Fred Bazil est le community manager du Download Festival, un homme de l'ombre qui le devient un peu moins quand il lâche avec humour et panache ses posts sur la toile. Et son interview ci-dessous n'échappe pas à la règle.
Quelle est ta formation ?
Je suis autodidacte, ou presque, j'ai fait le cours Florent, quand on sait jouer la comédie on peut faire tous les métiers du monde. Parce que dans le fond, la formation c'est de l'esbroufe, seule la pratique compte.
Quel est ton métier ?
J'ai plein de casquettes, j'ai été dans le désordre journaliste, marchand de tapis, caissier chez Mac Do, acteur, écailler, concepteur rédacteur.
En ce moment, je me définirais comme un couteau suisse de la communication et du marketing musical. Depuis 10 ans, en gros, je dis oui à ce qu'on me propose, puis je me demande dans quelle merde je me suis fourré, puis je m'en sors.
Quelles sont tes activités dans le monde de la musique ?
À part être un guitariste raté et le plus grand fan de Mike Patton (1m92) je travaille essentiellement sur les réseaux sociaux. J'ai bossé pour plusieurs prods, festivals, groupes et artistes, parfois pour du conseil, parfois pour de l'exécutif. Au milieu de tout ça, ma récréation, ma page plaisir, c'est le Download Festival. J'ai carte blanche, je suis dans mon environnement, et j'adore ça, même si à certains moments de l'année, la charge de travail est colossale. Mon moteur, c'est le plaisir. Si je ne m'amuse pas, du moins si ce que je fais est rébarbatif, j'arrête, ce qui explique mon parcours plus que sinueux.
Ça rapporte ?
Pas encore assez. Si je disais oui, je ne pourrais jamais augmenter mes factures.
Comment es-tu entré dans le monde du rock ?
Ça s'est fait naturellement, question d'environnement. Il y avait les prémices, les disques des grands frères et soeurs. Il y a les premiers CD des potes que j'enregistre sur cassette. Avec une face entièrement dédiée à School's out d'Alice Cooper en boucle parce que je suis un putain de rebelle. Il y a AC/DC qui joue pas loin de chez moi à l'Hippodrome de Vincennes en 1991 et que j'écoute sur le perron de la maison de famille. C'est l'explosion de Guns N' Roses et de Metallica et soudainement il y a du gros son à la radio, le temps d'une parenthèse enchantée qui a duré environ 5 ans. On découvre Rage Against The Machine sur Fun Radio, tu dis ça à un ado aujourd'hui, il ne te croit pas une seconde. Et puis, il y a le double coup de foudre pendant un road trip familial aux États-Unis, je regarde MTV à chaque étape. C'était une chaine musicale à l'époque, si, si. Et deux chocs coup sur coup : le clip d'"Epic" de Faith No More et un épisode de Beavis & Butthead avec "Man in the box" d'Alice In Chains. Mike Patton et Layne Staley sont mes deux héros. Si j'étais pas si douillet, j'aurais un tatouage de leurs visages, un sur chaque fesse.
Une anecdote sympa à nous raconter ?
À Rock en Seine, j'ai pété sur Bryan Ferry. Je sais pas si c'est sympa mais c'est une anecdote.
Ton coup de coeur musical du moment ?
"Time's up" de Ho99o9, ils m'avaient mis une grosse claque au festival Afropunk Paris l'an dernier. Et sinon, rien à voir avec le rock, je suis fou de tout ce que fait Chassol.
Es-tu accro au web ?
C'est horrible. Le jour où je trouve un métier qui me permet d'y échapper, je me jette dessus. Il y a toute une partie des réseaux sociaux que je ne supporte plus. Et comme je sais qu'on ne nous rendra jamais l'âge d'or de Twitter - en gros 2008-2012 - j'essaie de m'en détacher le plus possible, mais c'est compliqué vu mon métier. Le seul endroit où je m'amuse vraiment c'est sur la page du Download. J'ai pris le parti d'interagir avec les fans de la page comme je le fais avec mes potes. Je fais des vannes foireuses, si on me parle mal, je réponds en conséquence, j'ai l'impression qu'on a le même langage : il y a un vrai lien qui s'est installé, même avec les trolls (il n'y en a quasiment plus).
À part le rock, tu as d'autres passions ?
Plein, trop, tellement qu'il faudrait en parler longuement autour d'une bière artisanale (qui est justement une de mes passions).
Tu t'imagines dans 15 ans ?
Toujours un pied dans la musique, l'autre dans la nature, le tout totalement déconnecté des réseaux sociaux. En gros, il faudrait que je monte un festival de trappeurs dans le nord du Saskatchewan.
Merci à Fred et Élodie Guillet Sawicz
Photo : D.R.
Publié dans le Mag #33