasts et émissions françaises traitant de culture bis en générale, de musique bien sûr mais aussi de littérature, cinéma d'horreur, skateboard, roller-derby dans des formats divers et variés allant du talk show à la mixtape. J'y anime une nouvelle émission depuis la rentrée, "Goldies from the grave", dont le principe est de ressortir un skeud de ma collection pour partir sur la route à la rencontre du groupe, encore en activité ou pas, qui l'a enregistré, et de réveiller avec lui le volcan des souvenirs liés à cette expérience. Sont pour l'instant concernés Hellbats, Uncommonmenfrommars, Original Disease, Les Sheriff, The Black Zombie Procession, OTH et d'autres suivent.

Ca rapporte ?
Ca doit sûrement rapporter à quelqu'un, mais je cherche encore à qui.

Comment es-tu entré dans le monde du rock ?
Peut-être que la première sensation a été le "Black Betty" de Ram Jam qui passait dans le juke-box d'une auberge où mes remps avaient l'habitude de se saouler. Il y a eu aussi la face B du 45t de The Police "Message in a bottle". Le titre en était "Landlord" : hyper speed avec un riff d'intro hyper aigu. Je l'écoutais sur la platine de mes grandes sœurs tout à taquet quand j'étais seul dans la baraque alors que j'étais gosse. Puis il y a eu ce titre de Killing Joke, "Love like blood" qui passait à la radio et me faisait voyager en secret dans mon lit au moment de m'endormir. Un truc terrible, tragique, noir. Alors je me suis intéressé de près à la radio, et suis tombé sur une émission émise depuis la Fac, "Bunker Party", qui m'a fait découvrir la scène punk et hardcore européenne et américaine, d'Oberkampf à Raw Power, de Jingo De Lunch à Naked Raygun... j'avais trouvé le son qui me convenait. Grosse révélation, le truc de ma life.
Dès que j'ai eu la connaissance de la scène hardcore, je me suis rendu disponible pour participer, faire ce qu'il fallait pour que ça fonctionne dans ma ville, prêter main-forte aux activistes. Souvent, il ne tient qu'à une personne qu'il se passe quelque chose quelque part. L'énergie que déploie cette personne trouve écho chez d'autres et hop, les choses peuvent commencer à bouger. J'ai commencé tout connement à coller les affiches de concert, à assurer la sécu à l'entrée, à participer aux émissions de radio, puis en bougeant, à programmer moi-même des concerts, à tourner avec des groupes, à chanter, à jouer, et maintenant à faire des disques pour d'autres.

Logo Kicking Records par Schawack Logo Kicking Records par Schawack Une anecdote sympa à nous raconter ?
Hellfest 2012. Je tiens mon stand, peinard, en tapant la discute avec un fanzineux. Une jeune fille arrive, demande à déposer des flyers pour une boîte de comm' sur le stand. Les flyers sont horribles. Le téléphone de mon pote sonne, il me dit que c'est pour moi, le Comité Du Bon Goût au bout du fil. Je mime une conversation avec un présumé agent dudit comité, dans laquelle il m'apprend avoir repéré des flyers très moches sur plusieurs stands du market, et qu'il veut convoquer au QG de la sécurité du festival la personne qui est en train de les distribuer. La meuf a paniqué, vraiment. Tellement qu'on a été obligé de lui dire que c'était pour le fun, avant qu'elle ne fonde en larmes. Le mec en question, c'était toi. T'es un salaud Gui de Champi, tu fais pleurer les filles.

Ton coup de cœur musical du moment ?
Hey! Hello!, sur les conseils de Jeremie des Flying Donuts. Tu en parles mieux que moi.

Es-tu accro au web ?
Non, bien au contraire. J'en ai plein le dos d'être devant un ordi pour faire ce que j'ai à faire. Le web est un outil incontournable, mais je n'ai pas fait le label pour être scotché à un écran. Donc non, je ne suis pas accro au web, je suis même dans une logique de réduction du temps passé dessus. Une réduction du temps de travail finalement bien amenée...

A part le rock, tu as d'autres passions ?
Youporn. Mais c'est pas raccord avec la réponse précédente. Alors je me rabats sur la course à pied.

Tu t'imagines dans 15 ans ?
Attends un peu. Il y a 15 ans, en 1998, je n'avais aucune idée des événements qui allaient bouleverser ma vie juste quelques mois après. Alors dans 15 ans, j'espère qu'il s'en sera passé autant, et surtout, que Kicking sera loin et que je serai passé à autre chose. Changer d'activité, de microcosme, me permet de me régénérer. Dans 15 ans, j'en aurai toujours 12.