Echanger avec Danko Jones est toujours quelque chose d'intéressant. Ce passionné de "rock" au sens large a toujours le sens de la formule, et même si on ne peut pas être au top tous les jours, Danko Jones a pris le temps d'évoquer pour le W-Fenec son nouvel album, son nouveau batteur et même ses dernières réponses piquantes. Go !
Danko Jones (Dour 2013)
Tout d'abord, et avant d'entrer dans le vif du sujet, ce nouvel album coïncide avec l'arrivée d'un nouveau batteur en la personne de Rich Knox qui remplace Atom Wilard. Pourtant, ça semblait fonctionner avec Atom. Qu'est ce qu'il s'est passé ? Peux-tu nous présenter votre nouveau compère ?
Rich Knox fait partie de notre groupe depuis presque 2 ans. C'est un batteur fantastique et Fire music en atteste. J'ai hâte que le monde entende Rich jouer. Maintenant, on peut jouer des titres comme "Full of regret" correctement. Notre dernier batteur n'y arrivait pas.
Fire music, votre 7ème album, est sorti depuis quelques semaines. Comment est-il accueilli par les fans et le public en général ?
Pour le moment, c'est positif à 95 %. On a l'habitude que les critiques n'aiment pas nos albums. Ce n'est pas grave mais ce revirement de situation est surprenant. J'aime tous les disques que nous avons sortis.
En ce qui me concerne, je considère Danko Jones comme un groupe immédiatement identifiable au premier accord, à l'instar de formations légendaires comme AC/DC ou Motörhead qui font partie de tes influences. Mais j'ai l'impression que Fire music intègre des éléments qu'on ne retrouve pas sur les précédents disques (guitares et cloches funk rock sur "Do you wanna rock", guitares aux sonorités électro et solo à la Kiss sur "She ain't coming home"). Il est possible que je me trompe, mais avez vous voulu briser la "routine" du rock qui va tout droit en incorporant de nouvelles sensibilités à votre musique ?
Je ne suis pas du tout d'accord : "Do you wanna rock" n'a pas de guitares et de cloches funky. C'est une cloche à vache et c'est très courant. On a utilisé la cloche à vache dans beaucoup de chansons par le passé : "Sugar high", "Papa", "Full of regret". Je ne sais même pas ce que veut dire "guitares funky". Il n'y a pas de sons électro sur "She ain't coming home", il y a des guitares jumelées, mais nous l'avons déjà fait par le passé aussi. Pour les solos à la Kiss, c'est plutôt un solo à la Iron Maiden. Je n'entends pas Kiss du tout dans cette chanson.
Sur ce nouvel album, ce qui frappe en premier lieu, c'est ce travail sur les voix commencées depuis quelques années. Cela peut déstabiliser tes fans de la première heure, mais était-il indispensable, pour toi et pour l'évolution du groupe, de faire évoluer les mélodies et les lignes de chant, alors que vos premiers brûlots faisaient part belle au chant quelque peu monocorde ?
Là encore, je ne fais que chanter et je ne sais pas ce que veut dire "chant monocorde". Je reconnais que je chante davantage de mélodies qu'aux débuts où je ne faisais que grogner. Je n'ai pas réfléchi au fait que ce soit déstabilisant ou non pour certaines personnes.
Tu vas me trouver provocateur, mais je ne suis peut être pas le premier à te faire la remarque concernant la pochette de Fire music, on n'est pas loin du Wasting light des Foo Fighters ou je me trompe ? Quelle est la signification de cette pochette, réussie au demeurant ?
Je ne sais même pas à quoi ressemble la pochette de Wasting light et c'est la première fois que j'entends quelqu'un faire la comparaison. Il n'y a pas d'autre signification que le fait de vouloir une pochette cool, et je pense que c'est le cas. Tu vas chercher un peu trop loin.
Fire music comporte son lot de sexe, de drogue et de rock 'n' roll : finalement, n'est ce pas un peu cliché en 2015 ? Quels sont les thèmes des textes de cet album ?
Sexe, drogue et rock 'n' roll. Et la revanche aussi.
En plus de tes activités au sein de ton groupe, tu réalises un podcast, des spoken word et même des articles pour des revues comme le Huffington Post. Le rock 'n' roll est-il ta raison de vivre ? Que pourrais-tu faire si tu n'avais pas la musique ?
Je pense qu'on peut dire que ma vie tourne autour du rock 'n' roll et de la musique en général. Elle s'est juste développée comme ça. Je ne sais pas vraiment ce que je pourrais faire si je n'avais pas la musique dans ma vie. Elle serait indiscutablement plus chiante.
La France a toujours réservé un accueil particulier à ton groupe, et tu lui rends bien car tu ne te cantonnes pas à jouer qu'à Paris. Que penses-tu de la culture rock en France ? Connais-tu beaucoup de groupes français, comme Mars Red Sky que tu as classé dans ton top 10 l'an passé ?
La scène heavy française s'est indiscutablement développée pendant ces 5 à 10 dernières années. Je l'ai remarqué et l'augmentation du nombre de super groupes le prouve. Qu'il s'agisse de Mars Red Sky, Year Of No Light, Monarch, Gojira ou Deathspell Omega, le genre a progressé à grands pas.
En jouant dans un pays non anglo-saxon, réajustes-tu tes interventions entre les morceaux devant un public ne comprenant pas forcément l'anglais ?
Je ne réajuste pas mes interventions entre les morceaux en fonction du public. Je pense que c'est insultant pour le public. Même s'il ne comprend pas tous les mots, il devine au moins les sentiments.
Je pense qu'en amateur de musique, tu dois être attaché au live et au format physique des disques, que ce soit vinyle ou CD. Cependant, tu as sorti l'année dernière un live disponible sur Spotify. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour proposer à tes fans un live, et pourquoi pas de sortie en physique ?
Nous avons toujours dit que nous ne sortirions pas d'album live et en le sortant au format numérique, je pense qu'on ne l'a pas vraiment sorti. On ne peut pas posséder cet album, on peut seulement l'écouter en streaming. De cette manière, j'ai pu tenir cette promesse. En plus, ça nous a permis de travailler avec la nouvelle plateforme de Spotify. Ce n'est peut-être pas le moyen idéal d'apprécier la musique et Spotify a ses détracteurs mais au lieu d'ignorer le média, nous avons choisi de travailler avec lui.
Je ne sais pas comment ça se passe au Canada, mais la France est en train de découvrir le crowdfunding, pour un peu tout et n'importe quoi (sortie de disques, préparation de tournée...) : ça ne semble gêner personne quand des artistes confirmés se lancent dans cette aventure pour contourner les labels (comme Ginger Wildheart) mais on crie au scandale quand il s'agit d'un groupe qui sort son premier album. Que penses-tu de ce procédé ?
Si les gens ont envie de le faire, ça me va. S'ils trouvent assez de monde pour financer leur projet, ça leur donne plus de pouvoir. Pour nous, j'ai toujours du mal à demander de l'argent aux gens. Mais je n'ai rien à redire sur ceux qui ont eu recours à cette pratique.
Vous avez tourné dernièrement avec Guns N' Roses, Loaded, Motörhead et tout un tas de formations qui ont forgé ta culture musicale : penses-tu avoir accompli tes rêves et atteint les objectifs que tu aurais pu te fixer en début de carrière ? Qu'est-ce qui motive Danko Jones aujourd'hui ?
Il y a encore beaucoup de groupes que nous aimons avec qui partir en tournée. De nombreux publics à découvrir, de nombreux pays, de nombreux concerts à jouer. Tous les soirs, on recommence à zéro. A chaque fois qu'on sort un album, on retourne au point de départ. Dans ce métier, on est seulement aussi bon que son dernier album alors on doit constamment recommencer depuis le début et tout reconstruire. Ça peut être frustrant mais ça ne calme jamais le feu.
Danko Jones (Dour 2013)
Les photographes adorent tes shows car tu fais pas mal de grimaces et de poses en live, ça fait partie du jeu ou c'est ta vraie nature ?
Le fait que je le fasse n'est-il pas déjà une "vraie nature" ?
Tu aimes faire agir et réagir le public, il y a des fois où ça ne marche pas du tout ?
Bien sûr, mais on ne s'attarde pas sur ces moments-là. On passe à autre chose et on essaye de les récupérer dans la minute qui suit.
Tu aurais une anecdote sur un truc qui se serait passé lors d'un concert ?
J'en ai plein. Je ne sais pas par où commencer.
Nous sommes un magazine disponible en ligne sur la toile : quelle est ton rapport avec Internet ? L'accès à tous les groupes du monde entier en un clic est-il préjudiciable au fait qu'à une certaine époque, tu pouvais revendiquer une fierté personnelle de compléter ta collection avec des disques introuvables en fouinant dans bacs des petits disquaires ?
Ça n'a rien à voir avec la fierté. J'aurais aimé avoir Internet en grandissant, quand je cherchais à en savoir davantage sur les groupes. Ça m'aurait fait économiser un tas de fric dépensé dans des albums merdiques. Je pense quand même que les gens n'ont plus le même rapport qu'avant avec la musique et avec les groupes. Ce n'est plus aussi profond parce qu'il y a tellement d'autres choses pour se distraire.
Le rock 'n' roll est-il mort ? Quelle sont les armes de Danko Jones pour lui porter secours ?
Le rock n' roll n'est pas mort et je te suggère de lire la réponse que j'ai donné à visions.de.
- visions.de (209 hits)
Merci à Danko Jones et à Roger Replica
Photos : Oli