Je ne pensais pas le dire un jour mais Danko Jones commence à m'emmerder. Tout du moins sur disque. Car sur scène, c'est toujours la classe. Et assurément, le frontman canadien est un bon gars. Mais voilà, après une première écoute (et une seconde, une troisième.) A rock supreme m'emmerde. Alors si tu as deux minutes, je t'expose ma théorie. Ok ?
Dixième album du trio, A rock supreme, à la pochette réussie, est un bon album de rock'n'roll. Avec ce qu'il faut de guitare et un basse/batterie toujours impeccable. La base rythmique empruntée à AC/DC ("I'm in a band", "We're crazy") et les hommages sous-entendus à Kiss et à Motörhead ne sont pas réduits à peau de chagrin. Non, de ce côté-là, pas de soucis. C'est juste que l'ami Danko a du mal à renouveler ses riffs déjà entendus 666 fois dans ses précédentes productions, et quand le chanteur explore de nouveaux horizons vocaux ("Dance dance dance", "Fists up high ", ça fait clairement pschitttt. Si bien qu'après plusieurs écoutes, ce sont les titres inspirés de ses meilleurs brûlots des disques précédents qui font mouche "I'm in a band", "That girl"). Car le Danko que j'aime, c'est celui au ton monochorde ("Burn in Hell") qui prend aux tripes. Tu vas penser que je fais une fixette sur les vocalises de Danko, mais il faut dire que depuis quelques albums, ça passe ou ça casse, et ce n'est pas toujours reluisant.
Je ne pensais pas le dire un jour mais Danko Jones commence à m'emmerder. Sauf qu'après quelques écoutes de A rock supreme, j'aime quand même bien ce disque entraînant et rythmé, fait par ou pour les passionnés de rock qui tabasse et qui sent la sueur. Et si je suis un peu dur, c'est que je pense qu'on peut être exigeant avec les derniers défenseurs de notre noble rock'n'roll. Et que clairement, quand c'est parfait (Sleep is the enemy est un album de génie), je ne comprends pourquoi on se borne à changer la formule magique, ou tout du moins à la faire évoluer. Capice ?
Alors si tu aimes le rock, tu ne passeras pas un mauvais moment à écouter A rock supreme. Mais ça ne veut pas dire que ça va être l'extase tout au long de la galette relativement inégale. La nuance est peut-être insidieuse mais elle est importante. En attendant, si vous me cherchez, je me réécoute ses premiers opus.
Publié dans le Mag #38