Ceux qui habitent en Ile-de-France ne sont pas sans connaître Stéphane Labas, "le boss" de l'Empreinte, salle de Savigny-le-Temple. Fidèle à un esprit rock and roll et metal, Stéphane sait avec son équipe soudée faire que les spectateurs se sentent comme chez eux dans cette salle à la programmation généraliste, mais qui sait se faire très pointue. Entretien avec un mec bien qui ne cite ni la salle qu'il dirige, ni le groupe dans lequel il officie, Charcoal. Heureusement qu'il a, à ses côtés, Julien et Lodex (entre autres) pour gérer la com' !
Quelle est ta formation ?
J'ai obtenu un DUT Carrières sociales option Animation Socio Culturelle en 1995 et enchaîné directement à des postes de programmateur dans différentes salles de banlieue qui m'ont servi de véritable apprentissage.
Quel est ton métier ?
Je suis directeur programmateur d'une Scène de Musiques Actuelles. Je suis ainsi responsable et garant du projet artistique du lieu ainsi que de la gestion administrative et financière de l'équipement.
Quelles sont tes activités dans le monde de la musique ?
J'avoue que la gestion d'un tel équipement est un travail à temps plein, très chronophage ... mais passionnant, mais je trouve quand même le moyen d'avoir également d'autres casquettes. Je donne, par exemple, quelques cours dans le domaine culturel à des bachelors et des masters et suis actif autant que je peux dans la Fédération des Musiques Métalliques menée de main de maître par M Pascal Gueugue.
Quelle partie de ton job préfères-tu ?
J'aime absolument tous les paramètres de mon job, franchement. Tout "sert la cause". Même si certaines fonctions sont plus contraignantes ou rébarbatives que d'autres, elles ont toutes leur importance et sont nécessaires à la bonne marche du projet. Mais pour répondre un peu plus précisément, ce qui m'anime avant tout c'est de voir les publics heureux et vivre des instants uniques dans notre salle, voir des projets artistiques se développer grâce entre autres à notre soutien et défendre la découverte, l'émergence et des esthétiques sous représentées dans notre paysage médiatique. On vit parfois des vraies belles émotions, faisons des belles rencontres et c'est fantastique de pouvoir après tant d'années être toujours passionnés par ce que l'on fait, c'est une vraie chance, un vrai luxe.
Tu pourrais programmer un groupe dont tu n'aimes pas la musique ?
Ça m'arrive régulièrement ! (rires) On ne programme pas pour soi. Une programmation, c'est comme un triptyque : d'une part, la qualité artistique, puis la demande des publics et enfin la fréquentation attendue. Le tout c'est de pouvoir être clair sur ses propositions et savoir pourquoi on choisit de faire telle date. Sinon, on n'arrive pas à la défendre. Mais il faut savoir régulièrement faire fi de ses goûts personnels et se focaliser sur le bien-fondé de tel ou tel projet et pour quelle attente.
Ça rapporte ?
Ça permet de vivre correctement, mais en aucun cas de faire des fortunes ! (rires) C'est un choix. En ce qui me concerne, j'ai pris la direction d'une carrière dans le public avec un goût prononcé pour "l'intérêt général" et avec un bagage "éducation populaire". Donc de naviguer dans le monde associatif et public. Ce n'est pas l'environnement professionnel musical le plus rémunérateur...
Comment es-tu entré dans le monde du rock ?
J'y suis rentré par passion, tout simplement... Je jouais dans un groupe, j'ai commencé à organiser des concerts dans ma ville avec d'autres groupes puis, de fil en aiguille, ai été bénévole dans une chouette salle de banlieue et puis voilà... J'en ai fait mon métier. Tout en continuant à jouer dans des groupes en parallèle parce que ça me rattrape toujours et que mon activité artistique est fondamentale à mon équilibre. La musique, le rock, c'est ma vie.
Une anecdote sympa à nous raconter ?
J'en ai plein ! La question est pas facile car j'ai énormément de bons souvenirs ! L'un des plus marquants pour moi ça restera comme un souvenir de gamin... le jour où j'ai accueilli le groupe Faster Pussycat et où Taime, le chanteur, m'a fait un hug juste à sa sortie du bus. Pour moi, c'était un vrai truc, la première fois qu'ils venaient en France. J'ai fait mon fan et fait signer mes imports japonais ! (rires) C'était la première fois que j'accueillais l'une de mes "idoles de jeunesse", ce pourquoi, quand j'avais 15/16 ans, je voulais travailler dans la musique.
Ton coup de cœur musical du moment ?
J'aime beaucoup Bad Situation, l'album est top. Sinon Locomuerte, Kill the Princess, Tip Stevens, Madlen Keys, le dernier Sebastian Bach est bluffant, Sleazy Town a un double album super inspiré, Paerish, Soen, le dernier Black Crowes... Il y en a plein... mais à titre perso en ce moment, j'écoute beaucoup de vieux ! (rires).
Es-tu accro au web ?
Pas vraiment. Je l'utilise beaucoup, mais je m'octroie le droit à la déconnexion ce qui est de plus en plus difficile. on ne peut faire sans et on peut découvrir plein de trucs grâce aux webradios de qualité sur lesquels je me mets de plus en plus... Franchement, on y trouve des pépites et c'est tellement porté par des gens passionnés. Ça fait un bien fou !
À part le rock, tu as d'autres passions ?
Ma famille : ma femme et mes filles : mon socle. Sinon les séries, le cinéma, les livres, les comics, la peinture, le dessin, les balades en forêt... et la sieste ! Quand je prends le temps de m'arrêter un peu...
Tu t'imagines dans 15 ans ?
Carrément ! J'ai prévu de passer mon temps à faire du rock et de profiter des miens ! Mes deux essentiels, quoi...
Merci à Stéphane et à toute son équipe qui nous reçoivent avec énormément de chaleur à chaque concert que nous couvrons chez eux.
Publié dans le Mag #61