Danko Jones_Rock And Rock Is Black And BLue Dans le rock 'n' roll, y a des mecs que je respecte pour ce qu'ils sont ou ce qu'ils représentent. Lemmy de Motörhead, Josh Homme et ses Queens Of The Stone Age, Dave Grohl et ses Foo Fighters, Ginger Wildheart (en solo ou avec The Wildhearts). Des bons gars qui respectent la signification du mot "rock" et qui me déçoivent rarement, mais vraiment rarement. Dans cette liste non exhaustive mais qui reste restreinte, il convient d'évoquer le cas Danko Jones.

Ce mec, à la tête du trio du même nom, respire le rock. Véritable encyclopédie vivante, responsable d'émissions radio et de spoken words, le bonhomme en impose, à l'image d'un Henry Rollins (bon, ok, c'est pas encore le même niveau, je vois déjà Nasty Samy s'étrangler rien qu'en faisant le parallèle). Si bien qu'il n'est pas étonnant que le fameux Danko Jones transcrive sur galette sa passion, que dis-je, son amour pour le sacro saint rock 'n' roll. Mais il y a bien un petit hic : le gars n'est pas toujours constant, si bien capable du meilleur (Sleep is the enemy) comme du pire (Never too loud), et personnellement, je tends toujours un peu le dos à la sortie d'un nouvel album.

Rock and roll is black and blue, dernière production en date du trio canadien, n'a pas échappé à la règle. A la première écoute de ce disque, je n'ai pas tout compris. J'ai même été légèrement déçu. Ok, ça rock, ça roll, mais il manquait un truc. Je n'ai pas pris dans la gueule à la première écoute le côté "explosif" du trio comme cela m'est arrivé avec Sleep is the enemy, album référence pour votre humble serviteur. Et puis, cette voix davantage dans les mélodies, ça collait pas avec le coté brut de décoffrage caractéristique au trio canadien. Enfin, aucun titre ne se démarquait dans mes écoutilles attentives, pas de hit interplanétaire se détachant des autres. Alors, j'ai relancé une fois la lecture avant d'abandonner ce disque dans les méandres de ma rockothèque... Puis une deuxième fois. Aujourd'hui, je ne sais pas à combien d'écoutes j'en suis tellement j'adore ce disque. C'est simple, je ne peux plus m'en passer. Bizarre docteur ? mais non, je vais vous expliquer !

Premier album enregistré avec Atom Willard (batteur au pedigree intéressant : Alkaline Trio, Social Distortion, Rocket From The Crypt, The Offspring...), il en ressort un disque moins linéaire et peut-être moins monotone et plus fourni en mélodies. Pas de doute, le nouveau cogneur apporte quelque chose en plus dans la cohésion du groupe (peut on vraiment parler de groupe tant le charisme de Danko est impressionnant ?). Pour marquer le coup, "Terrifed" ouvre ce disque tel un coup de massue. Tout dans le rouge, on suffoque déjà, la machine est lancée, les riffs sont chauds bouillants. Et même si le pont de la chanson laisse entrevoir l'espoir pour l'auditeur de prendre sa respiration, c'est pour mieux supporter la fin du brûlot incandescent. Et ce n'est pas prêt de s'arranger avec un "Get up" entraînant et un "Legs" lourd et pesant. Mais déjà s'affichent quelques gimmicks vocaux quelque peu déconcertants au premier abord et qui ne semblent pas en cohésion avec le heavy-rock brut et abrasif du trio. Et ça ne va pas en s'arrangeant avec "You hear me down" et "Type of girl" où l'ami Danko envoie des vocalises perchées. Et c'est bien là que le bonhomme a tout compris : en prenant des "risques" vocalement parlant et en s'épargnant tout au long du disque des lignes vocales parfois linéaires mais tellement efficaces, le guitariste chanteur s'ouvre un champ de perspectives pour ses prochains disques. Ok, je me répète, ça peut surprendre dans un premier temps, mais au final, j'ai le sentiment que ça apporte un "plus", une couleur, une chaleur à certains morceaux qu'on imagine pas, du coup, chantés autrement. Mais j'ai bien conscience que ça pourra rebuter les puristes.

Pour le reste, musicalement parlant, et une fois digérée la surprise du chant, tout roule. Je dirais même que ça dépote. La magie du rock opère avec l'irrésistible "Conceited" (le voilà ce putain de tube !), l'organisme "Type of girl" (tiens, un deuxième tube !) ou "Always away" (merde, encore un tube !). Derrière, ça tabasse avec un basse batterie irrésistible, et devant, les grattes sont plus qu'inspirées. High energy meets Hard Rock/Punk riffs. Belle équation, n'est ce pas ?

Rock and roll is black and blue est au final un très bon album, plus mélodique et (un peu) moins punk rock que ses prédécesseurs. Toujours pied au plancher mais avec un peu plus de volupté, le dernier effort de Danko Jones peut surprendre mais ne vous y trompez pas, ce disque vous aura à l'usure ! A tel point que je suis pressé de voir ce joyeux bordel sur scène. Avis aux promoteurs.