Daniel M.Nakamura, aka Dan the Automator est une énigme. Producteur/arrangeur/bidouilleur surdoué, américain d'origine japonaise, lui-même fruit d'un métissage donc, aime plus que tout brouiller les pistes qu'il multiplie d'ailleurs à l'infini pour mieux se dissimuler derrière ses pseudos, pour mélanger les genres et ainsi affirmer sa personnalité musicale. Après avoir étudié le violon lorsqu'il était adolescent, Nakamura se lance dans le turntablism en jouant avec les scratch beats, triturant les sons, collaborant un temps avec l'un des maîtres du genre DJ Shadow et créant ses breakbeats, jusqu'à façonner progressivement sa griffe de futur producteur.
Devenu créateur de son(s), Dan fait ses premières armes dans le hip-hop indépendant, sinon underground en sortant l'EP A better tomorrow (1996) (qu'il remasterise et rallonge quatre ans plus tard pour le (re)sortir sous le titre A much better tomorrow), avant de collaborer avec l'une des légendes du genre : Keith Matthew Thornton a.k.a Kool Keith au sein de Dr.Octagon (sur l'album Dr. Octagonecologyst, 1996). Un must de hip-hop alternatif pour les puristes. En 1999, il travaille avec Prince Paul (tête pensante du trio De la Soul) sur le projet Handsome Boy Modeling School (rien que le nom du groupe vaut le détour...) et un album qui réunira notamment des invités comme Sean Lennon (le fils d'un certain John, musicien un peu connu dans les milieux autorisés...), Mike D. des Beastie Boys ou le plus dark Alec Empire. L'année suivante, il devient le troisième membre de Deltron 3030 aux côtés de Kid Koala et Del tha Funkee Homosapien avec lesquels il publie un album-concept de "science-fiction hip-hop" éponyme (oui, ça existe...). Le disque sort du reste sur le label de Nakamura : 75 Ark, via lequel il publiera entre autres ses albums et ceux des autres comme Kool Keith, Unsung Heroes ou Antipop Consortium, autre figure incontournable de la scène hip-hop indépendante américaine.
Reconnu par ses pairs dans son milieu musical "d'origine", Dan voit sa côte littéralement exploser lorsqu'il travaille avec Damon Albarn (Blur) et le dessinateur James Hewlett sur le premier album d'un projet un peu fou répondant au doux nom de Gorillaz (2001). Le disque est le carton que l'on sait, le single "Clint Eastwood" se retrouve en heavy rotation sur les ondes radio de tout pays normalement civilisé, et inaugure un paradoxe chez Nakamura. Car celui-ci, s'il est le responsable de la touche hip-hop du projet, démontre qu'il est également un amateur de rock indé et plus généralement de musique non-conventionnelle. Comme quoi les collusions entre les genres sont non seulement possibles mais clairement innovantes quand elles sont initiés par des gens de talents. Résultat, Dan voit son carnet de commande se remplir abondamment et le producteur bosse successivement avec El P (Company Flow), Mos Def, Beck, Cat Power ou encore Primal Scream. Son style, sa patte de producteur semble adaptable à n'importe quel flow, riff ou songwriting et si Dan appose sa griffe musicale sur les disques qu'il produit, il veille à toujours rester dans l'ombre de ceux pour lesquels il enregistre. Le hip-hop bling bling ? Pas pour lui. S'afficher avec des dizaines de remorques pleines de playmates aussi farouches qu'un caniche en chaleur, très peu pour lui. Ses pseudonymes le laissent dans l'ombre et sa musique prend largement le pas sur son ego.
Amateur de rock, de hip-hop donc, de trip-hop également Dan aime expérimenter, inventer, creuser de nouveaux sillons musicaux. Et s'il peut le faire en s'entourant de musiciens aussi inventifs que lui, il ne s'en porte que mieux. L'homme adore les bizarreries musicales un peu fantasques et le mélange des genres... ce qui le conduit assez naturellement à entamer une collaboration régulière et fructueuse avec le maître de l'éclectisme musical : Mike Patton (Faith No More, Fantômas, Tomahawk, Mr. Bungle pour ne citer que les principaux...). Ensemble, ils sont les grands ordonnateurs de l'entité Lovage et l'album Music to make love to your old lady by (2001), bande-son d'un faux film érotique italien, sur lequel la belle Jennifer Charles (Elysian Fields) vient poser son timbre de voix si particulier. Hot... A noter que Dan y est crédité sous le pseudo de Nathaniel Merriweather. Comme évoqué précédemment, le garçon est plutôt du genre discret. De son côté, Mike Patton apparaîtra du reste sur l'album White People de Handsome Boy Modeling School aux côtés notamment de Cedric Bixler-Zavala (At the Drive-in, The Mars Volta), RZA, Pharrel Williams ou des membres de Linkin Park (oui, là ça surprend un peu par contre)...
Toujours où on ne l'attend pas, Dan the Automator travaille ensuite avec un autre caractériel averti : Daryl Palumbo (Glassjaw, United Nations) sur l'album Decadence de Head Automatica (2005). Hyperactif et touche-à-tout, il sort entre-temps quelques efforts solo remarqués (dont Wanna buy a monkey ? en 2002) mais ne participe finalement pas à Demon days, le deuxième opus de Gorillaz. Le disque a beau être le carton annoncé, Nakamura essaie de toutes les façons de ne jamais refaire ce qu'il a déjà fait. Multipliant les expériences musicales, il préfère sortir en 2006, un album conceptualisé autour d'un jeu vidéo de basket : Dan presents 2K7 ; puis participe l'année suivante à du lourd avec le projet kaléidoscope Peeping Tom (2007) initié par l'incontournable Mike Patton (et avec les participations d'Amon Tobin, Odd Nosdam, Rahzel, Massive Attack, Dub Trio ou Norah Jones...). Décidément devenus inséparables, les deux enchaînent quelques mois plus tard avec Crudo, un projet bicéphale hip-hop/rock au flow ravageur et décrit comme du "DMX pour blancs" (sic). A l'heure où sont rédigées ces lignes, aucun album n'a encore vu le jour, mais connaissant la productivité des deux gaziers, cela ne saurait trop tarder.
A ce moment là de sa carrière, quasiment vingt ans après ses débuts "officiels", Dan the Automator ressent le besoin de monter un "vrai" projet rock au sens large du terme. Il s'associe alors à Russel Simins, qu'il a connu lorsqu'il travaillait sur les albums ACME puis Damage de Jon Blues Spencer Explosion, et monte Men Without Pants. Entouré d'une vingtaine de guests de luxe parmi lesquels on retrouve Nick Zinner (Yeah Yeah Yeahs), Sean Lennon (encore lui...), Tada Hirano (ex-Blonde Redhead) ou Yuka Honda (Cibo Matto), le duo écrit et met en boîte l'album Naturally qui sort dans les bacs au printemps 2009. Entre-temps, il produit l'album de la petite frenchy Anaïs et celui des nouveaux golden-boys de la scène rock anglo-saxonne : Kasabian (The West Ryder Pauper Lunatic Asylum) avant de s'offrir un petit plaisir personnel en remixant le titre "Rapper's delight", soit l'un des gros hits de l'histoire du hip-hop. Trente ans après la version originelle, Nakamura s'offre un petit reboot bien efficace et dynamite la prod d'un morceau à l'ancienne comme il les aime. Auto-revendiqué amateur de musiques aux tendances old-school, Dan the Automator semble se moquer éperdument des modes, préférant fonctionner à l'instant et à l'instinct, blindant ses instru en usant d'un background incroyablement riche, à l'image de ce producteur à la discographie pas comme les autres.
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Focus #2
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[-] Re: Peeping Tom, Men without pants, Dan The Automator / Dan, automate producteur
Un dossier, c'est plus sur un sujet global, moins une sur personne.
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Oui, j'fenec et j'arrive...
[-] Re: Peeping Tom, Men without pants, Dan The Automator / Dan, automate producteur
Terrier : DTC
au départ je voulais faire une bio, puis vu la longueur du truc, je me suis dis que ça pourrait être un chouilla plus sympa qq chose de plus complet, moins biographique et un brin plus analytique, d'ailleurs, c'est pour ça que j'appelle ça un "focus"... c'est juste comme un portrait si tu veux.
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[-] Re: Peeping Tom, Men without pants, Dan The Automator / Dan, automate producteur
Mais il n'empêche que c'est une bio quand même. Enfin, je le vois comme ça.
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Terrier : Lille
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Hey show me the way to the W-fenec.org ! And don't ask why !
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Terrier : BZH
Bombay the Hardway un remix des vieux sauce bollywood c'est très foun :
http://www.youtube.com/watch?v=QNEPXf1_wCU
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