Il est de ces passionnés discrets dont l'énergie suffit à déplacer des montagnes. Christophe Bourry, c'est l'âme du FuriosFest, ce super jeune festival qui, en seulement quelques éditions, a réussi le pari fou de transformer le Cantal en épicentre du metal hexagonal le temps d'un week-end estival. Président du Furiosfest, assistant régisseur de production et chargé de diffusion pour Saint-Flour Communauté, Christophe cumule les casquettes sans jamais perdre le Nord : celui de la passion pure, du travail bien fait et du respect des artistes comme du public. Programmation, technique, logistique, tout passe entre ses mains. Et ce, toujours avec bienveillance et humour.
Quelle est ta formation ?
Je n'ai pas suivi de cursus artistique ou technique à la base. J'ai travaillé pendant 33 ans comme conducteur routier, un métier exigeant mais formateur, qui m'a appris la rigueur, l'endurance et l'organisation. C'est avec ces mêmes qualités que j'ai opéré une reconversion vers le spectacle vivant. J'ai passé le diplôme de régisseur de production à LFI à Issoudun.
Quel est ton métier ?
Je suis assistant régisseur de production et chargé de diffusion à Saint-Flour Communauté.
Quelles sont tes activités dans le monde de la musique ?
Je suis président du Furiosfest, un festival metal et rock qui se tient à Saint-Flour chaque été. Je m'occupe de la programmation, de la direction technique et d'une grosse partie de la coordination générale. Il y a une vraie dimension collective dans ce qu'on fait : sans les bénévoles, les techniciens, les associations partenaires, rien ne serait possible. Le Furiosfest, c'est devenu une aventure humaine et artistique incroyable.
Quelle partie de ton job préfères-tu ?
J'aime le contact avec les gens, qu'ils soient artistes, techniciens, bénévoles, ou partenaires institutionnels. La programmation aussi me passionne. C'est un vrai jeu d'équilibriste entre goûts personnels, faisabilité technique et budget. Et puis quand tu as la chance d'être bien entouré - je pense à toute l'équipe de l'asso, aux soutiens fidèles et aux gens bienveillants qui nous accompagnent - ça rend le boulot presque facile... en tout cas, ça le rend beau.
Tu pourrais travailler pour un groupe dont tu n'aimes pas la musique ?
Non.
Pendant ton festival, tu arrives à profiter des concerts ou tu es concentré sur l'organisation ?
C'est toujours un peu la course ! Lors des trois premières éditions, j'arrivais à me dégager un peu de temps pour voir un morceau ou deux de chaque groupe. C'était important pour moi, ne serait-ce que par respect pour les artistes qu'on accueille. Mais l'année dernière, ça a été beaucoup plus compliqué : on est passé à un autre niveau, notamment avec le passage en plein air, ce qui implique plus de logistique, plus de responsabilités. J'essaie quand même de garder un œil sur tout, d'être présent sur les moments clés, mais profiter pleinement d'un concert ce n'est pas évident.
Un artiste que tu souhaites programmer ?
Ah là, tu ouvres la boîte de Pandore ! Il y en a plein, évidemment. Mon rêve ultime, ce serait Zakk Wylde. J'adorerais aussi faire venir Amon Amarth, Kreator, Machine Head, John Garcia (Unida, Hermano...) ou encore Phil Campbell. En France, on a déjà eu de très beaux noms comme Mass Hysteria, Benighted, Sidilarsen, Loudblast... Cette année, nous continuons avec Rise of the Northstar, Bloodhorn et No One Is Innocent.
Cela rapporte?
Quoi ? Rien pour l'instant, nous ne sommes que des bénévoles...
Comment es-tu entré dans le monde du rock ?
Ça remonte à loin. Très loin. J'avais 7 ans quand mon oncle m'a fait écouter un album de Kiss. Et e suite je me suis construit ma culture moi-même. Je suis très éclectique, je peux passer de France Gall à Amon Amarth sans problème.
Ton coup de cœur musical du moment ?
J'en ai plusieurs. J'écoute beaucoup Cage Fight. Le dernier Machine Head aussi est excellent ainsi que le dernier Nightfall.
Es-tu accro au web ?
Oui... un peu trop sans doute ! (rires) Disons que je passe pas mal de temps en ligne pour organiser, communiquer, découvrir de nouveaux groupes... Mais j'essaie de ne pas me laisser bouffer non plus. C'est un outil formidable, à condition de ne pas y perdre son temps inutilement.
À part le rock, tu as d'autres passions ?
Le sport, mais plutôt en mode spectateur. Je suis un grand fan de rugby, de F1, de foot et de MotoGP. Le cinéma aussi me passionne, tout comme la musique au sens large, pas uniquement le metal. Je suis curieux de nature, j'aime découvrir, m'ouvrir à d'autres univers.
Tu t'imagines dans 15 ans ?
Alors j'aurai 69 ans... Si tout va bien, je me vois en train de voyager avec ma femme, peut-être avec mes filles si elles sont partantes. Quant au FuriosFest, difficile de dire... Je n'ai pas de plan sur 15 ans. Ce que je sais, c'est qu'on avance année après année, toujours avec la même envie, et qu'on verra bien où ça nous mène.
L'actu chaude, c'est la prochaine édition du festival. Tu es prêt, ou plutôt vous êtes prêts car tu ne travailles pas seul, tu as une équipe de bénévoles avec toi ?
Nous commençons la préparation. Sans les bénévoles, il ne se passe rien. Au niveau des bénévoles, nous n'avons pas besoin d'aller les chercher, ils viennent d'eux-mêmes. Pour le bon fonctionnement du festival - entre les bénévoles, la sécu, la protection civile et les techniciens - nous sommes une centaine de personnes qui pour la plupart sont là depuis les débuts du festival. Outre les bénévoles, nous avons le soutien indéfectible des communautés locales, à la fois la ville, le département, la région et la Comcom. Le regard a changé sur le festival, nous sommes de plus en plus sollicités par des partenaires. Les groupes sont unanimes sur la qualité et l'accueil du festival, ce qui nous pousse à continuer. Nous sommes de plus en plus sollicités à différents niveaux. Nous avons réussi à faire identifier le festival et le territoire. Le prochain challenge est d'arriver désormais à trouver une assise financière et de constituer un fonds de roulement.
Le festival a l'air de se développer. Si tu avais une baguette magique, vers quelles pistes irais-tu pour le rendre encore plus attractif ? Une bête du Gévaudan comme la gardienne des ténèbres ?
Nous avons des idées, mais nous laissons la surprise au public. Mais pourquoi pas aller dans le sens d'une bête du Gévaudan pour accueillir les festivaliers.
Merci à Christophe et toute l'équipe du Furios. Marquisette for ever !
Photo : JC Forestier
Publié dans le Mag #66





