Jinjer Jinjer D'où vient ton pseudo ?
Mon pseudo est parti d'une blague avec mes amis, c'était la belle période de Canal+ où les marionnettes des Guignols de l'info de Serge July et Philippe Alexandre faisaient "péter les cahouètes et les nolives sans noyaux". Je m'appelle Olivier et du coup, on a fini par m'appeler Nolive en soirée, cela est resté.

Tu as fait combien de Hellfest avant celui-ci ?
Alors j'ai fait le premier Furyfest, puis le monde professionnel m'a éloigné des concerts durant de longues années. Je suis artiste photographe, statut compatible avec ma profession qui est à mille lieues de la photographie... Curieusement c'est ce même monde professionnel qui m'a amené à travailler sur le fest de 2013. J'ai enfin pu venir au HF en 2016 suite à un changement d'affectation et depuis, je viens tous les ans.

Qu'est-ce qui t'a donné la passion de la photo ?
Alors pour le coup, cela remonte à mon enfance. Mes parents et surtout ma mère étaient des passionnés de photo. J'ai grandi en développant les photos de famille dans la salle de bain transformée en chambre noire et je passais des heures à lire les magazines photos mais aussi Géo, auxquels mes parents étaient abonnés. Plus tard, j'ai beaucoup aimé le travail des photographes des Inrockuptibles dans les années 90.

Quel est le groupe que tu as préféré shooter ?
Alors ça c'est une question difficile car chaque shoot est pour moi une expérience unique. Parfois j'avoue que rien ne sort. Je suis conscient que la qualité de mes photos est directement liée au plaisir que j'éprouve avec la musique des groupes que je shoote. En fait c'est l'expression de mes sentiments du moment. Lors du dernier fest, Heilung et L'Opium du Peuple. Sinon il y a eu le concert de Jo Quail lors de la précédente édition.

Quel a été le meilleur concert selon toi ?
Lors du dernier fest, j'en mettrais quatre à égalité car c'est quatre styles différents. Zeal and Ardor, Maximum the Hormone (des fous, j'adore!), Gojira, à chaque concert je les trouve de plus en plus incroyables et Wardruna.

Quelle est ta photo préférée ?
On va rester sur la photo de concert hein. Sur le dernier Hellfest, ma double expo de Jinjer avec le drapeau Ukrainien. Sur tous les fests que j'ai shootés, mon filé sur Jo Quail en 2019.

Le public et les décors semblent être une source d'inspiration infinie, tu penses que tu pourrais t'en lasser ?
Je ne pense pas car chaque moment, chaque festival a sa propre histoire. Ce sont des moments uniques, c'est en évolution et c'est justement cette évolution qui m'intéresse.

Il y a un photographe dont tu apprécies particulièrement le travail ?
Alors oui, même plusieurs. Je suis un très grand fan d'Helmut Newton et Araki. Pour la photo de concert, le travail fabuleux d'Anton Corbjin avec Depeche Mode et le travail d'Eric Canto et Rod Maurice. En photo-journalisme, sans conteste Mc Cullin !

Tu as un goût particulier pour les "doubles expositions", c'est une technique assez peu utilisée, tu peux la présenter brièvement pour les néophytes ?
Bien sur, il s'agit de prendre deux photos l'une sur l'autre. Au temps de l'argentique on impressionnait deux fois la même pellicule. Le temps du numérique a rendu cela plus simple, on peut voir directement le rendu ce qui est très confort, d'autant que la deuxième impression, on peut shooter plusieurs fois jusqu'à obtenir l'effet recherché. C'est un moyen idéal pour obtenir en un cliché, la vue d'ensemble, l'ambiance, les lumières puis de se centrer sur un sujet pour le faire ressortir de cet ensemble ou lui faire "dominer" la foule, montrer sa musique qui emmène ceux qui sont là. Le plus compliqué c'est la vue d'ensemble, elle doit laisser de la place pour le futur gros plan en ayant une belle zone "morte" et être pertinente. Puis prendre le gros plan qui cadre avec l'ensemble.

Tu prépares une expo, tu peux nous en dire plus ?
Alors oui, c'est un travail sur le long terme, j'ai déjà une vingtaine de tableaux mais c'est encore insatisfaisant pour moi. Sur la vingtaine je n'en garderai que 4-5. J'ai amassé encore de la matière sur ce fest et j'espère avoir mon expo de prête pour le deuxième semestre 2023. Il me restera à trouver des lieux. Sur le thème c'est le Hellfest, les poses lentes, montrer ce lieu incroyable, qui grouille, qui vit, aller au delà de l'œil pour partir sur l'émotion et l'intemporel car la musique et ses émotions dépassent le moment. En fait, chaque musique que j'aime se traduit chez moi par des souvenirs et des émotions. (Petite lecture référence Nick Hornby : High Fidelity).